L'attente d'une suite à donner à leur première et révélatrice démo «
Born Among the
Ashes » fut de courte durée. En effet, quatre mois plus tard, le jeune combo italien revient avec un second effort, «
Bleed », laconique démo acoustique de quatre titres pour un voyage éclair de treize minutes. Toujours inspirés par les travaux d'
Evanescence,
We Are The Fallen,
Within Temptation,
Epica ou
Delain, entre autres, nos quatre mousquetaires ont manifestement opté pour une approche romantique et enchanteresse de leur projet musical d'inspiration metal gothique et rock mélodique. Ayant prévu une série d'apparitions radio (County Linx Radio, Rock Radio UK, Octava Radio...) et quelques prestations sur la scène locale pour les mois à venir, il leur fallait étoffer et panacher leur répertoire, afin de répondre aux aspirations d'un auditoire éclectique attiré par les groupes montants du metal et du rock à chant féminin clair. Auraient-ils déjà les armes techniques et artistiques suffisantes pour faire partie de ces étoiles en devenir ?
Si l'on se réfère à leur production initiale, Francesca (chant), Alessandro A (basse), Tito (guitare) et Eleonora (claviers) nous avaient octroyé de savoureuses compositions aux accords à la fois onctueux et rigoureux et aux lignes mélodiques bien inspirées, avec un zeste de technicité et une belle cohésion groupale, le tout mis en valeur par une qualité d'enregistrement et un mixage fort convenables. Cette formule gagnante se retrouve sur cette menue rondelle, mais épurée de tout artifice instrumental, pour ne garder que la substantifique moelle dans leurs sensibles et infiltrantes partitions. Autre expérience, autres rivages auxquels nous convient nos acolytes, où le piano/voix est mis à l'honneur. Et ce, au rythme langoureux de cette profusion de ballades qui se succèdent dans un défilé de haute couture...
Comme pour signifier de ne pas tourner le dos à son passé, le combo a opté pour un passage bien rythmé devenu intimiste et laissant aisément transpirer une émotion. Titre phare d'inspiration metal atmosphérique progressif du groupe, « Yesterday (acoustic version) » prend ici des allures d'imparable moment lévitant. On suit une déesse bien en phase avec son sujet, élevant d'un cran son spectre vocal pour aller tutoyer les étoiles, dans le sillage d'Amy Lee (
Evanescence), son modèle identificatoire principal. Sur les couplets comme sur les refrains, on ne peut contenir une petite larme tant l'art semble tout aussi naturel que pour sa source d'inspiration, cette dernière se retrouvant disséminée dans bien des harmonies contenues dans cet opus. C'est dire aussi que cette version n'a pas à souffrir la comparaison avec la mouture originale. Toujours dans l'ombre d'Amy Lee, Francesca livre quelques touchantes inflexions dans les médiums sur un moment d'une grande délicatesse, à l'aune de «
Vampire Knight ». Voluptueuse ballade où un délicat piano laisse couler une larme, qu'il communique à nos âmes pour mieux s'en emparer. Sur un tracé mélodique à la croisée des chemins entre ceux de Sarah Mc Lachlan et Joan Baez, le parcours auditif s'effectue sereinement.
A d'autres moments, on sent poindre d'autres initiateurs tant dans leurs harmoniques que concernant le champ oratoire. Un autre piano/voix nous attire malgré nous sur «
Far Away -
Heart », plage inspiratrice d'une profonde quiétude, où les volutes vocales de la belle font mouche sur chaque série de notes où elles se meuvent. C'est à la façon de Carly Smithson (
We Are The Fallen) dans les oscillations, avec un brin de
Charlotte Wessels (
Delain), en voix de poitrine, que la déesse nous saisit littéralement pour une traversée introspective des plus émouvantes. Nous sommes alors immergés au cœur d'un espace sonore feutré, envoûtés par un tracé mélodique pastel aux fines nuances de tonalité mises en exergue par le maître instrument à touches. Mais, le collectif a encore quelques astuces en réserve. Une onde vibratoire tout en retenue s'insinue et nous retient sur « A Plea for Forgiveness », autre chatoyante ballade, comme on en retrouverait chez
Epica, la sirène resserrant ses notes médianes à la façon de Simone Simons. Avec humilité et un brin de talent, elle nous pousse à flirter avec les refrains, immersifs à souhait. De classieuses gammes au piano complètent un tableau jouant sur les nuances atmosphériques, au fil d'une ligne mélodique fort plaisante.
Pas de doutes, le groupe a bien appris les leçons de ses maîtres inspirateurs, a oeuvré avec minutie pour restituer ses propres gammes avec brio, que ce soit sous l'égide d'une instrumentation d'obédience metal/rock mélodique ou, comme dans le cas présent, à la lumière d'un environnement musical réduit à sa plus simple expression. Tout en sobriété, la magie opère, tant le groupe a su affiner ses séries de notes, savamment sculpter ses tracés mélodiques, pour nous octroyer ces quelques moments aptes à éveiller d'authentiques plaisirs. Toutefois, malgré un zeste de maturité déjà perceptible dans leur message musical, on aurait pu varier les exercices de style, les tempos, les atmosphères, autoriser l'expression d'autres schémas vocaux, pour éviter l'écueil de la déroute d'une partie de leur public. De plus, on aurait pu imaginer insérer ces titres dans un seul et même album pour en faire un propos plus impactant encore, à condition toutefois d'être fervent partisan de moments tamisés, le groupe semblant à son aise et plutôt généreux en la matière. Quoiqu'il en soit, on pourra apprécier le potentiel déjà affirmé de ce jeune combo et sûrement y trouver de quoi satisfaire quelques pavillons exigeants. Une formation à suivre de près, donc...
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