Quel sacré bougre de personnage, ce
Nattefrost. Chantre de l'humour noir décapant, cible consentante des ligues féministes, fin connaisseur des plus grands sex-shops parisiens, … c'est vraiment dommage qu'il se fasse extrêmement rare depuis plus de quatre ans maintenant, car que ce soit sur album ou en interview, le
Nattefrost, c'est fin, ça se mange sans faim. Sans déconner, c'est que le mauvais goût assumé de ce bouillonnant norvégien me manquerait presque, tiens. N'y voyez rien de gay là-dedans, hein. Je vous vois venir, à votre esprit mal placé… De toute façon, que ce soit gay, hétéro, bi, blanc, noir, jaune, bleu, vert, … le père Roger (ben ouais, c'est son prénom, au
Nattefrost, il aurait pu s'appeler Marcel que ça aurait été pareil), il te met tout dans le même sac, et direct au four. A quoi bon s'embarrasser de fioritures ? Hein, franchement ?
Alors voilà, le bon gros Roger des familles … fichtre, z'avez vu ses abdos à la Kro sur la page des crédits du livret ?! … Sincèrement, ça vaut son pesant de gratons ! … Bon, trêve de digression, je reprends. Alors, le bon gros Roger des familles c'est un musicien qui pratique l'art black metal depuis l'aube des années 90, et c'est aussi (et avant tout) un tempérament explosif, cynique, destroy et nihiliste qui transpire du black / thrash punkisant de
Carpathian Forest dont il est le frontman. Avec son projet solo, la paluche est immédiatement identifiable, à un (énorme) détail près : c'est que tout a été mis en œuvre pour plonger au plus profond d'un océan de pulsions déviantes et de crasse immonde. Avec
Carpathian Forest, on surnageait à la surface. Là, on atteint les abysses. Finito la recherche atmosphérique de l'ère pré-"
Morbid Fascination of
Death" (jusqu'à 2001), terminées les dérives proto-prog de "Defending the Throne of
Evil" (2003), l'année 2004 marque le déferlement de la plus pure essence sulfureuse du
Nattefrost, avec un "
Blood &
Vomit" primitif et direct.
A dégager le Soundsuite Studio et sa prod' trop clean, place au
Zeitgeist Studio du pote Daniel "
Vrangsinn" Salte, garant d'un son charnu et crade. Le son qu'il fallait pour ce "
Blood &
Vomit" qui explose comme une libération cathartique. Oh oui, on sent qu'il pensait à le cracher depuis un moment, cet album. Oh oui, on sent qu'il en avait envie.
Comme une éjaculation trop longtemps retenue, voilà que débordent de toutes parts les brûlots "Sluts of
Hell", "Universal
Funeral" ou encore "The Art of
Spiritual Purification" qui donnent une bonne image de ce que serait Motörhead s'ils jouaient du black metal. La rythmique dépote, suit le frénétique mouvement du poignet. Les linéaires fusent comme les jets salvateurs d'une consistance aussi épaisse que la basse vrombissante. Les hurlements retentissent et voilà comment t'as refait le crépi à l'autre bout de la pièce.
Bien sûr, à côté de ça, on n'oublie pas d'invoquer à grands coups de blasts les forces sataniques pour réduire en cendres les hordes de culs bénis qui peuvent aller se mettre leur A(g)nus Dei bien profond dans le rectum ("
Ancient Devil Worshipping", "
Sanctum 666"). Et pour que la fête soit plus folle, on n'oublie pas non plus de faire venir les copains, le compagnon de débauche Nordavind en l'occurrence, sa voix alternant le poivrot psychotique du fin fond des bas-fonds et le growl de fin fond de l'évier après passage au Destop, pour foutre le maximum de bordel avec l'attentat terroriste "
Satanic Victory" qui te dynamite la tronche en 1:05 chrono.
Bacchanale d'explosifs, de beuverie et de défonce se finissant la tête dans les chiottes à en gerber jusqu'à sa tripaille (la grandiose ouverture de "The Art of
Spiritual Purification"), avec pour invitée de marque ta mère en salope de l'Enfer lubrifiée au gravier qui se fait ramoner pour tous les orifices, trous de nez compris. Respecte la puissance de "
Whore (Filthy
Whore)" mais fais gaffe à tes couilles. On parle pas ici de porno-chic à la Dorcel, non, là c'est du hard amat' brutal et cradingue, Satanik Godemichet à Pointes compris dans la livraison. C'est ça, le pack
Nattefrost et son emballage forgé dans le romantisme le plus savonneux. Dans le genre "en guise de hors d’œuvre, j’vais t’défoncer ta gueule de conne avec ma grosse queue" (vous connaissez le reste), on a rarement fait mieux. Et ça lui plait, oh oui, elle aime ça, la grognasse. Y'a qu'à entendre ses glapissements de chienne en chaleur dans le morceau en question.
L'orgie est totale ? … Non, pas encore, car elle ne serait pas pleinement aboutie sans quelques rafales de sulfateuse et autres déflagrations de pétoires-laser. 'Tain, j'viens d'menfiler "
Mass-
Destruction" et chui dézingué graaaaaaave !!! 'Tain, keskisépasé ? 'Tain, keskiméarivé ? … Boh rien, c'est juste les armées du Chaos de
Dawn Of
War II qui viennent de te fondre sur la gueule que t'as rien vu venir, mon chou. Et dirigées par Monsieur le Hellcommander
Nattefrost en personne, s'il vous plait, qui termine la besogne en arrosant les ruines d'un copieux jet de pisse ("
Nattefrost Takes a Piss") pour finir de faire pourrir le merdier à jamais …
Et que vient foutre là cette reprise de
Beherit ("The
Gate of Nanna", excellente au demeurant) ? … On en sait foutre rien !
Alors, la question à mille balles : est-ce bien sérieux tout ça ? … Oui, ça cogne, mille fois oui, ça tabasse, et ça bute aussi, à en faire chier dans son froc les blaireaux adorateurs de CM Punk et de sa putain de Straight Edge Society.
Vraiment, est-ce bien sérieux ? … Non, car le second degré est omniprésent, comme le démontre l'ultime morceau "Still Reaching for
Hell", combinant une première partie épouvantable où s'assemblent dissonances glauques et grincements morbides, et une seconde partie très légère où ça joue la parade de Maurice et son orchestre à Saint-Trifouille-les-Oies.
Nattefrost et son "
Blood &
Vomit" ou comment associer l'attitude la plus trve possible avec un esprit d'autodérision ravageur. Et c'est là tout le génie du mec et de son disque. Balèze autant qu'inattaquable.
L'originalité du bousin ? Cherchez pas, y'en a pas. De toute façon, c'était pas le but.
Est-ce grave, docteur ? Et bien, à vrai dire, on s'en tape. Y'a largement de quoi se défouler avec ce cocktail
Molotov gravé sur rondelle en alu pour qu'on s'emmerde de considérations pseudo-intellectuelles. On laissera les circonvolutions stériles aux adeptes de la masturbation cérébrale. Pour les autres, vous pouvez foncer droit aux putes, chibre à la main.
Un projet démentiellement efficace, qui ne pouvait porter d'autre patronyme que celui de son géniteur. Voilà, c'est moi, je suis
Nattefrost, j'débarque, j'me pose, t'es une fiotte raclure de chiotte, j'te vomis à la gueule, j'te pisse à la raie et par la même occasion, JE … TE … MERDE. Hum hum, ce sera tout ? Non, prends-toi aussi un bon gros fistfuck dans ton sale gros cul de bâtard.
Voilà, la messe est dite.
A mon commandement, rompez !
En attente de la dernière partie de la trilogie, faudrait qu'il bouge un peu, le pèpère...
Mais d'après les notes jointes à ses rehearsals publiées dans le split "Engangsgrill", il semblerait que le travail soit en cours.
Autant j'avais été soufflé par ce 1er volet "Blood and Vomit", autant le second "Terrorist" m'avait déçu car trop artificiel.
En attendant que le 3ème volet remette les choses en place ...
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