Nouvel entrant dans le foisonnant registre metal mélodique à chant féminin, ce quartet britannique originaire de Nottingham, né en 2018 sur les cendres de
Descending Angels, entend bien, et en toute légitimité, essaimer plus largement ses riffs. Conscient des risques courus à se lancer tout de go dans l'arène, c'est donc pierre par pierre que le combo d'outre-Manche échafaude l'édifice.
Pas moins de cinq singles nous seront alors adressés dans la foulée : «
Hush » en 2019, suivi de «
Against the Tides » un an plus tard, auquel succédera, en 2021, «
Wicked Game, une reprise de l'un des titres emblématiques du rocker américain Chris Isaak. S'ensuivront «
Come Alive » et «
Saviour » en 2022, soit deux des quatre pistes de leur premier et présent EP, «
Beyond the Flames ». Modeste de ses 20 minutes, cette sanguine auto-production constituerait-elle dès lors une arme suffisamment effilée dont nos quatre gladiateurs pourraient se prévaloir pour espérer offrir une belle résistance à la féroce concurrence dont cet espace metal continue de faire l'objet ?
Mais avant d'aller plus loin, faisons les présentations. A bord de la goélette, nous accueillent : Lana Phillis, chanteuse aux puissantes et sensibles inflexions, suivie du guitariste/bassiste Zak Smith, du guitariste
Ash Wilson et du batteur Kiaran Hegarty. De cette étroite collaboration émane un propos rock'n'metal mélodique aux relents heavy dans la lignée coalisée de
Delain, Ad
Infinitum,
Within Temptation,
Beyond The Black et
Temperance. Produit, mixé et mastérisé par Tristan Hill au 7Hz Audio, ce modeste mais seyant opus bénéficie d'un mix équilibrant lignes de chant et instrumentation à parités égales tout en offrant une belle profondeur de champ acoustique. A la fois incisif, rayonnant et romantique, cet opus témoigne d'une technicité instrumentale et vocale dores et déjà difficile à prendre en défaut et d'une fertile inspiration mélodique de ses auteurs. De quoi nous intimer de lever l'ancre pour une brève croisière, ponctuée, espérons-le, d'îlots enchanteurs...
C'est sur une terre de lave en fusion que nous projette tout d'abord le combo britannique, ce dernier disséminant par là-même de sémillantes séries de notes. Ainsi, un headbang bien senti ne mettra qu'une poignée de secondes pour être généré sous l'impact des fougueux et inaltérables coups de boutoir que nous assène «
Saviour » ; cet impulsif méfait aux riffs épais à mi-chemin entre
Delain et Ad
Infinitum nous octroie notamment un refrain immersif à souhait mis en exergue par les angéliques oscillations de la sirène, qui ne sont pas sans rappeler celles de
Charlotte Wessels (ex-
Delain). On ne saurait davantage éluder le break opportun sous-tendu par de jolis arpèges au piano que soufflera prestement une bondissante reprise sur un vibrant solo de guitare. Bref, un hit en puissance d'une redoutable efficacité mélodique, que l'on ne quittera qu'à regret.
Quand il ralentit un tantinet le rythme de ses frappes, le collectif trouve non moins les clés pour nous rallier à sa cause. Ce qu'atteste «
Reflections », poignant mid/up tempo heavy mélodique aux riffs crochetés, au carrefour entre
Temperance et
Beyond The Black. Doté d'un pont techniciste bien amené, et couronné d'un fin legato à la lead guitare, lui-même suivi d'une insoupçonnée reprise sur la crête d'un entêtant refrain, mis en habits de lumière par les saisissantes envolées en voix de tête de la déesse, l'enivrant manifeste poussera assurément le chaland à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure envolée. Mais le magicien aurait encore d'autres tours dans sa manche...
Variant parallèlement ses phases rythmiques à l'envi, la troupe révèle ainsi de non moins séduisants atours. Dans cette dynamique, on retiendra, d'une part, «
Come Alive », up tempo aux riffs acérés adossés à une sanguine rythmique, à la confluence de
Within Temptation et
Temperance, tant pour l'insoupçonnée et galvanisante montée en régime de son corps instrumental que pour sa mélodicité toute de fines nuances cousue et sur laquelle se greffent les magnétiques modulations de la déesse. Difficile également d'esquiver « Faithless » à la lumière de ses effets de contraste atmosphérique et rythmique. Démarrant et finissant telle une délicate ballade, à l'aune du fin picking à la guitare acoustique dispensé, cette plage ne s'y est pas réduite exclusivement, le plus clair de la traversée de ce tubesque up tempo, dans la veine de
Beyond The Black Delain, s'effectuant sur une cadence effrénée. Et ce n'est pas le refrain catchy sur lequel semblent danser les troublantes volutes de la maîtresse de cérémonie qui nous fera lâcher prise, loin s'en faut.
Résultat des courses : à l'instar de ce premier mouvement, certes, dans un mouchoir de poche mais générateur d'une énergie aisément communicative, le dynamique quartet britannique témoigne de son indéfectible détermination à en découdre, et ce, dans cette arène peuplée aujourd'hui plus qu'hier de redoutables gladiateurs. Ne relâchant que rarement la pression tout en sauvegardant d'enveloppantes lignes mélodiques, ayant également varié son message musical sur le plan rythmique et particulièrement soigné son ingénierie du son, la formation d'outre-Manche n'aura pas tari d'armes pour asseoir sa défense.
Pour se sustenter d'aucuns auraient sans doute espéré un propos plus varié en matière d'ambiances et d'exercices de style ainsi que l'une ou l'autre joute oratoire, la belle monopolisant le micro de bout en bout de la galette ; des carences que pourraient compenser une technicité instrumentale bien huilée, une empreinte vocale dores et déjà identifiable et des plus ensorcelantes et des arrangements de bon aloi. Il conviendrait, par ailleurs, que nos acolytes consentent à quelques prises de risques et qu'ils digèrent plus encore leurs sources d'influence pour permettre à leur projet de gagner en épaisseur artistique. Peut-être à l'aune d'un album full length ?...
Note : 15,5/20
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