Jordfäst est un tout jeune duo de black metal formé en 2017 à peine et dont le très bon premier album,
Hädanefter, est sorti l’année passée sur Nordvis Productions. Forts de l’accueil positif réservé à leur premier enregistrement,
Elis Edin Markskog (instruments) et Olof Bengtsson (chant) décident de battre le fer tant qu’il est chaud et les voilà déjà avec un nouvel album sous le bras,
Av Stoft, toujours sur le même label.
Avant même de poser une oreille sur la musique, on remarquera immédiatement un changement de ton au niveau des couleurs qui composent l’artwork : les nuances bleues gris de
Hädanefter laissent place à une pochette plus morbide où de lourds nuages rougeoyants se déchirent en une pluie d’éclairs qui vient s’abattre sur une plaine aride et désolée jonchée d’ossements humains. Cette évolution picturale semble annoncer quelque chose de plus direct et agressif, et effectivement, on est plus dans la continuité de Hädanförd que de Buren av loppor, avec un rythme majoritairement soutenu.
En ce qui concerne la structure,
Av Stoft optera pour la même recette que l’album précédent, à savoir deux longs titres riches et progressifs, et l’ensemble aura sensiblement la même durée, affichant 33 minutes au compteur. D’entrée, Abortlogen capte notre attention avec un riff très lourd et solennel lorgnant largement vers le doom, avant que le morceau ne s’emballe sur une accélération black death toute suédoise bardée de déferlements thrash tempétueux. Même si la musique est dynamique avec un batteur qui martèle gaillardement ses futs, l’ambiance reste omniprésente, avec des chœurs païens et un riffing sombre et émouvant qui viennent donner plus de profondeur à cette longue fresque épique. L’excellent riff pachydermique du début revient comme un leitmotiv vers 4,16 et 10 minutes jusqu’à être repris par le piano en toute fin de morceau, apportant une touche de sensibilité supplémentaire à cette première perle : à la fois guerrier, noir, habité et exalté, tour à tour enlevé, rugueux ou plus mélancolique, cet excellent premier titre, très varié et complet, nous donne une leçon magistrale de black metal.
Ceci dit, Kom Eld, Kom Regn n’est pas en reste : s’ouvrant sur un travail vocal remarquable avec ces chœurs grandioses, il impose d’emblée un metal noble à la grandeur épique avec ce riffing lent gorgé de mélancolie et ces vocalises graves omniprésentes qui ajoutent une aura presque sacrée à l’ensemble (on n’est pas loin de la magie de combos comme
Moonsorrow ou
Finsterforst). Là encore, des attaques thrash death viennent corser les choses et rehausser l’agressivité de ces presque 17 minutes, avant que le morceau ne se mue à nouveau en une ode déchirante de justesse et de pureté à la nature scandinave avec des guitares plus lentes et le retour de ces chœurs magnifiques qui nous emplissent d’une ardeur guerrière. L’ensemble nous chavire, avec ces chants mâles qui se mêlent aux hurlements déchirés d’Olof Bengtsson, comme s'ils cherchaient à guider l’âme tourmentée du chanteur vers le
Valhalla.
Ces cris haineux et désespérés qui nous transpercent les oreilles et le coeur viennent achever ces 33 minutes d’un black metal épique à tendances païennes qui séduira probablement les amateurs de
Taake,
Kampfar,
Moonsorrow et
Empyrium. Vous l'aurez compris,
Av Stoft est un excellent album qui, contrairement à ce que pourrait laisser présager son titre, ne risque pas de prendre la poussière…
Merci de la chronique et de la découverte, il va falloir écouter ça ! D'autant plus que tu cites Kampfar et que j'ai bien accroché avec leur récente sortie. D'ailleurs, ça te dirait de la chroniquer ?
Oui, le dernier Kampfar est vraiment pas mal, étonnament noir et aggressif, ça m'a surpris de retrouver les Norvégiens si remontés. J'avais prévu de le chroniquer aussi, mais je ne sais pas si j'aurais le temps, y a beaucoup de sorties vraiment intéressantes en ce moment que j'aimerais mettre un peu en avant et c'est pas facile de faire les choix...
Belle découverte, merci Icare pour la chronique.
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