Jordfäst est un jeune groupe suédois qui évolue dans une sorte de viking metal très sombre et tourmenté, entre black épique, death mélodique et quelques cavalcades thrash, le tout animé d’une âme scandinave et d’un esprit païen très marqués. Trois ans après le très bon
Av Stoft, le duo nous revient avec un troisième album,
Blodsdåd och hor, fièrement promu par le label national Black
Lion Records, et malgré les changements de line-up (cette fois, le batteur Jocke est crédité comme membre à part entière mais plus trace du chanteur Olof Bengtsson, c’est désormais
Elis qui s’occupe de tous les vocaux et des instruments), l’identité de Jordfäst reste inchangée.
D’entrée, les Suédois démontrent leur savoir-faire mélodique, nous accrochant directement avec un mid tempo puissant à la beauté mélancolique qui nous colle des frissons, avant de dévoiler une face plus agressive avec une accélération black fulgurante dès 2,30 minutes. La musique est d’une richesse peu commune et véhicule des sentiments nobles et guerriers, avec de nombreux chœurs païens qui rappellent parfois
Windir (la partie centrale d’Ett altare av skärvor Pt 3, les courtes interventions sur d’Ett altare av skärvor Pt 4, Dit gudarna trälar är Pt 4), quelques attaques black biens senties aux blasts mordants (la deuxième partie d’Ett altare av skärvor Pt 1, l’entame d’Ett altare av skärvor Pt 3, la courte ouverture blastée de Dit gudarna trälar är Pt 1) et des passages plus lourds et mélodiques à la beauté sombre. Le tout est d’une cohérence et d’une fluidité impressionnantes - afin de rendre l’ensemble plus accessible, le duo a décidé de diviser ses deux longues compositions en chapitres, Ett altare av skärvor et Dit gudarna trälar är se déclinant chacun en quatre parties distinctes pour un total de 8 pistes – et toujours sublimé par une musicalité remarquable (les superbes mélodies de guitare qui viennent clore d’Ett altare av skärvor Pt 4, le passage central de Dit gudarna trälar är Pt 2, lent et mélancolique, où les notes de guitare jaillissent comme des larmes de feu et de glace et nous transportent directement au
Valhalla).
Musicalement, on est à cheval entre les scènes norvégienne et suédoise, avec l’héritage évident des grands anciens que sont
Windir,
Kampfar ou
Taake pour ces bourrasques à la fois froides et mordantes qui peuvent se faire tour à tour conquérantes et mélancoliques, ainsi que l’agressivité et la dynamique du black death national à la
Sacramentum,
Unanimated et
Necrophobic (l’attaque de Dit gudarna trälar är P1, très death, mais toujours magnifiée par ces petites notes de guitares démoniaques qui viennent lui conférer un éclat black incontestable).
Tout le long de ces huit tableaux épiques, Jordfäst fait preuve d’une musicalité riche et variée à la sensibilité touchante et juste qui nous fait voyager dans les forêts enneigées et les montagnes du Grand Nord rabattues par les vents, à la poursuite de ces vielles légendes oubliées du folklore scandinave où l’héroïsme se mêle au sens du devoir et du sacrifice. Ces presque 35 minutes sont magistralement composées, avec des respirations judicieuses et servies par un son clair et tranchant, bref, pour son troisième album, le duo suédois confirme son excellence, tout juste pourra-ton reprocher une durée un peu courte que l’on aurait aimé voir allongée de dix bonnes minutes au moins.
Pour conclure,
Blodsdåd och hor est un superbe album qui reprend le meilleur de combos comme
Bathory,
Windir,
Taake,
Kampfar, Månegarm ou Domgård et les transcende en des fresques épiques frissonnantes d’émotion, un incontournable pour les amoureux de ce style noble aussi vindicatif que beau et mélancolique qui réveillera l’ardeur guerrière sommeillant en chacun de nous.
Voilà le
Gjallarhorn qui résonne, vite, à vos haches et à vos épées, montez dans les drakkars et sus à l’ennemi, l’heure des crimes sanglants et de la débauche a sonné !
Je ne connais pas ce groupe, mais au vu des références mentionnées et du morceau partagé (dont la fin étrange laisse sur sa faim) je crois que je vais bien adhérer, merci pour la chronique découverte Icare !! :)
La fin bizarre, c'est parce que les morceaux ont été coupés pour avoir un format radio, en réalité, tu n'as ici qu'un extrait du morceau intégral qui fait plus de 17 minutes, d'où l'espèce de fade out dégueu !
En effet, j'ai pu écouter l'album entier et ça rend bien mieux ! J'ai beaucoup aimé, il aura le privilège d'une 2e écoute, merci encore pour la découverte
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