Définir de manière très précise pourquoi l’art éminemment plus intéressant des uns laissent bons nombres indifférents, préférant se délecter de celui nettement plus quelconque des autres, ne peut se faire sans parler de manière démagogique des gouts et du ressenti propre à chacun. Le procédé n’est certes pas arguments des plus captivants pour ouvrir un débat, il n’en demeure pas moins sensé. Et ceux qui pensent pouvoir établir des vérités au nom d'un savoir acquis établi sur des émotions personnelles éprouvées ont peut-être raisons, mais peuvent tout aussi bien se tromper. Et ce, même s’ils sont nombreux à partager les mêmes frissons. Pour tout dire, en matière d’art et de culture, il n’y a que peu de vérités, et les majorités, ou les minorités, peuvent tout autant être dans le vrai, que dans le faux. Ainsi expliquer pourquoi l’excellent album
Black Butterfly de
Buckcherry passionne moins les foules, que d’autres très convenus pour lesquels un certain engouement ne se dément pas, est tout à fait impossible.
Et pourtant ce quatrième album des Américains a de nombreuse vertus. Dès l’entame d’un
Rescue Me fédérateur ou l’urgence et la sincérité transpirent de ses refrains poignant, le groupe nous offre la vision incroyable de son
Hard Rock exubérant où planent encore aujourd'hui les ombres d’
Aerosmith, et celles moins évidentes qu’autrefois de Guns’n Roses, des
Sex Pistol ou d'AC/DC. L’esprit libertaire, et donc très Rock’n’Roll, de cette œuvre exprime tout son caractère dans des morceaux particulièrement communicatifs. L’aspect le plus sulfureux et le plus délectable, en est encore sublimé par la présence de cette voix, à présent, naturellement chaleureuse et fêlée. Sans lyrisme et sans aigus déplacés, elle se pose sur les riffs efficaces d’une musique dépeignant des toiles ou l’on pourrait imaginer, sans grand mal, les volutes enfumés aux fond d’un bar, dans une semi pénombre dangereuse où
Buckcherry tenteraient de remuer une foule dissipée et négligente au son de morceaux aussi réussi que Tired Of You et ses refrains impeccables, que
Talk to Me, que
Fallout ou encore tels que A Child Called « It ».
Seul le plus funky, et moins intéressant, Too Drunk to
Fuck ne parviendrait sans doute pas à émouvoir outre mesure ces gens. Mais finiraient-ils par être totalement acquis à l’esprit à la fois diabolique et à la fois enjouée de
Buckcherry ? Pour les moins grisés, sûrement.
Inutile de dire aussi que ce chant singulier s’accorde particulièrement bien aux titres plus intimistes où l’émotion doit primer. Ainsi des ballades telles que Dreams et ses exceptionnels refrains électriques venant s’entrechoquer à ces doux couplets aux guitares légères, pour un résultat touchant, ou telles que Don’t Go Away, ou
Rose témoigne d’un talent assez attachant. Réussissant la performance de ne jamais tomber dans une facile mièvrerie,
Buckcherry y transcende une émotion juste et poignante.
Fort d’une reconnaissance méritoire, mais sans aucun doute insuffisante, Bucherry poursuit donc son chemin sur la voix qu’il s’est tracé et qui, surtout, est la sienne. Avec un
Black Butterfly s’inscrivant dans la continuité d’un excellent travail de fond, le groupe saura, espérons-le, à l’avenir, s’imposer bien plus encore, comme un véritable acteur d’une scène où, souvent, seul ceux qui soignent la forme profitent, injustement, des projecteurs.
Ton commentaire de début de chronique est très pertinent. J'ajouterai que l'art faisant très souvent appel aux émotions, celles-ci sont par essence changeantes et dépendent en partie de l'environnement émotionnel dans lequel on évolue. En clair nos goûts peuvent changer.
Merci pour la chronique de ce groupe que je suis en train de découvrir.
Ton commentaire de début de chronique est très pertinent. J'ajouterai que l'art faisant très souvent appel aux émotions, celles-ci sont par essence changeantes et dépendent en partie de l'environnement émotionnel dans lequel on évolue. En clair nos goûts peuvent changer.
Merci pour la chronique de ce groupe que je suis en train de découvrir.
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