On était en droit de se demander de quel bois
Antaeus allait être fait. Une popularité dans le milieu naissante, confirmé par «
De Principii Evangelikum » bien que personnellement je le trouve très surestimé... La signature chez le label Norma Evangelium (enfin non, c'est leur propre label), refuge d’excellents groupes tels que
Funeral Mist,
Katharsis ou
Deathspell Omega pour ne citer qu’eux, laissait présager un album légèrement différent ou du moins un virement « d’esprit » dont le label et par là le groupe se réclament. «
Blood Libels » s’est fait bien attendre après divers changements de pochettes. Sur quoi allions-nous tomber ?
«
Blood Libels » donne la réponse de la manière la plus percutante qui soit. Reprise des introductions indus/ambiant du meilleur effet, ouvrant les portes de l’enfer de manière aussi fantomatique que viscérale. Un petit plus du premier album, plongeant immédiatement dans une atmosphère putride et malsaine. Suite à ces rehauts,
Antaeus se permet de lâcher toute la violence qui le caractérise. Et nul doute à avoir, la brutalité se fait frontale et d’une barbarie peu commune. Aidée par une production bien meilleure que par le passé, les titres de «
Blood Libels » donnent cette impression de rouleau compresseur inéluctable (surtout qu’on ressent aucune coupure entre les morceaux).
Sauvagerie décuplée par une voix, outre les vociférations habituelles, qui se fait plus torturée et morbide que par le passé. Un décalage saisissant qui ne fait que renforcer l’aspect occulte et dérangé du disque. Ce n’est pas rien, il y a cette touche "évangéliste" chère au label qui se répercute ici. L’intro de l’album fait penser aux parties ambiant de
Deathspell Omega (écoutez bien, on entend même des chœurs d’opéra macabres) alors que la voix, ainsi que certains passages instrumentaux, font irrémédiablement penser à
Funeral Mist. Notons toutefois que sur cet objet
Antaeus égale en sauvagerie le combo suédois. La comparaison atteindra son apogée sur les photos présentes sur le livret. Les membres du groupe y apparaissent prenant les poses adéquates jusqu’à la posture de dévotion morbide, chapelet compris.
On pourrait rétorquer que cet aspect trop proche serait nuisible (et certains ne se cacheront pas pour le remarquer). Cependant, cela n’enlève rien la touche haineuse d’
Antaeus, présente depuis les premiers enregistrements, qui au contraire s’en fortifie voire y gagne cette aura mystique décharnée... Saluons aussi la construction de l’album quasi parfaite où chaque titre termine le précédent (sans fioritures) tout en annonçant le suivant par moult samples et distorsions en fin de plages, ce qui ne permet aucun relâchement d’ambiance et de tension sur la durée d’écoute.
Tout cela fait que «
Blood Libels » est une surprise brutale et bestiale (et non moins excellente) qui ravira sûrement les amateurs de violence exacerbée ainsi que les amoureux de
Funeral Mist. Et en soit, on ne peut que difficilement se plaindre. Cet album se prend comme une décharge en pleine gueule !! Et c’est en cela qu’on retrouve ce sentiment de danger omniscient et funeste.
Une perle de haine, cet album m'a mis sur le cul. "Cyklik Torture" reste une pièce monumentale de noirceur et de violence. Trés bonne chronique également.
Mieux que le précédent à mon avis.
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