Bodies

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17/20
Nom du groupe Thornhill
Nom de l'album Bodies
Type Album
Date de parution 04 Avril 2025
Labels UNFD
Style MusicalMetalcore
Membres possèdant cet album1

Tracklist

1.
 Diesel
 02:10
2.
 Revolver
 04:14
3.
 Silver Swarm
 04:33
4.
 Only Ever You
 04:14
5.
 Fall into the Wind
 01:32
6.
 Tongues
 02:51
7.
 Nerv
 03:12
8.
 Obsession
 03:17
9.
 Crush
 03:11
10.
 Under the Knife
 03:58
11.
 For Now
 04:05

Durée totale : 37:17

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Thornhill


Chronique @ Groaw

10 Mai 2025

Corps à vif et rêves embrumés, une danse fragile entre violence et sensualité

Depuis sa formation en 2015, Thornhill s’est imposé comme l’une des formations les plus audacieuses et créatives de la scène australienne. Les amis de lycée ont rapidement attiré l’attention à leurs débuts grâce à un metalcore à la fois technique et atmosphérique, largement influencé par des groupes comme Northlane ou encore Parkway Drive. Cette ascension a démarré dès leur premier opus The Dark Pool en 2019 : d’une puissance brute mais aussi par ses ambiances éthérées, ce premier coup de pinceau a posé les bases d’un univers dense, sombre et profondément émotionnel. Mais c’est avec Heroine trois ans plus tard que nos musiciens prennent un virage décisif et complètement inattendu. En abandonnant en grande partie les codes et clichés du metalcore, les artistes ont adopté des textures plus riches, exploré un registre alternatif et shoegaze lumineux fortement inspiré par Deftones et Nine Inch Nails et se sont laissés tenter par l’esthétique des années 90.

Bodies, troisième ouvrage des Australiens, sonne comme le parfait équilibre entre le tempérament viscéral de The Dark Pool et l’atmosphère vaporeuse d’Heroine. Entre neo metal, accents électroniques, effets de distorsion, de réverbération et auras rêveuses, le quintet illustre une nouvelle volonté à se libérer des conventions pour livrer une musique instinctive et percutante, sans pour autant renier sa sensibilité. La comparaison avec Deftones est quasiment inévitable, aussi bien sur la proposition vocale que sur l’instrumentalisation. Cependant, à contrario du précédent recueil que l’on raccorde à la période allant de Koi No Yokan à Ohms, cette réalisation s’apparente davantage à l’ère Diamond Eyes associé à la hargne d’Around The Fur.

Ce caractère explosif s’articule principalement autour d’un chant screamé soutenu qui fait resurgir les premières années du collectif australien. Il n’y aura d’ailleurs pas besoin de l’attendre bien longtemps puisqu’il se manifeste dès le morceau et introduction Diesel. Au sein d’une tournure intimidante provoquée par des basses implacables, le titre nous met immédiatement dans un contexte inhospitalier et brutal. Pour autant, à travers cette mélodie agressive, quelques lueurs arrivent à faire surface, notamment avec ce chant érotique et cette résonance songeuse. Ce contraste entre hostilité et douceur est un sérieux leitmotiv de ce disque, ce qui contribue grandement à la dimension sentimentale et au discours de notre combo.

L’un des morceaux qui développe le mieux ce jeu de clair-obscur est sans conteste Nerv. Au travers de couplets froids et austères marqués par un riffing grave et répétitif ainsi qu’une prestation vocale troublée, le refrain apporte élégance, pureté et sensualité. Les riffs sont limpides, le chant parvient à atteindre des notes impudiques pour concevoir une atmosphère presque romantique. Le breakdown constitue le point d’orgue de la violence de par ces hurlements qui semblent impossibles à consoler et ces accords de guitare intraitables.
Obsession est dans un état d’esprit assez similaire, en témoigne d’ailleurs le clip vidéo que l’on pourrait caractériser d’obscène, le chant clair étant même encore plus aguichant. La panne est presque à s’y méprendre à celle d’un certain … Diamond Eyes de Deftones mais sous une vision moderne et industrielle. Cette patte cybernétique est d’ailleurs au centre d’under the knife, aussi bien sur les résonances électroniques que sur les guitares, et en font l’un des titres les plus redoutables de l’opus, un sentiment généreusement embellit d’un breakdown sauvage et de cris tranchants.

Point assez négatif sur Heroine, la production et surtout le rendu des vocaux a été largement peaufiné sur ce Bodies, même si quelques petites imperfections ici et là pourront encore dégrader notre découverte. Néanmoins, sur le plan instrumental, le quintet a parfois tendance à user des mêmes patterns jusqu’à l’indigestion et à accoucher de mélodies somme toute dubitatives. Crush traduit cette optique avec une mélodie mielleuse, peu reluisante à cause de ses acoustiques trap et par un chant également peu convaincant. Il se pourrait d’ailleurs que la performance vocale soit signée du guitariste ou du bassiste du groupe, sans que l’on ait toutefois la moindre information.
Heureusement, cette mauvaise impression est gommée par le somptueux final For Now, une ballade mélancolique qui arrivera sans problème à nous faire verser une ou plusieurs larmes par sa tristesse, sa suavité et son histoire, celle d’un amour à sens unique où la passion est immense mais douloureuse. Le narrateur est ici consumé par ses sentiments, coincé entre l’espoir, la jalousie et la souffrance, dans une relation qu’il ne peut ni fuir ni comprendre pleinement.

Thornhill poursuit avec Bodies son chemin vers une musicalité toujours aussi assumée, libre et imprévisible. En mêlant la hargne aux expérimentations éthérées, le groupe atteint à nouveau le sommet de sa maturité et de sa sincérité artistique. Si certaines pistes peuvent laisser un goût d’inachevé ou de redite, la richesse émotionnelle de l’album l’emporte largement, notamment grâce à un sens du contraste particulièrement aiguisé. Le quintet explore sans aucune retenue la violence, le désir, la fragilité et la mélancolie et dresse le portrait d’un amour tourmenté, viscéral, où l’on crie autant que l’on berce. Les Australiens ne cherchent plus à prouver mais à s’exprimer pleinement, quitte à troubler, à déranger ou à émouvoir au sein d’un disque charnel et contrasté, la confirmation d’une formation qui ne fait que commencer à révéler l’étendue de son potentiel.

1 Commentaire

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Maumau3769 - 23 Mai 2025:

merci pour la découverte! la chronique n'est pas étrangère puisqu'elle m'a incité à écouter plus de titres de cet album et aussi du précédent! achetés dans la foulée!

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