Liste des groupes Folk Pagan Asmegin Arv

Une mauvaise opération, une grande déception; tels ont été mes premiers sentiments, mes premières réactions après la première écoute du second album d’Ásmegin, dénommé Arv (héritage). Cinq ans ont passés depuis la sortie du premier album, cinq ans passés à attendre (impatiemment) ce second album.
Après la découverte de l’immense Hin Vordende Sod og Sø, qui à selon mois révolutionné la scène folk en cette année 2003, j’avais mis beaucoup d’espoir sur ce deuxième album, que j’espérais évidemment être le digne successeur de HVSOS.
Si la barre était très haute dès le départ, je m’attendais à un deuxième album au moins aussi bon, sinon mieux. Mais est-ce si facile de de dépasser le chef d’œuvre ?
Malheureusement ça n’a pas été le cas. Les deux albums sont si différents l’un de l’autre, si diamétralement opposés que je me demande si on peut vraiment les comparer.


Cet être mi-troll mi-sorcier tout d’abord, signé Fredrik Rahmqvist, qui ornait la pochette du premier album a laissé ici sa place à un paysage de lacs et de forets. Paysage typiquement norvégiens en somme qui présage, à moins que les apparences ne soient trompeuses, quelque chose de plus calme, d’assagit. Après quelques recherches j’apprends d’ailleurs qu’il s’agit d’une forêt proche de Jevnaker, dans laquelle certains éléments de ce nouvel album ont d’ailleurs été enregistrés.

Je m’étais posé beaucoup de questions sur l’évolution de leur musique quand j’ai appris, il y a un an, qu’en plus des musiciens de sessions, d’autres membres avaient quitté la formation, notamment Lars Nedland, et Ingvild Johannsen plus connu en tant que Sareeta. Le violon n’a pas disparu avec elle puisque Karolin Broosch prend le relais, mais ses cris, ses hurlements, qui surgissaient parfois dans Hin Vordende Sod og Sø ne sont plus ! Les voix, justement, c’est selon moi le point faible de ce nouvel opus. Elles qui étaient si nombreuses et si variées sur HVSOS, formant un tout homogène et savoureux. Seulement le line-up à changé, beaucoup changé même, vu qu’il est passé d’une quinzaine de membres à seulement quatre, Lars Fredrik, Erik, Raymond, et le Marius, désormais seul membre original de la formation. Les chants, si multiples autrefois sont donc maintenant tous assurés par Erik Rassmussen, ainsi que par Anne Marie Hveding et Gunhild Hovden Kvangarsnes.

Ses voix féminines ne seront d’ailleurs pas sans rappeler, notamment sur Prunkende, Stolt i Jokumsol, celle de Stine Marie Langstrand (de Lumsk) très similaire. Prunkende est d’ailleurs l’occasion de créer un lien de comparaison avec HVSOS. En effet, ce titre se rapproche de "Huldradans - Hin Grønnkledde" qui ne comportait également qu’un chant féminin. En écoutant ces deux pistes on se rend mieux compte du changement qui a opéré dans la musique d’Ásmegin. La même comparaison peut être faite entre les premiers titres de ces deux albums. L’énergie d’Af Helvegum, Efterbyrden, Valgalder, a disparue. Hin Vordende Sod & Sø avait un côté mystérieux, effrayant, angoissant, très présent même dans le superbe interlude Slit Livets Baand. Arv est beaucoup plus posé, plus calme. La pochette illustre donc bel et bien le contenu de l’album.

Mais alors que s’est-il passé ? Pourquoi tant de différences entre ces deux albums ? Les cinq ans qui les séparent sont ils seuls responsables de ce contraste saisissant entre la bête qu’était HVSOS et le tranquille Arv ? Enfin, pourquoi l’album, pendant un temps présenté comme un double album du nom de Tusind Tabte Siaeles Kakofoni s’est transformé en un simple album contenant 8 titres, pour à peine plus de 40 minutes ? Quelques jours plus tard Marius Olaussen éclairera la situation.

Suite à l’enthousiasme suscité avec la sortie de HVSOS, Marius et sa bande on commencé à planché sur son successeur, Tusind Tabte Siaeles Kakofoni, un double album. Cependant, les membres d’Ásmegin étant connu comme pas très productifs, sont en réalités très perfectionniste et l’explication commence ici. Il leur aura fallu en effet près de deux ans… pour écrire les textes de ce nouvel album, on peut donc facilement imaginer que l’enregistrement s’avèrera également très long.
Ainsi, quand cinq ans après la sortie de HVSOS Napalm Records, impatient, leur réclame fin mai 2008 un album qui doit être prêt pour une sortie avant la fin de l’année, les membres d’Ásmegin, déboussolés, n’imaginent pas un seul instant sortir dans la précipitation la première partie de Tusind Tabte qui nécessite encore des mois de travail. Aussi, au pied du mur et avec la pression de Napalm Records, les quatre membres décident de stopper le projet Tusind Tabte, et de se lancer malgré eux, dans l’écriture d’un album de "substitution" comme Marius l’appellera d’ailleurs. Arv, est donc le fruit de ce pari risqué qu’était d’écrire et d’enregistrer un album en quelques mois seulement.
On apprendra donc que l’album a été écrit et enregistré en seulement trois mois, de juin à aout, et mixé en l’espace d’une seule nuit avant la deadline imposé par le label.

Là est donc toute l’explication. L’album à été créé et enregistré en trois mois seulement, d’où l’impression de "simplicité" qu’il donne en comparaison à l’album précédent. Arv est plus brut de décoffrage, en partie inachevé, certaines lignes de guitares et de chants notamment n’ayant même pas été enregistrées fautes de temps. Sachant tout cela, on peut donc au final leur tirer notre chapeau. Car si dans l’ensemble le côté folk est moins accentué, l’album est loin d’être mauvais, très loin. Il est moins complexe certes, mais pas si simple, il nécessitera quand même du temps et de nombreuses écoutes pour se révéler entièrement.
Si aux premières écoutes il peut sembler assez monotone, voir ennuyeux au fur et à mesure qu’on approche de la fin, on se rendra compte, après plusieurs écoutes qu’en fait l’album est très varié. Si les deux premières pistes sont assez proche l’une de l’autre, Generalen og Troldharen se révèlera beaucoup plus enjoué, plus dynamique. Arv, le titre phare, se révèlera quant à lui beaucoup plus agressif, quand Yndifall et Gengangeren seront plus progressif. Enfin, Prunkende est un interlude, petite ballade laissant place au chant d’Anne Marie Hveding, avant En Myrmylne, le dernier titre, surfant sur un côté plus progressif, et même doom mêlant toujours les chants féminins avec le chant plus agressif d’Erik.


Les titres à retenir seront selon moi Hjertebrand, Generalen og Troldharen, le superbe Arv et En Myrmylne.
Si dans son ensemble l’album est beaucoup moins fougueux que le premier, moins mémorable, il est au final très bien construit et très plaisant, on regrettera juste ce côté exagérément folklorique et enjoué de Hin Vordende Sod og Sø.
Au moment où j’écris cette chronique je regrette certes la potion magique des débuts, j’attendais plus de cet album. Mais, n’étant pas si mauvais, et surtout étant au final qu’un album de substitution pour reprendre les termes du groupe, cela n’entame en rien le culte que je voue à ce groupe, et espère que le très prometteur double album arrivera bientôt.

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Katla