Et un deuxième opus, sorti en 2010, pour la formation sludge/metalcore "
Kingdom of
Sorrow", qui n'en finit plus de nous impressionner. Cette oeuvre au caractère bien trempé s'intitule "Behind the Blackest Tears", ne cachant à peine les tonalités désabusées inclues au travers des pistes de cet album.
"
Kingdom of
Sorrow", dois-je vous le rappeler, est le fruit peu commun issu du duo de deux maîtres boxant dans deux catégorie différentes plus ou moins liées; mon premier à ma gauche, Le guitariste
Kirk Windstein, poids lourd du sludge, vainqueur par K.O avec "
Crowbar" et "
Down". Vous apercevrez à ma droite, le chanteur
Jamey Jasta , champion de metalcore avec "
Hatebreed". Réunir ces deux lascars dans un même ring promet quelque chose de fort. Et pour un deuxième combat les deux champions n'y vont pas avec le dos de la cuillère.
Celà cogne dur dès le premier tintement de cloche. "
Enlightened to
Extinction" utilise une rythmique contenue, planante et perceptiblement torturée. On est pas pour autant à l'abri de quelques salves mortelles de guitare. La pression augmente avec le chant violent et vociféré de
Jamey Jasta qui dévore ses paroles comme une succulente pitance jetée à un lion. Le groupe mise sur une approche agressive de sa musique d'entrée, histoire de rentrer dans le bain. Une fois bien échauffé, "
Kingdom of
Sorrow" se concentre et offre un jeu technique, très expressif, représentant efficacement diverses sentiments axés autour de la colère, le dégoût, dans une mélancolie librement choisie.
A la suite de "
Enlightened to
Extinction", l'écoute se fait plus attentive encore. "
God's Law in the
Devil's
Land" laisse une très forte impression. On est sidéré par l'excellence des riffs réguliers de guitares techniques, et surtout par cet entrecroisement de chants lancinants tout droit sortis des tripes.
L'album "Behind the Blackest Tears" enchaîne des pistes régulières, dans un rythme cadencé. Les guitares plutôt assez placides illustrent leur combativité par des riffs solides, avec des tonalités quasi-doomesques. La voix vociféré de Jamey agit comme de nombreuses morsures de serpents venant frapper violemment cette musique si imposante, lui inoculant tout son venin. C'est le constat que l'on peut faire sur des titres comme "
Monuments of
Ash", sur "Along the
Path to Ruin", ou encore avec "With Barely a Breath".
Guitares et chant se testent, se cherchent. Ils scrutent observant la moindre faille entre eux. On sent une montée de pression sur le titre de l'album "Behind the Blackest Tears". Le rythme est toujours aussi cadencé, mais le pas s'accélère bruyamment par endroits. La confrontation est inéluctable. Les chants perdent à la lutte et se fait légèrement supplanter par les guitares, bien appuyées par la batterie sur le titre "Envision the
Divide". Les chants pourtant extrêmement nerveux ne parviennent pas à prendre de vitesse les instruments, très à l'aise, s'exprimant par un air entraînant, toutefois haché par endroits.
Instruments et chants signent une trêve sur le excellent titre "From Heroes to
Dust". A l'entame de piste, des notes de guitare sont jouées dans une relative douceur. Les chants deviennent bizarrement harmonieux, mélodieux. Il faut toujours se montrer vigilant et méfiant sur ces paix que l'on perçoit déjà trop fragiles, car la sauce monte rapidement à la moindre incartade, pour s'estomper à nouveau dans un semblant de concorde.
Ce sera au tour du chant de prendre le dessus avec "The
Death we Owe". Les guitares sur des riffs solides se déplace avec sérénité sur la piste. Ce qui n'est pas le cas du chant plus violent encore. Les belligérants s'affrontent même par d'édifiantes courses de vitesse sur "Sleeping
Beast" et "
Salvation Denied". Sur ce dernier titre, le chant est poussé à l'extrême, redoutable et pris d'une ivresse de rage.
L'édition limitée de l'album ajoute à celà deux reprises intéressantes, mettant l'
Europe à l'honneur. "Soldiers of
Hell", reprise de "
Running Wild" relève d'une interprétation assez personnelle de la part de la formation américaine qui n'a pas envie de délaisser son propre registre. "No Class" supertitre de "Motörhead" a droit à plus de respect. Jamey tente du mieux qu'il peut de faire ressembler sa voix à celle de Lemmy Kilmister.
"Behind the Blackest Tears" confirme que "
Kingdom of
Sorrow" est un groupe à la frappe lourde, traçant son chemin durablement sur la scène du sludge. Le courant passe bien finalement entre
Jamey Jasta et
Kirk Windstein. On a le sentiment que ce duo de choc va faire encore beaucoup de dégâts à l'avenir.
16/20
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