Après une première rencontre prometteuse mais inégale, Allen et Olzon reviennent deux ans plus tard avec "
Army of Dreamers", un second album qui ne cherche pas à révolutionner leur formule, mais à mieux la maîtriser. Le titre donne le ton : moins conflictuel que "
Worlds Apart", ce nouveau disque évoque une alliance, une armée invisible portée par la foi en quelque chose de plus grand. Une forme de résistance douce, presque candide, contre le cynisme ambiant.
Et en effet, tout ici semble plus apaisé, plus assumé. Dès le morceau d’ouverture — également titre de l’album — on sent que les voix se fondent l’une dans l’autre avec plus de souplesse. Allen abandonne un peu de sa théâtralité quand Olzon, elle, gagne en intensité. Il n’est plus question de confrontation vocale, mais de tissage. L’écriture suit cette logique : chaque morceau cherche à construire un lien, une montée progressive, un équilibre entre émotion et énergie.
Musicalement, "
Army of Dreamers" est d’une cohérence indéniable. La patte de
Magnus Karlsson est toujours aussi reconnaissable : guitares claires, riffs classiques mais efficaces, claviers en arrière-plan pour arrondir les angles. Le problème, c’est que cette homogénéité devient parfois trop sage. L’album déroule ses douze titres sans véritable faille, mais sans non plus provoquer d’électrochoc. À force de vouloir lisser les contrastes, le disque finit par manquer d’aspérités.
Cela dit, certains morceaux tirent leur épingle du jeu. “Out of
Nowhere” ravive l’énergie brute qui manquait parfois au premier opus. “All Alone” et “
I Am Gone”, pour leur part, montrent que le duo peut toucher juste dans des registres plus intimes. Mais c’est surtout dans l’harmonie globale que l’album réussit son pari : "
Army of Dreamers" est fluide, accessible, bien produit, sans temps mort — une qualité trop rare dans les collaborations de ce type, souvent bancales.
Pour autant, le disque reste prisonnier d’un formatage typique des productions Frontiers. Les morceaux sont calibrés pour l’efficacité immédiate, les structures parfois prévisibles, et l’on ressent un certain frein à l’expérimentation. Ce n’est pas un album qui cherche à bouleverser les codes du genre, ni à pousser ses interprètes dans leurs retranchements. C’est un album qui fonctionne, mais qui ne cherche pas à étonner.
En conclusion : "
Army of Dreamers" est un pas en avant dans la collaboration Allen/Olzon : plus fluide, plus homogène, plus complice. Mais il reste un album de confort, plus séduisant que marquant, plus soigné que vibrant. Une œuvre honnête, portée par deux voix talentueuses, qui mériterait à l’avenir de s’affranchir des cadres pour rêver plus fort encore.
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