Impulsé par un frissonnant et gracieux premier album studio, «
Burning the Night », et mû par un vent d'inspiration renouvelé, le duo croate, né sous l'impulsion commune du pluri instrumentiste Marin Tramontana et de sa femme, Katarina, chanteuse au cristallin grain de voix assorti de puissantes inflexions (dans le sillage de Cristina Scabbia (
Lacuna Coil)), revient dans la course deux ans plus tard. Resté prudent dans sa démarche, ce dernier sort tout d'abord deux singles («
Cyanide » et «
Sister Moon ») quelques semaines préalablement à un second opus répondant au nom de «
Another World ». Aussi, effeuille-t-on une auto-production de dix plages, dont les deux singles en question, égrainées sur une bande auditive de 40 minutes. Une œuvre aussi subtile qu'enivrante à laquelle les talents et l'expérience du batteur
Hugo Ribeiro (
Moonspell,
Godvlad,
Desolate Plains) ont été mis à contribution. Excusez du peu ! Cela étant, ce nouvel élan permettrait-il à nos acolytes d'opposer une farouche résistance face à leurs si nombreux challengers ? Cette fraîche livraison serait-elle susceptible de porter dès lors le collectif parmi les valeurs montantes du metal atmosphérique gothique à chant féminin ?
Dans cette aventure, nos compères nous plongent à nouveau au cœur d'un espace rock'n'metal atmosphérique gothique où cohabitent impulsivité, mystère, infinie délicatesse et romantisme, où les sources d'influence seraient là encore à chercher du côté de
Lacuna Coil,
Autumn,
The Gathering, Vetrar
Draugurinn et
Dying Passion. Lui aussi composé et arrangé par Marin et écrit par Katarina, ce second méfait jouit, en outre, d'une production d'ensemble difficile à prendre en défaut. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, mixage et mastering ont à nouveau été réalisés aux Slaughtered studio, à Moscou, sous la houlette du producteur, compositeur, et batteur/claviériste Theodor Borovski ((
Second To Sun,
The Lust, Goot...), également connu pour avoir assuré la production d'albums de Age Of
Rage,
Dissector,
Alkonost,
Drunemeton, entre autres). En découlent un mix parfaitement équilibré ainsi qu'une saisissante profondeur de champ acoustique assortie de finitions passées au crible. Mais montons sans plus attendre à bord du navire en quête de pépites intimement cachées dans ses entrailles...
Si ses pistes enfiévrées se font à la fois plus rares que celles de son prédécesseur et minoritaires dans son set de compositions, ce second élan n'en réserve pas moins de sémillantes propositions. Ce qu'atteste, d'une part, « Mistaken » frissonnant up tempo aux riffs de guitare crochetés d'inspiration brit pop ; dans la veine coalisée de
The Gathering et
Dying Passion, ce pulsionnel et élégant effort recèle une mélodicité toute de fines nuances cousue sur laquelle se calent les chatoyantes impulsions de la sirène. Dans cette dynamique, «
Never Again » se pose, lui, tel un frondeur mais nullement désarçonnant méfait. Déversant ses riffs corrosifs sur une sente mélodique, certes, convenue mais des plus efficaces, et n'ayant de cesse de nous asséner de virulents coups de boutoir, ce tempétueux effort générera assurément un headbang bien senti et quasi ininterrompu. Mais le magicien aurait d'autres dans sa manche, et des meilleurs...
On l'aura compris, c'est sur une cadence mesurée que s'effectue le plus clair de la traversée, nos compères en profitant livrant pour nous adresser quelques pépites dont il a le secret. Ainsi, c'est d'un battement de cils que le tympan sera happé sous l'impact du refrain immersif à souhait exhalant des entrailles de « Shattered
Illusion », enivrant mid tempo au carrefour entre
The Gathering et
Lacuna Coil ; doté de riffs ronronnants, pourvu de subtils harmoniques et mis en exergue par les troublants médiums de la déesse, ce hit en puissance ne se quittera qu'à regret. Dans cette énergie, au regard de ses enchaînements intra piste des plus sécurisés, l'entraînant mid tempo « Shadows Still Align » ne saurait davantage être éludé.
Sur un même modus operandi mais plus ''autumniens'' en l'âme, d'autres plages pourront non moins nous retenir plus que de raison. Ce que prouvent « Your Name » comme «
Sister Moon », invitants mid tempi au carrefour entre
Autumn et Vetrar
Draugurinn ; recelant de vibrants riffs de guitare d'inspiration brit pop, ces chatoyantes offrandes égrainent toutes deux des couplets finement ciselés et d'envoûtants schèmes d'accords ; soulignés par les limpides et magnétiques oscillations de la belle, ces deux fringants manifestes pousseront à y revenir en fin de parcours, histoire de plonger à nouveau de ces rondes de saveurs exquises.
Répondant à un souhait d'unification des tendances, certains passages de cet acabit se font à la fois ''lacunacoilesques'' et ''autumniens'', avec pour effet de nous assigner à résidence. Dans cette catégorie s'inscrit, en premier lieu «
Cyanide », fringant mid tempo aux grisants gimmicks guitaristiques et investi d'un refrain catchy encensé par les fluides ondulations de la princesse. Non moins engageant, le félin et néanmoins cadencé « Only
Darkness Remains » révèle des couplets d'une infinie délicatesse, à l'aune d'arpèges d'accords finement sculptés et des plus enivrants ; une ''tubesque'' offrande qui, assurément, poussera le chaland à une remise du couvert sitôt l'ultime mesure envolée.
Lorsque nos compères nious mènent en d'intimistes espaces, ils se révèlent à nouveau aptes à aspirer le pavillon sans avoir à forcer le trait. A commencer par « Indifference Begins », ballade atmosphérique gothique aux riffs crayeux et d'une confondante fluidité mélodique ; dotée de fondants refrains mis habit de soie par les pénétrantes volutes de la maîtresse de cérémonie, cette soyeuse aubade dans la mouvance de Vetrar
Draugurinn comblera assurément les attentes de l'aficionado de moments intimistes. « Watching the
Night Go By », pour sa part, s'illustre telle une ballade romantique jusqu'au bout des ongles, pourvue d'ensorcelants harmoniques corroborés de seyants gimmicks guitaristiques et, là encore, encensée par les hypnotiques patines de la diva.
Le temps a, semble-t-il, plaidé en la faveur de la formation croate : ayant esquissé un projet à la fois troublant, empreint de délicatesse, un brin romanesque, cette dernière l'a assorti d'une production d'ensemble coulée dans le bronze. Etat de fait susceptible de pousser le chaland à effectuer d'un seul tenant la traversée d'une mer limpide et aujourd'hui plus apaisante qu'hier. A l'instar de sa devancière, cette offrande fait montre d'une technicité instrumentale et vocale maîtrisée et de la féconde inspiration mélodique de ses auteurs, sans accuser l'ombre d'un bémol harmonique.
D'aucuns, pour se sustenter, auraient espéré une offre un poil plus étoffée en matière d'exercices de style et quelques prises de risques supplémentaires. De relatives carences compensées par des séries d'accords dorénavant plus personnelles et, pour certaines, des plus ensorcelantes. Bref, un second mouvement racé, intimiste et éminemment pénétrant, apte à propulser dès lors nos acolytes parmi les valeurs montantes de ce concurrentiel espace metal. Affaire à suivre, donc...
Note : 15,5/20
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