C'est une nouvelle page qui s'ouvre pour
Derelict Earth avec la parution en ligne de son troisième album,
Below the Empty Skies, fin
2012. Pour la troisième année consécutive, Quentin Stainer nous a gratifié d'une nouvelle galette qui, pour le plus grand bonheur des fauchés, est disponible à prix libre sur internet.
Encore une fois, je vais m'attarder quelque peu sur la pochette avant de m'intéresser à la musique, et la première impression est vraiment positive. L'image, bien apocalyptique, sinistre au possible, est de la patte de Manthos Lappas (je conseille d'ailleurs à tous les curieux d'aller jeter un œil sur ses autres productions qui valent le détour) et annonce d'ores et déjà la tournure sombre de l'album, malgré un regain d'espoir avec le fond ensoleillé et crépusculaire, mais inaccessible. Comme l'exprime si bien le titre de l'album, Quentin Stainer nous propose la découverte d'un monde ravagé par la folie humaine, à demi-mort, et qui ne semble tenir debout que par la force de ses souvenirs, tous plus sinistres les uns que les autres.
Avant tout, je suggère à celui qui veut se lancer dans l'album d'écouter d'abord les précédents, afin de constater l'évolution - sinon la maturité - dans les compositions autant que dans les moyens, le mixage, etc. La tournure de cet album est donc logique si l'on connaît un peu ce qui a été fait précédemment, tant dans les mélodies que les thématiques choisies : l'environnement, le monde, la folie, le déclin des sociétés, etc.
Néanmoins, si les ressemblances peuvent être frappantes, notamment au niveau du son des guitares acoustiques qui reste dans la même veine que celui de
And So Fell the Last Leaves, les changements sont bels et bien là : la voix saturée est vraiment superbe et violente, tout comme les guitares électriques qui ont un son très grave, incisif et lourd sans aller jusqu'à l'excès ; et la basse, bien ronde, est toujours audible dans le mix final. Je tiens d'ailleurs à signaler l'apparition très épisodique d'instruments classiques, qui savent toutefois briller et rehausser la saveur des morceaux.
La batterie, maintenant : elle est générée par ordinateur, mais - enfin ! - elle a un son digne de ce nom... mais malgré cet avantage non-négligeable par rapport aux anciens albums et un effort voulu sur la composition, elle reste trop envahissante, il y a trop de roulements de toms importuns, ce qui a tendance à étouffer la grosse caisse. Espérons que, pour le prochain album, les lignes de batterie soient plus claires et plus équilibrée.
Cet album est dans la veine du death progressif le plus classique : le chant clair est aussi présent que le chant saturé (peut-être un peu trop, c'est dommage au regard de la qualité de ce dernier) et les morceaux longs voient s'entremêler passages acoustiques et bourrins, légers et lourds. Ceci dit, les morceaux sont bien faits et évitent le piège de la similarité, en dépit des introductions parfois trop ressemblantes, trop longues voire carrément peu inspirées. Certains influences se démarquent même du reste, avec, par exemple, un gros clin d'œil à
Opeth sur la fin de "Trapped in a
Flesh Cocoon", qui rappelle beaucoup "Hessian Peel" ou "
Burden" de
Opeth. De plus, l'album contient un nombre non-négligeables de riffs vraiment bien trouvés (les fameux "riffs qui tuent"), diablement inspirés, qui savent créer la surprise et talonner les "grands" groupes. En voici quelques-uns :
Ashes Rain à 04:40, Screams of the Speechless à 02:33,
Elegy of a
Decayed Nation à 02:45... bref, la liste est longue.
Les paroles sont également très complètes et portées idéalement à travers le morceau par le duo de voix saturée et claire, mais, et c'est là l'un des défauts qui m'a le plus marqué à l'écoute, cette dernière n'est pas d'une extraordinaire justesse. Autant elle peut se montrer douce et agréable à l'écoute, autant, dans certains moments où elle doit tenir sur quelques secondes ou s'intensifier, elle frôle le faux. Dommage, donc, qu'elle nous sorte de l'ambiance construite avec tant d'adresse. Quant à la voix en elle-même, elle reste une question de goût, comme à chaque fois.
L'autre gros point faible concerne la violence : on a la vive impression que Quentin Stainer n'a pas osé aller jusqu'au bout dans la brutalité la plus infâme, et ponctuent toujours ses passages les plus brutaux et les plus rythmiques de quelques notes aigues qui, au lieu d'apporter une touche de poésie, brise une partie de cet élan pris par le riff.
Malgré tout les défauts relevés, qu'ils concernent certaines introductions ou des problèmes de justesse vocale, je tiens à rappeler qu'il s'agit d'un one man band, par conséquent, ce groupe n'a qu'un visage, une seule identité - contrairement à un vrai groupe où chacun apporte sa pierre à l'édifice -, ce qui imposte le respect pour l'immense travail accompli.
En conclusion,
Below the Empty Skies est un très bon album de death progressif que l'on réécoute volontiers et qui saura plaire même aux allergiques du genre. Il a certes des faiblesses non-négligeables, mais sa qualité comble l'auditeur et ne le laisse pas sur sa faim. Enfin, vu que l'album talonne facilement des productions professionnelles, ma note sera donc aussi "dure" que si j'en notais un.
16/20
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