L'oeuvre de
Hate Forest est
Purity, le disque de l'aboutissement d'un animal au sang bouillant. la bête cachée au beau milieu des futaies d'Europe de l'est peut rougir de son son moyen d'expression : Un
Black Death Lobotomisé, pratiquant avec adresse une hypnose simpliste mais obsédante.
Après la naissance d'un tel pavé dans la marre, la crainte d'un tournant grimaçant est universelle.
Mais Saenko est fidèle à lui-même. Le vieux loup colérique mue mais garde sa sombre robe. Les circonstances obligeant, il est sorti de sa tanière, parti en ermite vers un petit village reculé à l'abri des divergences urbaines dans un souci ethnique et identitaire radical.
Une fois sur place, l'homme s'adapte. Il a sorti son synthétiseur dans l'idée que quelques nappes nonchalantes feraient figure d'artifice caustique aux oreilles.
Ensuite, monsieur sort sa boîte à rythme et sa guitare mais au grand étonnement de tous, laisse ses peaux de côté pour revêtir un brillant costume de guerrier slave.
C'est alors qu'il commence à dessiner les champs de bataille. Les plaines apparaissent, la poussière monte, Roman invoque l'esprit de ceux qui ont combattu et péri ici. Il semble aimer la foule ; il en a même engagé la chorale pour chaque interlude.
En tant qu’amateur de musique ethnique et traditionnelle, je ne peux que rester bouche-bée devant l'authenticité de l'émotion traitée par les choristes. Sans chipotage ni rudiment, entêtants et puissants, leur beauté intrinsèque pousse à l'accompagnement des déclamations. Cette première messe funéraire, marque du penchant identitaire du disque construite sur trois couplets progressifs tristounets catapulte l'auditeur dans le milieu, prêt à subir la charge.
Cette escouade est caractérisée par des riffs lourds, très death metal mais dont la présence d'une boîte à rythme très bien ciselée donne une approche quasi doom.
La voix de Roman passant d'un guttural caverneux aux hurlements belliqueux se marie aussi avec les mids tempos angoissants du début que sous la cavalcade de grosse caisse.
Le clavier en revanche a prit place d'honneur et livre de lourdes nappes brumeuses, rehaussant par moment la tonalité.
Quatre passages de chorale, trois titres metal. Heureusement, ces dernier avoisinent chacun les 10 minutes, le temps pour nous de voyager au travers du cercle théâtral et conquérant de
Battlefields. Un disque dont la certaine grandiloquence pourrait rapidement séduire moult amateurs de musique sombre et expérimentale, voire même les inconditionnels admirateurs des ancêtres en drakkars malgré le contexte totalement étranger.
Malheureusement, si
Battlefields a tout pour attirer l'oreille au premier abord, son charisme répétitif peut vraiment saouler. Le côté très caverneux de l'ensemble en devient même dérangeant, et c'est souvent au moment crucial ou l'on se sent partir avec la galette, que tout retombe lamentablement. Celle-ci aurait pu sauver l'honneur vers la fin grâce à son mid tempo onirique, mais déjà là, la phase avec l'esprit tire sur la réserve.
En gros,
Battlefield est trop mou, ce malgré son homogénéité imperfectible, et le fait qu'il s'agisse d'un exemple de concept album en devient gênant. L'imagination de Roman Saenko débordant d'inventivité, aussi bien sur
Hate Forest que sur
Drudkh, semble montrer ses premières faiblesses sur ce dernier.
Un album sans réel avenir d'ailleurs, que Roman laissera unique dans sa discographie car un an plus tard, notre homme délaissera son uniforme militaire pour retourner hurler sa haine dans les bois sur
Sorrow.
Battelfield est donc une pièce indispensable dans la discographie de
Hate Forest. Il n'est certes pas transcendant, mais jouit de son arrangement déclamatoire et rêveur valant bien un petit crochet par chez lui.
Heuresement que les titres " metal " sont excelents .
Je pense que en ce moment , c'est un peu un phénomène de mode en Ukraine , d'être pro-patriote , étant donné que le pays n'est indépendant que depuis peu , et c'est pourquoi Nokturnal Mortum et autre Drudkh parlent énormèment de leur pays dans leurs paroles .
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