Liste des groupes Thrash Death Cryptic Shift Beyond the Celestial Realms

Complétement méconnu en nos contrées, les Britanniques de Cryptic Shift sont apparus sur la scène au milieu de la décennie. Beyond the Celestial Dreams est leur premier véritable E.P.. Offiiciant dans un registre qui connaît un regain de créativité en ce moment (témoin les Chiliens de Demoniac, par exemple, qui auront bientôt droit à la chronique de leur nouvel album prévu en janvier 2021), le quatuor propose un thrash/death qui parlera forcément aux fans du Voïvod de 1987/88 pour les influences thématiques et musicales, mais aussi à la scène Sci-Fi techno thrash/death dont le leader Vektor semble avoir actuellement du mal à trouver un second souffle.

En 23 minutes et une poignée de secondes, et passée l'intro de rigueur toute Voïvodienne qui nous projette dans l'univers futuriste des musiciens, les rafales de riffs tantôt aiguisés, tantôt massifs qui parsèment "Voyage Through Dimensions" font figure de maitre-étalon du genre, resuscitant le fantôme du croisement entre les premiers efforts d'Obliveon et les albums de Vektor dans une danse endiablée. N'oubliant pas que le thrash c'est avant tout Slayer qui se définit comme influence majeure lors de breaks somptueux, et ne négligeant pas les pasages atmosphériques chers au genre, Cryptic Shit se pose dès lors comme un espoir costaud dans ce microcosme stylistique. Le thrasher le plus exigeant se délectera ainsi des passages fracassants de l'implacable "Deathcrusher" ne sacrifiant pas sur l'autel de la technique la rage palpable du jeu du batteur Ryan Sheperson, au son massif et naturel.

Avec en sus une vraie puissance et des riffs de guitares à l'avenant dont on peut supposer que les auteurs ont sans doute bien écouté le Leave Scars de Dark Angel en son temps (à la fin de "Deathcrusher" où on retrouve le riff principal de "No One Answers"), et un bassiste fretless qui se distingue particulièrement lors des passages plus subtils, le mode rouleau compresseur est souvent en mode actif, sans pour autant être illisible loin de là, les compositions comportant toujours le riff d'accroche ou le solo qui va bien permettant de maintenir une attention constante et un intérêt affuté de la part de l'auditeur. Si ensuite, sur l'album de 2020 (Visitations from Enceladus) le propos sera plus subtil et travaillé, la fureur est ici encore complètement de mise. L'ambiance futuriste étant au menu ("Spore" qui renvoie parfois en mode total thrash Mach 2 au Crossing the Rubicon de Armageddon), avec force gang-vocals, parfaitement raccords avec l'univers déployé, sans pour autant négliger la musicalité de l'ensemble ("Spore", encore, qui se partage entre brutalité et mélodie, pas bien loin de ce que proposait Death en son milieu de carrière en plus touffu, dans l'esprit du moins).

Aucun défaut ici, les 23 minutes passent comme un décollage réussi, aussi furtives et virtuoses que puissantes, dans une osmose enviable. Avec un chanteur qui chuchote de manière éraillée (ce qui pourra en rebuter certains), Cryptic Shift met en orbite avec cette œuvre méconnue un sacré E.P.. Nul doute que tous les fans des groupes cités sur ces lignes seront à coup sûr estomaqués par le savoir-faire des natifs de Leeds. A ranger aux côtés de Vektor, Vexovoid, Demoniac, Hellwitch ou Euphoria. Cryptic Shift étant, parmi ces groupes et sur ce E.P., celui qui franchit le Rubicon entre brutalité, lisibilité et virtuosité en les mettant au même niveau, et mérite à ce titre toute l'attention possible.