La vie d’un sticker est étrange. Destiné à donner envie, ils sont aujourd’hui condamnés à d’éternels formulations éculées aussi personnels et précis que William Saurin est un exemple de gastronomie. On y lit des présentations aussi précises et uniques que ne peut l’être un laser de chantier acheté à Lidl (tout y étant souvent révolutionnaire, repoussant les limites, sans oublier les éternels retours des héros, des rois, des princes et autres maitres des innombrables genres souvent créés pour l’occasion). Bref, le sticker fait partie du folklore et on lui accorde au moins autant d’importance que le code CSA sur une affiche de film. Du moins la plupart du temps. Alors pourquoi j’en fais tout un paragraphe ? (qu’il nous emmerde avec son intro !)
Simplement parce que celui qui sert de promo pour ce premier opus de
Beast in Black est étrangement ce qui m’a mis la puce à l’oreille et m’a fait me pencher sur l’album, avant même de regarder réellement l’artwork (finalement banal dans le genre que l’on devine être du power, du heavy ou sympho) ou la composition du groupe. Effectivement, lorsque la phrase promo est une citation d’un musicien prestigieux (
Tuomas Holopainen pour l’occasion) qui évoque en terme élogieux l’album (« Il faudrait être fou pour ne pas aimer cet album »), ça sort un peu du lot.
Mais qui est finalement derrière
Beast in Black ?
Pour ceux qui ont suivi l’histoire ou qui ont pu écouter les premiers extraits, il ne fait pas de doutes sur l’identité du compositeur principal, en l’occurrence
Anton Kabanen (ex
Battle Beast), tant son nouveau projet se rapproche de son ancien groupe avec qui il ne partageait plus la vision musicale. "
Berserker" est donc l’album du refus de la concession, celui qu’il aurait pu écrire pour
Battle Beast si le line up n’avait pas changé et qu’il n’auvait pas senti que les envies de ses compères n’étaient plus les siennes. Si la comparaison entre les deux projets, que ce soit dans le patronyme du groupe ou la musique en elle-même, sera souvent au centre des premières écoutes, elle s’amenuise avec le temps sous bien des aspects. Le plus évident est forcément le fait que nous ayons à faire ici à un chanteur et non une chanteuse, malgré le fait que Yannis Papadopoulos évolue parfois dans un registre bien plus cristallin que son homologue féminin de chez
Battle Beast.
Musicalement,
Beast in Black bouffe à tous les râteliers et on y retrouve allègrement du
Battle Beast évidemment, mais également du
Sabaton, du
Freedom Call, du
Heavenly, du Accept parfois, du
Sonata Arctica également, sans oublier Europe sur certaines phases de claviers…bref, vous comprendrez qu’on est très loin d’uniquement avoir une pâle copie de son ancien groupe.
En plus d’être une merveilleuse surprise, "
Berserker" est une immense bouffée d’oxygène qui fait du bien par où elle passe, qui possède une innocence (naïveté ? non je ne pense pas…), une puissance naturelle à décorner les bœufs et une fougue qui n’est pas sans rappeler le premier
Battle Beast qui sortait à l’époque de nulle part. "
Beast in Black", premier morceau de l’album, inspiré par le manga
Berserker à la violence suggestive, lance les débats avec agressivité et puissance. Les riffs sont puissants, la production monstrueuse d’explosivité, le chant de Yannis évolue dans un registre assez guerrier et les soli pleuvent avec une facilité déconcertante, juste avant que ne se pose des chœurs reprenant le nom du groupe sur un coulis de claviers qui feront clairement parler d’eux sur l’opus (nous y reviendrons).
Les premières écoutes sont partagées entre la puissance que délivre l’opus, le côté fabuleusement kitsch d’une partie de l’album, la maitrise évidente de la musique et le fait que l’album partent dans tellement de directions qu’il est difficile de savoir vers où le groupe se dirige. Et finalement, après une vingtaine d’écoutes, ces considérations s’envolent simplement car on prend son pied, on se marre à l’écoute du disque, on headbangue comme un dingue, on chante dans la voiture (chaque refrain est une tuerie en puissance) et on se dit que tout ça va probablement démonter en live dans les semaines à venir. L’album ne plaira probablement pas aux conservateurs, à ceux pour qui le heavy metal est une religion sérieuse mais pour ceux qui trouvent que Tobias Sammet a fait de
Edguy ce qu’il est aussi grâce à l’humour, alors cet album risque de vous plaire.
Forcément, si l’on écoute le titre éponyme ou le redoutable "Zodd the
Immortal", tétanisant face à la rugosité des riffs et des vocaux qui se font agressifs, quasiment hurlés, vous ne comprendrez pas forcément où je veux en venir.
Pas plus qu’à l’écoute de l’hymne "
Blood of a
Lion" que
Sabaton ne renierait pas entièrement, principalement dans un refrain en chœur près à être chanté par les foules, bien que les couplets dévoilent la face la plus mélodique, voir pop, de la voix de Yannis, également vocaliste du groupe grec
Wardrum. C’est d’ailleurs cette voix qui est au centre du titre "
Blind and
Frozen", premier extrait et clip de l’album, présentant à mon sens bien mal le disque puisqu’il s’agit d’un morceau plutôt isolé et laissant une fois de plus songeur sur les choix de
Nuclear Blast quant aux singles. Certes, le refrain est une jolie réussite mais le côté fantasy qui s’échappe des lyrics ainsi que les cris très aigus ne représentent que très partiellement ce à quoi l’auditeur aura affaire quand il découvrira l’album (bien que le passage « pouet pouet » en plein centre du titre soit assez représentative du côté fun).
C’est la seconde partie de l’album qui, si elle surprend au début (les yeux s’écarquillent vraiment à certains moments), semble définir ce que sera à l’avenir le « vrai »
Beast in Black. "The
Fifth Angel", aux claviers prédominants, risque d’être destructeur sur scène tant il semble tailler pour, entre ses envolées lyriques, son refrain dantesque, son riff simple et surtout ces arrangements très massifs qui sont une véritable invitation au headbang excessif. "
Eternal Fire" n’est pas en reste et l’influence d’Europe y semble criante puisque l’on pourrait intituler ce titre comme leur "Final
Countdown" à eux (un peu comme Tobias Sammet aime présenter son "
Vain Glory Opera" de la sorte). Les claviers seront pour certains ridicules mais ils autant un hommage aux années 80 qu’un vecteur de puissance pour la musique de
Beast in Black puisqu’ils propulsent les riffs efficaces d’
Anton qui se fend également de soli lumineux, toujours dans le bon tempo, jamais dans la démonstration et à même d’apporter une fluidité, une touche de folie et de shredding dans des compositions à la chaleur contagieuse. "
End of the World" vaut également son pesant d’or car, outre son introducteur « pouet pouet » à la
Freedom Call (certains comprendront ce que je veux dire), il faudra saluer le superbe travail effectué derrière les futs de Sami Hänninen pour apporter une énorme dynamique au titre et déjà imaginer une salle devenir complètement déchainé sur le riff du morceau. Le refrain est absolument énorme une fois de plus et permet de mettre en avant toute la versatilité d’un vocaliste impressionnant qui, malgré son statut de relatif inconnu, prouve qu’
Anton Kabanen a tiré le gros lot.
Mais s’il y a un titre qu’il est impossible de passer sous silence, c’est bien "Crazy, Mad,
Insane". Après une ou deux écoutes, j’ai même préféré vérifier s’il ne s’agissait pas d’une obscure reprise electro pop disco des années 70. Mais non, c’est bien une composition originale et, après la surprise originale, j’ai même espoir que le groupe ose la jouer en ouverture de W.A.S.P en novembre prochain pour voir la tête de certaines personnes qui n’auraient pas écouter ou pris de LSD avant de venir. Des claviers electro débridés, une boite à rythme aussi ridiculeseument géniale qu’osée, un break « what the fuck » entre orchestrations et sonorités spatiales mais surtout un refrain impossible de se sortir de la tête une fois qu’il est entré, des chœurs massifs pour s’époumoner (dont un « Fuck You » jubilatoire) et un final sous forme de soli sur lequel Yannis se fend d’un hurlement suraigu. Une étrangeté comme on en fait peu mais qui fait un bien fou par sa fraicheur et sa spontanéité et qui pourrait même faire date !
"
Berserker" n’est pas l’album de l’année mais il est un véritable condensé de hits, de bonne humeur et transpire une fraicheur que l’on peut désormais regretter chez la plupart des groupes cités dans cette chronique. Car comment reprocher certaines sonorités ou lignes vocales ici quand on reproche également aux
Sonata Arctica,
Sabaton ou Europe récents (trois groupes bien différents vous le noterez) d’être devenus trop sérieux, voir sombres. Cet opus a tout d’un premier album, avec ses qualités et ses défauts mais il est clairement une formidable carte de visite et un essai qui porte la marque de son créateur, d’un homme fan de heavy metal des années 80 et de tout ce que cela comporte et engendre. Un pur plaisir à savourer avec la banane, une bière à la main ou le vent dans les cheveux.
Pas de prise de tête.
Pas de réflexions géopolitiques.
Pas de considérations progressives ou symphonico-conceptuelles. Juste du gros son, des refrains et du fun. Beaucoup de fun. Et putain, des fois, qu’est-ce que ça fait du bien !
Merci pour ta chronique Eternalis, j'ai découvert ce groupe aujourd'hui sur YT et sincèrement j'ai adoré du premier coup et ta chronique conforme mon avis que ce groupe mérite qu'on l'écoute et qu'on l'apprécie.
Première partie de Nightwish excellentissime :) rendez vous en mars 2019
Le peu que j'ai entendu de cet album m'a plutôt fait pouffer, mais à la limite, je suis bon public (après tout, j'aime bien Battle Beast, dont ce truc est quand même un gros copié-collé – et pour cause).
Par contre, le hasard a voulu que je les vois pas moins de trois fois sur scène au cours des derniers mois et, comme Swit, j'ai franchement trouvé ça pathétique. Avoir les synthés à ce point en avant… et pas le moindre clavier sur scène, c'est quand même se foutre de la gueule du public !
Si je peux comprendre qu'un Nightwish ou un Dimmu Borgir ne puisse évidemment pas partir en tournée avec un orchestre symphonique de 40 musiciens, OK, mais se taper des bandes pour un misérable synthé qui fait pouêtpouêt… Non, vraiment, c'est au-dessus de mes forces. Dommage, car il y a sans doute au moins un peu de talent là-dessous (à défaut d'originalité), et c'est vrai que le chanteur en a sous le pied. Et entrer sur scène sur "Night Crawler" de Judas Priest (à cause du refrain "Night Crawler… Beware the beast in black !", évidemment), ça m'a paru sonner quand même un poil présomptueux…
Elle est marrante la pochette, ça me rappelle l'époque où je bossais à White Dwarf et où je collectionnais en cachette les figurines de Wolfen de Confrontation pour pas me faire allumer par la patronne, haha ! (les vieux figurinistes comprendront ;)
Merci pour la kro ! :)
Ce groupe est une pure arnaque, le pire c'est qu'ils tournent beaucoup, j'ai dû me les farcir en première partie de Rhapsody, c'était à chier, des bandes enregistrées, des guitares inaudibles et le comble c'est qu'en observant le chanteur je me demande même s'il ne faisait pas du play back...honteux !
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