Tout juste sorti de terre, le jeune quartet italien, inspiré par les grands noms du metal gothique et symphonique, à l'image d'
Evanescence,
We Are The Fallen,
Within Temptation,
Epica ou
Delain, souhaite, à son tour, fièrement représenter les couleurs de son pays. C'est dans cette mouvance stylistique, un poil plus atmosphérique, que Tito (guitare) et Eleonora (claviers), membres fondateurs du groupe, originaires de Campobasso (Italie du Sud), ont commencé à écrire leurs textes dès 2014, soit un an avant la sortie de cette première auto-production. Ils furent aussitôt rejoints par Francesca (chant), puis Alessandro A (basse) et Alessandro I (batterie), ce dernier quittant le combo avant la création officielle du projet. Assorti de différents courants d'influence, le combo combine les sources metal/rock gothique, atmosphérique, symphonique et mélodique pour nous octroyer cette modeste démo de quatre titres se succédant sur un ruban auditif d'un quart d'heure à peine. Et ce, avec une qualité d'enregistrement susceptible de nous offrir un parcours agréable, un mixage non dénué de précision ainsi qu'un effort apporté aux finitions.
La menue galette suit un découpage atmosphérique singulier eu égard à deux orientations rythmiques principales, avec comme points communs : des lignes mélodiques savamment échafaudées, parfaitement restituées et efficaces, une dynamique rythmique tout en souplesse, un brin de technicité, un travail de cohésion groupale remarquable. On embarque donc dans le vaisseau sous bonne escorte avec, en prime, des arrangements de bonne facture et un artwork aux traits effilés d'inspiration romantique. Alors, entrons sans plus attendre dans les arcanes du skeud...
Dans un premier mouvement, le propos se fait à la fois rythmiquement entraînant et mesuré, dispensant d'engageantes harmoniques sur fond d'orchestration à la fois enjouée et soyeuse. Ainsi, quelques fines séries de notes d'une guitare graveleuse nous introduisent sur «
Won't Look Back », bref mais engageant mid tempo gothique mélodique, où la déesse se montre à son aise dans tous les compartiments d'un morceau ne manquant ni de charme mélodique, ni d'inspiration sur les couplets. On marcherait ainsi sur les traces de
We Are The Fallen, avec une personnalité propre déjà affirmée. Aussi, cette piste ne ratera pas sa cible, nous conviant très rapidement à suivre les tribulations d'une instrumentation proprette, un poil aseptisée, mais fort plaisante et judicieusement organisée. Sur un même modus operandi, c'est dans un bain orchestral aux doux remous d'inspiration rock mélodique que « Newborn » nous attire en son sein, rondement mené par un piano aux rampes avenantes, secondant un riffing arrondi, suffisamment équilibré pour ne pas alourdir cet entraînant propos atmosphérique. Nous sommes alors plongés dans des séries d'accords et une ambiance aisément identifiables dans l'ombre de leur modèle identificatoire principal. Dans le sillage d'Amy, une empreinte vocale tout en nuances et calée dans d'angéliques vibes nous caresse le tympan, tout comme la progressive instrumentation, féline jusqu'au bout des ongles. C'est dire que le groupe marque là ses premiers points.
Le combo ne s'est pas non plus fourvoyé dans le déploiement de ses mots bleus, loin s'en faut. Aussi, une bouffée d'air pur nous parvient de « Yesterday », voluptueuse ballade aux riffs graciles étreignant une élégante rythmique, dans la lignée d'un
Within Temptation de la première heure. Emouvant instant à la lumière tamisée laissant filtrer de subtils arpèges au piano, magnifié par les célestes impulsions de la princesse qui, non sans rappeler Amy Lee dans ses modulations en voix pleine, saura retenir plus d'une âme rétive. Qui plus est, on déambule au coeur de délicats couplets parés d'habits de soie eu égard aux nappes environnantes d'un synthé enjôleur. Lorsqu'arrive le refrain, on reste suspendu aux lèvres captatrices de la belle et, parallèlement, on est séduit par un cheminement mélodique, certes prévisible, mais d'une précision d'orfèvre. Dans ce sillage, de profonds arpèges un tantinet classieux au piano assistent la belle sur une ballade à fleur de peau au parfum d'une rose qui s'éveille. Lorsqu'on sait que le lévitant « Light of a Prayer » oscille entre les modulations harmoniques d'
Evanescence et une atmosphère éthérée dans la veine de
Lacuna Coil, on comprend que le collectif rital n'a pas tari d'inspiration pour nous octroyer ce romantique instant propice à la totale zénitude. Au moment précis où l'on se relâcherait, une lead guitare avisée nous fait signe de lever les amarres pour une traversée sur un océan limpide à l'abyssale agitation intérieure, d'où l'on ne pourra esquiver les suaves patines de la sirène. Bref, une splendeur révélatrice d'un réel potentiel, le groupe sachant projeter une profonde charge émotionnelle chez l'auditeur.
Pour un coup d'essai, la troupe s'en sort avec les honneurs, nous offrant, pour l'essentiel, des moments tout en retenue, parfois feutrés, aux subtiles variations de tonalité, des tracés mélodiques ciselés avec justesse, quelque soit l'assise rythmique. N'ayant pas cherché une aléatoire prise de risques, le combo a plutôt joué la carte de la sécurité, de la séduction, comptant sur ses talents de composition et ses textes finement élaborés pour nous rallier à sa cause. Et, malgré quelques linéarités atmosphériques, il parvient sans mal à capturer nos émotions les plus enfouies. A condition de diversifier encore ses palettes rythmique et vocale, de densifier son orchestration, de varier ses plans techniques, nul doute que le valeureux collectif transalpin devrait sans plus tarder rencontrer une adhésion plus systématique, notamment parmi nombre d'amateurs de ses sources d'influence. Pour preuve de leur détermination à en découdre, nos acolytes ont prévu une série de prestations en live sur la scène locale, tout en planchant déjà sur un second effort. Cela signifierait-il que nous ayons d'ores et déjà rendez-vous avec un projet plus ambitieux ? L'avenir seul nous le dira...
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