Parler de
Senmuth n’est pas une tâche aisée et découvrir sa discographie n’est pas moins compliqué. Valery Av, l’unique homme derrière ce projet démesuré sort constamment de nouveaux albums, qu’il met en téléchargement légal sur son site. Sa cadence est impressionnante et ce
Bark of Ra, sorti en 2007, n’est que le 22ème album sur une œuvre qui en compte à l’heure où j’écris ces lignes déjà 165 et ce en à peine dix ans d’existence ! Pour celui qui veut savoir par où commencer, il est donc difficile de faire un choix. Si ce projet musical vous intéresse, je vous propose de découvrir cet album.
Le thème favori de Valery Av, c’est l’égyptologie et l’archéologie et l’histoire en général. Les anciennes civilisations et leurs mythes sont un de ses thèmes favoris. Le plus souvent, ses albums tournent autour d’un thème unique. Ici, ça n’est pas le cas, puisque
Bark of Ra explorera plusieurs contrées et plusieurs temps, pour une variété d’ambiance qui rend cet album très agréable à écouter. On passera ainsi des Caraïbes (Way on Tortuga) au Mali (Djenne Mosque) en passant par l’extrême-Orient (Phnom Bakheng).
Le voyage que nous offre
Senmuth est très différent de ce qu’il proposait sur ce qui est l’un de ses albums les plus connus :
Sebek. Là où ce dernier était basé sur des gros riffs Industriels et où l’on retrouvait du chant,
Bark of Ra est bien différent. Premièrement, il est entièrement instrumental (comme la grande majorité des productions du russe, par ailleurs) et la guitare est très en retrait. On en entend régulièrement, de loin, mais son rôle est très limité. À l’exception de quelques passages où c’est elle qui joue la mélodie, elle n’est qu’un instrument parmi d’autres qui se borne à un rôle rythmique, quand elle n’est pas totalement absente. Ce sont les claviers et instrumentations Folk qui sont très avant.
Car c’est là que se trouve la richesse de cet album. En allant de destination en destination, on est accompagné par des sonorités différentes, qui n’empêchent cependant pas l’album de garder toute sa cohérence. Certes, les instruments folkloriques sont synthétiques, à l’exception de la tarka (une flûte traditionnelle bolivienne), mais la qualité du matériel de Valery Av fait qu’on s’y croit et que l’on peut voyager au fil des morceaux. Ainsi, sur des titres comme Kuvalaya-Dala ou Phnom Bakheng, on aura droit à des sons venus tout droit d’Asie du sud (instruments à corde, percussions…), alors que Djenne Mosque nous emportera avec ses sonorités venues tout droit du Sahel. Mention spéciale à
Mantra Lost Sun, avec ses chœurs bouddhistes/hindous, qui donnent une couleur mystique à la fin de l’album, alors que la guitare apporte un aspect grandiose à ce morceau qui conclue
Bark of Ra avec grande classe.
Certes, le côté instrumental n’aide pas à se plonger dans l’album, malgré son ambiance vraiment prenante et beaucoup regretteront que
Senmuth ne se montre pas plus musclé. Pour ces derniers, heureusement, il existe des albums bien plus métalliques et propres à les faire voyager avec brutalité (comme
Sebek, justement). Il est clair que ce projet musical n’est pas le meilleur de l’histoire, mais garder une telle qualité musicale tout en cumulant un nombre aussi impressionnant de sorties, c’est une performance louable.
Bark of Ra est un album idéal pour voyager, pour peu qu’on se prenne un peu au jeu.
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