Les Sons Of
Texas sont originaires de McAllen, petite ville de l'extrême sud du
Texas, là où la fin du
Rio Grande fait frontière avec le Mexique. Notre équipée sauvage a trouvé son équilibre en 2013, pour nous arriver aujourd'hui avec cinq sacrés gaillards : Mark Morales (chant), Mike Villarreal (batterie), Nick Villarreal (basse), Jon Olivarez (guitare rythmique) et Jes De Hoyos (guitare lead).
Ils débarquent avec «
Baptized in the Rio Grande », premier opus de ces fils d'une Amérique profonde, paru outre-Atlantique en début d'année (mars 2015). Après une longue tournée sur les routes de leur pays d'origine, leur album arrive en
Europe en novembre emporté par le label
Razor & Tie. Produit par Josh Wilbur (
Lamb Of God,
All That Remains,
Gojira), attendez-vous à un son qui avance comme une machine solide et bien huilée.
Histoire de changer l'ordre des choses, je ferai passer le calme avant la tempête. Si l'on observe la photo en couverture de l'album, elle nous inspire effectivement l'apaisement. Mais cette eau plate pourrait bien s'agiter et vous surprendre comme l'envol de cette colombe au-dessus des quatre croix plantées. Une nappe de mystère se cacherait-elle sous ces nuages bas qui assombrissent le fleuve sacré ?
Pour continuer dans cette atmosphère, je commencerai cette découverte par le single et titre éponyme, à savoir «
Baptized in the Rio Grande ». Choix très judicieux car vraiment représentatif de l'album. En effet, comme les eaux de ce célèbre fleuve, il est tantôt calme, tantôt agité, à l'image de la musique que peut nous donner ce groupe. Mais attention à ce simple titre qui pourrait constituer un piège en vous présentant un
Hard Rock au son bien rond et à la mélodie très clairement chantée. Mais, quoi dire d'autre sur ce single que l'on peut écouter depuis sa sortie aux USA, si ce n'est qu'il cache bien le jeu d'un album aussi percutant que les tons de la voix de Mark à la fin de ce morceau.
En effet, sa voix est tumultueuse comme les flots d'un
Rio Grande qui n'en finissent pas de séparer un état et un pays, symboles d'oppositions et de batailles fumeuses. Tantôt chantée, tantôt criée, tantôt hurlée, elle est toujours à la hauteur des rocks qu'elle rencontre. Il n'hésitera pas à vous asséner un refrain plutôt efficace avec un «
Blameshift » qui vous revient en tête sans savoir par quel chemin il est passé. Ou alors, sans vergogne, nous arrachera les tympans sur des titres assez Thrash comme « Drag the Blade ».
Voilà un style qui dénote un peu du traditionnel
Hard Rock me diriez-vous ? Et vous avez totalement raison. Il suffit d'écouter «
Nothing King » pour retrouver une tranche bien connue de rythmiques qui sont sans nous rappeler
Metallica, sans pour autant avoir à pâlir devant le «
King Nothing » du géant américain. Pour continuer sur la même route, «
Texas Trim » trace une épaisse ligne droite vers l'époque Load and
Reload. Vous l'aurez compris, côté riffs, l'efficacité et la puissance sont de rigueur. « Morals of the Helpless Kind » qui démarre sur un riffing tonitruant bien célèbre, emprunte une rythmique qui glisse sur les mêmes rails. Je tire mon chapeau au duo basse-batterie. On peut apprécier, de bout en bout, la précision et l'énergie de cette machine. La guitare qui gronde à intervalles réguliers n’est pas en reste. Comme si un éclair allait jaillir au travers des nuages menaçants, pour frapper une de ces croix dressées au milieu des eaux.
Le disque nous réserve également son lot de ballades. « Breathing
Through My
Wounds » en particulier, mais aussi « September », où l'intensité ne laisse pas la mélodie simplement morne et plate. D'ailleurs, la guitare, et particulièrement les solos, apportent, avec simplicité et intensité, une touche véritablement brillante à l'ensemble.
Vous commencez à comprendre le sens dans lequel coule cette rivière. Si vous vous attendiez à écouter un simple
Hard Rock identique à celui qui court dans les murs ou, autrement dit, un simple courant alternatif, vous risquez l'électrochoc, voire l'hydrocution. En effet, en inversant le cours de la lecture, je vous réserve le meilleur pour la fin. «
Never Bury the
Hatchet » risque de vous retourner comme une brindille qui flotte tranquillement et rencontrant un torrent énervé. Ce titre avance un Groove
Metal explosif, aux limites du Metalcore. Il pourrait bien surprendre le commun des mortels voués aux classiques chemins vers les enfers.
Avec cet album on comprend que les Sons of
Texas posent un son plus qu'un concept. Ils naviguent dans le triangle
Hard Rock, Thrash et Groove
Metal. Si vous aimez être bousculé par ce type de tempête, n'hésitez pas à monter dans ce navire. Néanmoins, gare à l'efficacité de leur musique. Car, que subsistera-t-il dans vos têtes après le passage de ce cyclone ? Une remarque à la fois négative et positive pourront dire certains. En effet, il manque peut-être cette touche d'originalité et ce petit supplément d'âme qui marquerait la vôtre. Mais n'oubliez pas que nous assistons là à la naissance de leur premier né, et au baptême d'un public qui, passée une première écoute déroutante, appréciera les quelques pépites qui ressortent du fin fond de ce fils du
Texas.
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