Fondés en
1994, les Américains d’
Agoraphobic Nosebleed sont actifs depuis plus de 20 ans au sein du microcosme du metal extrême. Le combo marqua le milieu, d’abord, pour ne posséder aucun batteur et d’avoir publié « Alterd States Of America » (2003) et «
Agorapocalypse » (2009), le premier doté de 100 titres pour une durée de 20 minutes et, le second étant une pure tuerie.
Agoraphobic Nosebleed officie dans un grind déjanté d’une violence sans limites, et leur dernier glaviot est sorti depuis sept longues années. Dire que l’attente fut longue est un doux euphémisme même si la formation a publié, comme à son habitude, une multitude de split et de Ep. En ce début de cette quatrième année post-apocalyptique,
Agoraphobic Nosebleed décide de ressortir la planche à découper, via Relapse Records, mais toujours au travers d’un format court, intitulé «
Arc ».
«
Arc » ne sera pas orphelin car, à l’instar de
Cryptopsy,
Agoraphobic Nosebleed choisit la publication d’une série d’Ep, sans doute afin de limiter les coûts et de pouvoir occuper le terrain sonore sur une longue durée en apportant, de façon régulière, de nouveaux morceaux. A savoir que chaque Ep sera dans un style différent, chacun représentant les différents membres de la formation. Mais au regard de l’artwork, il y a quelque chose qui cloche. L’imagerie, magnifique au demeurant, signée Eric Lacombe, n’est pas à l’avenant de ce que le groupe avait l’habitude de proposer, celle-ci est beaucoup plus sombre qu’auparavant. Aussi, un coup d’œil au tracklist, confirmera les doutes pressentis, avec un allongement probant de la durée des morceaux, oscillant entre 7 et 11 minutes. C’est donc avec une anxiété non dissimulée que votre serviteur aborde la découverte de ce disque et...
...que le choc fut rude, car ici, point de blast-beat à l’horizon, «
Arc » donne dans une pure veine doom/sludge, lourd et poisseux. Dès « Not A Daughter », une enclume de 30 tonnes nous tombe sur le coin de notre faciès incrédule et la douleur est paradoxalement délicieuse. La rythmique y est tantôt pachydermique, tantôt rampante et sinueuse, l’atmosphère est moite au possible et le son dégouline de gras avec une place prépondérante pour la basse.
Il en sera question tout au long de l’opus. Les titres à tiroirs se succèdent mais pas la moindre longueur n’est à déplorer,
Agoraphobic Nosebleed, même s’il a considérablement ralenti le tempo, a réussi à conserver son côté sauvage et malsain, notamment au travers des éructations de
Kat, dont on se demande comment un aussi petit bout de femme peut vociférer aussi fort et, de façon aussi haineuse et rageuse, le tout, empreint d’une certaine souffrance. Il faut dire que la ptit dame s’est chargée des paroles en y racontant ses jeunes années passées aux côtés d’une mère atteinte d’un cancer et de schizophrénie, donnant à l’ensemble une coloration très sombre. La manufacture à riffs est également ouverte avec un clin d’œil évident à
Black Sabbath, notamment sur la partie médiane de « Deathbed », qui lorgne quelque peu sur le mythique «
Iron Man ».
Même si l’ensemble est d’une qualité intrinsèque plus que sympathique, force est de constater que «
Arc » officie dans un bon suldge/doom mais ne brille pas par son originalité. Aussi, le bouleversement musical abrupt sera clairement dur à encaisser pour les puristes du genre et du groupe, l’écart de style étant tellement vaste qu’il est certain que bon nombre d’entre eux resteront sur le bord du caveau, à moins de posséder une grande ouverture d’esprit.
La prise de risques est maximale avec «
Arc » et le pari s’avère plutôt réussi.
Agoraphobic Nosebleed fait exploser les codes et prend ses libertés vis-à-vis du style initialement pratiqué, évitant de s’enfermer dans un carcan et s’ouvrant, par la même occasion, à de nouveaux horizons. Malgré la faible quantité de morceaux que renferme ce disque (votre serviteur aurait bien pris un peu de rabe), sa durée avoisine cependant celle de ces méfaits full-length, mais le manque d’originalité atténuera mon enthousiasme. Quatre Ep de quatre styles différents, les purs et durs n’ont pas fini de grincer des dents (ou de se faire des cheveux, c’est au choix), espérons juste qu’
Agoraphobic Nosebleed ne s’attaquera pas à l’exercice du Sleaze/glam, car il ne faut pas pousser mémé dans les orties.
Après forcément, ça se rapproche plus de mes styles de prédilection (et également du style initiale de la chanteuse avec son groupe Salomé)
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