« Mettons qu’une machine supra-intelligente soit une machine capable dans tous les domaines d’activités intellectuelles de grandement surpasser un humain, aussi brillant soit-il. Comme la conception de telles machines est l’une de ces activités intellectuelles, une machine supra-intelligente pourrait concevoir des machines encore meilleures ; il y aurait alors sans conteste une “explosion d’intelligence”, et l’intelligence humaine serait très vite dépassée. Ainsi, l’invention de la première machine supra-intelligente est la dernière invention que l’Homme ait besoin de réaliser. » --- Irving John Good
Fort de leur
Death Indus atypique et résolument glacial et technologique, les membres d'
Hi-Tech, un an seulement après leur premier EP, remette le couvert courant 2009 avec une suite à ce « Nova » original et percutant. «
Annihilation », n'est autre que l'autre facette, la partie la plus terrible, apocalyptique et sombre, celle où nous, humains, sommes pris dans notre élan destructeur et notre envie d'évoluer et de faire évoluer. Les intelligences artificielles, ayant pris le pouvoir et étant plus nombreuses et plus développées, ont fait beaucoup mieux que nous, humains, et nous voilà donc, en phase d'
Annihilation...
Dans tous les cas, le Cyber
Metal n'offre aucun répit et aucun espoir pour l'être humain, focalisant ses concepts sur des thématiques bien sombres et atypiques, mêlant l'homme et les machines, et basant sa musique sur quelque chose d'a priori simple, mais pourtant si rêche, si mécanique, si futuriste et si électronique.
Hi-Tech a entièrement compris la leçon et va, avec cet album, bien au délà du précédent « Nova », en phase d'expérimentation. Sous couvert d'un
Death Industriel cybernétique hargneux et glacial, le tout est davantage poussé vers des mélodies entêtantes et simples, un riffing minimaliste mais destructeur et efficace, un chant totalement déshumanisé et froid, mais habité par une entité on ne peut plus machinisée, et des sonorités electro/indus du plus bel effet, beaucoup plus présentes et relevant d'autant plus ce caractère si atypique. Bienvenue donc au sein même de la technologie...
Cette fois-ci,
Hi-Tech rallonge ses morceaux, les remplissant de structures bien particulières et variées. Il augmente aussi la vitesse du rythme, rendant le tout plus attrayant, plus dynamique malgré cet aspect synthétique qui règne en maître suprême au fil des titres. Un
Death Indus Progressif nous est ainsi offert, comme le démontre le morceau introducteur «
Annihilation », ouvrant le bal sur la destruction qui est irrémédiablement attendue. Un fond d'ambiance totalement distordu, un son de mise en marche, une sirène, des coups de feu au loin, et un déferlement de riffs et de martèlements continus de batterie. Peut-être trop long pour une introduction (tout de même plus de 8 minutes...), et peut-être aussi trop linéaire malgré les différences de parties bien distinctes.
Autre gros pavé, le titre « Hierarchy », prouvant que la machinerie fait la loi. Assez sombre, les riffs sont très rêches, assez crus, soutenus par un growl très efficace et des fonds d'ambiances froids et aériens lors des refrains, suivis d'une grosse partie aux claviers, instrumentale, lumineuse et calme, juste avant la grande déflagration mécanique, où tous les sons des instruments s'entrechoquent pour un effet assez déroutant.
Si les titres les plus décharnés, lents et mélancoliques sont de la partie, tels que « Phosphorous
Clouds » et « Decode », apportant un certain côté monotone malgré l'ambiance mais possédant une légère ressemblance (surtout pour le dernier) avec le groupe
Rain, les titres les plus robotiques et cybernétiques le sont aussi. L'auditeur parcourt entièrement le coeur même de ces machines si destructrices, il explore malgré lui les profondeurs si noires et abyssales d'un monde qui lui est encore obscur, loin de ses capacités propres de compréhension. La technologie a évolué d'elle-même, et impossible il est désormais de la comprendre. « The
Power to React » et ses riffings/rythmiques situés entre
Mechina,
Sybreed voire
Fear Factory, ne peuvent pas être plus mécaniques. Les claviers en fond y sont aussi pour quelque chose, d'autant plus quand arrive l'unique partie du titre, la partie la plus atmosphérique et sombre, où les sons électroniques et futuristes s'entre-mêlent accompagnés d'un growl, pour un rendu assez inattendu. « Kneel to
Dust » et «
Prototype » restent sans doute les plus électroniques/indus et les plus robotiques, surtout avec ce rythme et ces riffings totalement hypnotiques et mécaniques, et ce growl robotique étrange. Une savante combinaison d'éléments pour un rendu assez déroutant.
Un pas d'autant plus en avant pour
Hi-Tech, qui ose plus, et va complètement dans l'expérimental et le prog. Quelque peu proche de
Fear Factory par moment, ainsi que de
Meshuggah pour certaines parties rythmiques, les russes accentuent toutefois nettement plus le côté technologique et décharné de la musique, pour un résultat des plus intéressants, malgré son autre côté long et monotone. Un Cyber
Death pour le moins fort et accrocheur, quoique difficile d'accès.
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