Noktu est une personne discrète, qui préfère rester dans l'ombre, mais incontournable dans le paysage du black metal hexagonal de par ses multiples activités : il a participé dans les années 90 à plusieurs fanzines papiers; il est le propriétaire de
Drakkar Productions, un label au catalogue assez conséquent avec quelques belles références, on citera entre autres le deuxième album de
Watain, plusieurs oeuvres du sulfureux Mutiilation ou récemment le troisième album de
Malcuidant que j'ai beaucoup apprécié (les curieux liront ma chronique). Musicien, notre homme a dépanné pas mal de confrères en live mais il est surtout leader et multi instrumentiste de deux groupes,
Mortifera et
Celestia aux discographies très respectables.
Hé ben tiens, on va donc un peu causer du troisième effort de
Mortifera ,un groupe assez médiatisé à ses débuts, et progressivement tombé dans l'oubli...
Le premier titre au nom curieux, Asphyxii de couleur bleüu, un instrumental, nous plonge rapidement dans une atmosphère d'une profonde tristesse.
Servies par une production cristalline, des leads guitares d'une grande finesse nous emportent dans une froide nuit d'hiver, impression confirmée par les deux titres suivants où le rythme s'accélère mais la magie demeure, seulement déchirée à l'occasion par les vocaux écorchés de sire Noktu.
Le quatrième titre
Night Eternal détone après ce bon démarrage par un riffing plus simple et tapageur. Cette unique chanson en anglais sent un peu le fond de tiroir, bof bof... Le titre suivant, les Vents de la Mélancholie, un peu long et répétitif, peine aussi à convaincre!
Après ce passage à vide, Noktu se ressaisit avec un très belle interlude de 2 minutes 30,
Triste Spectre, un bel enchevêtrement de guitares éthérées qui agissent comme une douce caresse. Les quatre derniers titres sont vraiment dans l'esprit du début de l'album, développant une musique raffinée, pleine d'aisance et de maitrise. Souvenirs macabres,titre final est un petit régal : après un démarrage assez brutal de deux minutes, l'apaisement prédomine avec une splendide fin instrumentale.
Bleüu de Morte se termine dans une ambiance de "spleen" black metal pourrait-on dire...
Je pense qu'on a affaire à un disque de
Mortifera un peu atypique. Je ne connais pas les deux premières oeuvres du groupe, mais j'ai lu dans une interview de Noktu qu'il s'était inspiré pour ce troisième effort d'une certaine ambiance cold wave rock et c'est tout à fait ça, il y a un coté "easy listening" qui ressort; de ce mixage avec du black metal se dégage une douce poésie macabre, qui sera absente du disque suivant assez différent.
On évoquera pour conclure cet étrange titre d'album,
Bleüu de Morte qui participe à cette atmosphère. Un autre petit détail complète le tableau, c'est la pochette et le livret qui, si on y regarde bien, ne sont en fait pas totalement noirs, on aperçoit une très très légère teinte bleuâtre noyée dans l'obscurité. Bref, tout un ensemble de petits détails qui font le charme de cet objet et le rendent singulier...
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