Ha merde, 1988.
La Pologne, berceau de certaines des plus redoutables formations de death metal, qui a vu naître entre autre les monstres
Vader,
Behemoth et
Decapitated, ou dans un style plus symphonique
Vesania (qui, oh miracle accueille dans ses rangs Daray et
Orion, membres respectifs des deux premiers groupes suscités…), et j’en passe.
Donc oui, 1988. Aux côtés de
Vader,
Trauma fait figure de vétérans parmi la petite scène fourmillante des pays de l’Est. Pourtant ce n’est justement pas le premier groupe qui nous vient à l’esprit quand on cite la Pologne. Resté dans l’ombre de son compatriote pendant une petite vingtaine d’années,
Trauma s’est fait remarquer ci et là, avec un excellent album du nom d’
Imperfect Like a God, ainsi que son successeur
Determination, mais n’a jamais vraiment percé plus haut. Dommage, car le death corrosif de ILAG fut rempli de bonnes idées, mettant l’accent sur un enchaînement constant de rythmes au groove incroyable et percutants sur tout l’album. Mais c’est une autre histoire.
Empaqueté dans un fort joli digipack,
Archetype of Chaos démarre sur les chapeaux de roues avec un Cortex Deformation (plus une petite intro instrumentale) agressif et sans concessions. Blasts, breaks et riffs fracassants, refrain simple et ancré dans la tête dès les premières écoutes, la machine est parfaitement huilée, servie par la production impeccable (peut-être un poil trop synthétique) de Herzt Studios donnant une puissance phénoménale à l’ensemble. Robert Jarymowciz (retenez-le, je ne l’écrirai qu’une seule fois !) possède un growl profond tout à fait adapté à la musique et aux textes (le monde actuel passé à la moulinette sur fond de guerres et d’industrialisation toujours croissante) du groupe, même si on peut lui reprocher un manque de modulations et de variations dans son chant. C’est donc à coup de changements de tempi et d’un travail sur la construction de riffs bien sentis (A
Dying World,
War Machine,
Destruction Of The
Demented World) que le groupe nous sert un death metal technique, mais privilégiant avant tout l’efficacité plutôt que les démonstrations inutiles.
En fait, cet album serait presque parfait si
Trauma n‘avait pas eu cette sale idée de rallonger ses titres en les alourdissant par des breaks en mid-tempo ou des samples (synthés, quelques notes orientales) très peu inspirés et vite ennuyeux. The Slime,
The Truth Murder ou
Portrait Of The
Lies deviennent vite pénibles à écouter, malgré des débuts prenants et certains passages vraiment efficaces. Des titres (et les autres sont aussi comme cela, dans une moindre mesure) qui sont par conséquent assez décousus et manquent d’inspiration. Dommage, car en les amputant de quelques minutes, l’album aurait gagné en efficacité et qualité.
Peut-être trop propre, trop appliqué et manquant de folie,
Archetype of Chaos est passé relativement inaperçu en cette année 2010. J’ai l’impression que
Trauma a tout le talent nécessaire pour composer des albums de haute volée (et les précédents sont là pour me le confirmer), mais n’arrivera sans doute jamais à dépasser le stade de second couteau face aux mastodontes qu’il a en voisins. Wait and see, mais il va falloir faire preuve d’un peu plus d’inventivité et de hargne pour se démarquer sur une scène de plus en plus saturée (sans mauvais jeux de mots).
(PS : Ha oui, et pour les amateurs de vinyles,
Witching Hour Productions a sorti l’album en édition LP au design fabuleux limité à 500 copies, dépêchez-vous !)
Certainement un tort donc. Je vais ressortir ce Determination, et peut etre le redécouvrir
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