Derelict Earth est un projet de
Metal progressif créé par Quentin Stainer. Il compte deux albums : “Sins of the Siblings” et “
And So Fell the Last Leaves...”.
Pour information, je suis un pote de Quentin (comme on peut le déceler dans certains sujets de forum), mais ma chronique sera impartiale, je ne jugerai que ce que mes yeux et surtout mes oreilles ont aimé ou détesté.
Avant d’entrer dans l’album, j’aime examiner la pochette, afin de voir si la concordance des thèmes est respectée tant sur le contenu que la surface. Elle représente un grand arbre peu feuillu sur fond de nuages gris et de lumières entre les branchages, comme une représentation onirique de la vie. Les nuages au fond semblent annoncer que le pire est à venir et la lumière, très discrète, n’arrive à se révéler qu’à travers les branches fines et mourantes de ce symbole de la vie. Le nom de l’album écrit en dessous s’annonce comme une conclusion évidente, une prophétie sinistre qui, lointaine comme ces masses cotonneuses, arrive tranquillement.
Commençons avec la première chanson, qui annonce la couleur de l’album dans toutes ses qualités mais aussi ses défauts. Histoire de me débarrasser de ces derniers, je vais faire part du plus gros immédiatement : le son de la batterie. On distingue aisément qu'elle est factice sitôt qu’elle se met à faire des roulements, ce qui est plutôt chiant et nous force presque à l’ignorer au profit des guitares et du chant qui, eux, se révèlent exemplaires. Dommage.
La majorité des chansons suivent une structure balisée : une intro calme, puis un peu de violence jusqu’à un break acoustique et un feu d’artifice final, même si certaines dévient un peu («
No More Sunset » qui commence comme une claque, par exemple). Elles possèdent également les mêmes sonorités : une basse bien ronde qui sait ressortir du mix, et des guitares que l’on pourrait qualifier du même terme à défaut d’un autre. Autant le son des rythmiques est assez lourd, rugueux, autant le son des guitares solos se veut propre, limite doux dans la saturation. Comme pour tout, certains aimeront et d’autres non, mais ces sonorités sont la signature de
Derelict Earth, et ce depuis le premier album. Il faut noter que l’album peut diviser en un point structurel : les longueurs. Certains passages se répètent un peu trop. Certains hurleront à la redondance des notes, d’autres en seront satisfaits une fois au sein de l’ambiance.
Concernant le chant, il y a deux types de voix : hurlée et chantée, alternées et entrecroisées. Les growls et autres hurlements sont assez classiques, je ne m’appesantirai donc pas sur ceux-ci. Cependant le chant clair risque fort de faire grincer des dents : il est impossible de ne pas faire le rapprochement avec Paul Masvidal (
Cynic), pourtant Quentin Stainer a eu le bon goût de ne pas charger sa voix en auto-tune et autres sons artificiels. Un bon point pour celui qui, comme moi, aime.
Passons maintenant à ce que j’ai le plus apprécié : les paroles bien compréhensibles qui se révèlent être de vraies réflexions et forment une histoire avec un commencement (« We, Experiment of
God »), une histoire, et une fin (« …
And So Fell the Last Leaves... »). La première chanson, qui veut arriver en douceur et nous fait entrer dans ce monde étrange, concerne la création de l’Homme par un dieu tristement humain, qui, à l’instar de Henry
Jekyll ou de Victor Frankenstein, devient la victime de sa propre création, victime de l'
Hybris. Nous assistons à la naissance d’une humanité viciée et lâchement abandonnée par son père, décrite comme un simple objet d’expérience ratée, une erreur, une anomalie.
J’aimerais également parler de la chanson «
The Locust Culture », avec une consonance plus orientale. Pour information, il s’agit de la « culture des sauterelles », ces insectes réputés pour leurs ravages dans les récoltes, notamment dans les dix plaies d’Égypte, un texte biblique. Pourtant le discours n’est pas celui d’un historien des religions, il est plus proche du regard du contemporain qui, de sa prise de recul, raconte son désespoir à voir l’être humain subir une évolution inverse et se contenter de vivre dans une médiocrité dictée par la société, à tel point que l’individu est noyé dans une masse informe et idiote, sans philosophie, aveuglée. Toutes les sauterelles ne se ressemblent-elles pas ?
Petite parenthèse sur la qualité des paroles, qui associent des idées mythiques à des problèmes modernes, un aller-retour constant entre passé et présent qui nous force à prendre du recul.
Comme je ne peux pas faire de chronique chanson par chanson, je vais directement parler du morceau éponyme : il s’agit de la conclusion du poète qui regrette à son tour son trop grand recul et nous explique la «
Derelict Earth » - la Terre abandonnée par l’Homme et son comportement condamnable. Dans une position presque écologiste, le compositeur se questionne sur le visage de l’avenir que façonnera l’humanité – ce rebut de Dieu, cette masse animale et ravageuse dénuée de réflexion malgré son évolution – et sa conclusion est toute faite.
Retour aux sources, retour au passé, retour à nos origines et notre folie pour mieux regarder les dernières feuilles tomber.
17/20.
Les longueurs m'ont étés pas mal reprochées, merci de le souligner, je fais un peu plus attention à ça pour le prochain !
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