Balrog avait explosé dans le monde controversé du black metal il y a 2 ans de cela avec le très Black/Death "
Bestial Satanic Terror", concentré de musique brutale, névrosée et rapide à souhait.
En ce 21 octobre 2007, le combo Parisien exécute sa sentence et donne naissance à son nouveau rejeton : il se nomme "Ars Talionis".
Une évolution énorme a été effectuée depuis leur dernier ouvrage, et cette œuvre, au premier abord fait sonner une grande densité et complexité. Difficile de décrire une musique aussi technique et crade à la fois.
L'album se compose de 12 plages dont une reprise de
Deicide et le culte "A Call from the Grave" de
Bathory.
Cet album est sale, reste brutal car cela reste la marque de fabrique de
Balrog, et tout n'est que négativité. En réalité il n'y a aucun moment de répit, les blast beats sont omniprésents, la voix de Sébastien Tuvi crache et se brise, délivre et agresse, le tout est difficilement encaissable à la première écoute, à la manière d'un "World Without
End" de
Katharsis ou d'un "
Salvation" de
Funeral Mist. Concentré de haine et de sadisme, "Ars Talionis" ou l'art de la riposte, de la contre-attaque. En effet cet album est une attaque envers l'homme et le dégoût immense qu'il peut inspirer à Sébastien Tuvi, âme pensante du groupe. Aucun compromis, cet album n'est pas fait dans le but de plaire à tel ou tel public léthargique et sans cervelle, et le tout, bien que particulier et terriblement malsain et agressif, sonne vraiment authentique et sincère dans sa démarche.
Les inspirations principales sont le sadisme, le totalitarisme, le plaisir de donner la mort, de faire souffrir et de transformer son acte en art.
On démarre sur "Le chant des anges de la
Mort", introduction parfaitement à l'image du reste de l'œuvre. Tout n'est que cris et hurlements, bruits distordus et sons dissonants, comme si l'enfer nous ouvrait ses portes fumantes et démesurées. Et ainsi "Le baiser du Fouet" suit cette continuité et démarre sur des cris sans compromis et des riffs acérés. Le roulement ininterrompu du batteur écrase encore et encore, l'auditeur n'est que la victime de ses péchés et paie le prix d'exister sans avoir rien demandé, on est agressé, violenté, maltraité. Mais le pire c'est que cela nous plait.
L'album retranscrit la vision que peut avoir le leader de l'être humain, et on prend presque peur tant son âme doit être torturée.
Un certain nombre de textes sont en français, on nous montre que le combo n'a pas peur de prendre des risques, à la manière de groupe tel qu'
Animus Herilis.
Tout n'est que colère, dépravation, et les titres tous plus significatifs les uns que les autres assènent leur dose de folie dans nos veines fragiles.
"De Sade" ou le maître du sadisme, "Acquiescence" ou la domination et le consentement face à l'autre, "A Murder for the Art" ou la retranscription d'un acte de barbarie en art et développement personnel, "All
Life will Turn into Death" ou la volonté de destruction de toute vie, "The Left
Hand of
God" ou comment ce soit disant Dieu est à l'œuvre et guide les évènements avec sa main gauche, comptant employer la vengeance et la justice à bon escient, "Lolth" ou reine-araignée, représentation du mal absolu et de la cruauté.
Un minimum de "triggers" a été utilisé, des samples "vintage" également, le son de la batterie reste relativement acoustique mais propre à la fois, et il n'y a eut au studio B.S.T. ou fut enregistré "Ars Talionis" qu'une seule prise par guitariste pour garder un rendu proche du son live.
La production suit cette ligne directrice, elle est à la fois crade et puissante, malsaine et cinglante, comme la lame qui vous tranche froidement la gorge durant votre sommeil.
Cette galette éveille en nous les pires pensées refoulées la plupart du temps ; on se plait à être pour une fois cruel et sans conscience aucune face à nos actes de vengeance, de haine, de désespoir, primitifs...
L'humain ici retourne à la source de ce qu'il fut et de ce qui le guidera toujours à travers le temps qui passe, les époques qui se déroulent sous nos yeux contemplatifs : survivre, tuer ou être tué, ne vivre que pour soi et ne penser qu'à ses désirs, même les pires.
On retourne alors à l'individualisme, ligne de conduite présente depuis toujours dans le black metal.
L'idée du mal est en chacun de nous, il existe pour le pire ou bien le meilleur, la destruction du corps et de l'âme guide notre être sans défense dans ce périple étrange et démoniaque à souhait.
Psychotique, dérangé, minimaliste, complexe et sincère, "Ars Talionis-The Art of
Retaliation" est une œuvre pour laquelle il vous faudra plusieurs écoutes pour percer à jour toutes les émotions qu'il procure et tous les innombrables détails qui font sa force.
Une œuvre à découvrir...
Kvar...
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