Liste des groupes Thrash Metal Poltergeist Back to Haunt

Poltergeist est originaire de Bâle en Suisse. Arrivé un peu après la bataille à la fin des années 80, le groupe a pondu trois albums, dont les deux premiers (Depression et Behind The Mask - plutôt bien faits mais aucunement mémorables) sont sortis en 1989 et 1991 et connus des invétérés fans qui n'ont pas exclusivement baigné dans la marmite deathmetal ô combien bouillonnante de cette période. 22 ans après le split de la formation, la paire V.O. Pulver / André Grieder (guitares, chant et rescapés de la première vie du gang) propose un album malicieusement nommé Back to Haunt, pour une durée de plus de 57 minutes, bonus track inclus. Le label Pure Steel Records sort l'album en format CD, et le dote d'une production claire et précise, accompagné d'une pochette pour le moins colorée ornée du logo d'origine.

Si le premier titre éponyme délivre un thrash assez mélodique et relativement accrocheur, la paire ""Gone And Forgotten" / "Patterns In The Sky" constitue une doublette fort réussie. Un thrashmetal rapide, vif tout en restant mélodique (un bon point aux vocaux de André Grieder, modulés et expressifs) et direct. Les riffs, acérés et énergiques contrebalancent un flow vocal intéressant, et si la section rythmique fait le boulot, les soli lumineux sont également à signaler. Deux excellents titres, laissant augurer d'un album apte à concurrencer un Death Angel sur ses propres terres. Couplets intéressants, refrains prenants, et mélodies omniprésentes. Une franche et belle surprise.

L'album ne tient toutefois pas la distance tout du long, et le principal reproche en son temps fait au groupe ressort ici quelque peu. Le manque de personnalité se fait ressentir à travers des titres trop marqués par le sceau de leurs influences. Un peu comme si Poltergeist avait hésité sur la marche à suivre pour se réinventer. Le Exodusien "So It Has Begun", le Mustainien période Countdown To Extinction "Flee From Today", ou le Anthraxesque dernière période "The Pillars Of Creation", par exemple, plutôt bons en soi mais à la limite de la caricature, n'aideront pas Poltergeist à se défaire de l'étiquette de groupe plus américain que suisse, et surtout trop proche de certaines grosses pointures de la scène. Les rythmiques mélodiques et des vocaux parfois à la limite du plagiat de Grieder prêteront à sourire sur ces morceaux. L'ombre d'un Testament ou d'un Nevermore qui aurait renié le modernisme plane parfois également, au gré d'arrangements menés avec brio. Le final "Beyond The Realms Of Time", avec son intro acoustique mystérieuse, ses "hohohoo" entonnés qui feront mouche live, et sa structure efficace finit l'album avec classe, mais sans atteindre le niveau de la première partie du disque. Si le reste des titres non cités précédemment fait bonne figure, bonus track inclus, avec toujours des soli impeccables (un vrai régal à l'écoute - avis aux amateurs), l'album ne provoquera sans doute pas l'impact escompté à l'écoute de son entame.

L'album du retour de Poltergeist fera plaisir aux fans du groupe (rappelons le remplacement de Shmier de Destruction sur l'album Cracked Brain par Grieder, qui a donné une vraie carte de visite aux Suisses), il pourra constituer également une excellente porte d'entrée au néophyte dans ce style, tant l'abécédaire du petit thrasher mélodique sera facilement identifiable. Album agréable, au même titre qu'un récent Artillery, dans un style similaire, Poltergeist pourrait demander la naturalisation américaine à la Maison Blanche que personne n'y trouverait à redire. Pas sûr que ça soit le meilleur chemin vers le succès d'un album plaisant à défaut d'être le retour coup de poing que son si percutant début laissait augurer.