Pour ceux ne les connaissant pas encore, Apostolica est à l’origine un quatuor masqué venu tout droit d’Italie dont les noms de scène furent empruntés aux prophètes bibliques. Aussi, se considérant comme les descendant des « Frères Apostoliques », une secte chrétienne fondée au
XIIIème siècle dont le gourou nommé Gherardo Segarelli fut condamné au bûcher en 1300 pendant l’inquisition, ils ont décidé de jouer sur cette sombre histoire en s’affublant de masques et de vêtements assez élaborés cachant leur apparence. Tout ce que l’on sait d’eux, c’est qu’ils sont de grands musiciens de la scène
Metal mondiale.
Or donc, après le succès de leur premier opus «
Haeretica Ecclesia », nos quatre cavaliers (Ezekiel,
Jonas, Malachia et Isaia) remettent le couvert pour un second volume de leur saga maléfique en accueillant un cinquième frère, Jeremiah, dont la tâche est de s’occuper des claviers.
Ce faisant, le style de ce deuxième livre change un tantinet par rapport au premier puisque la principale différence à son écoute est l’omniprésence de l’orgue sur tous les titres le composant. Etat de fait qui ne saurait empêcher que, dans son ensemble, nous ayons toujours cette impression de similitude avec
Powerwolf et
Sabaton. Par ce constat, le désormais quintet est-il en mesure de surprendre avec des chansons plus travaillées que sur le premier disque ?
La réponse est affirmative!
Ainsi, ce disque ayant pour nom «
Animae Haeretica » nous offre une palette intéressante de sonorités aux influences variées, qui sont ressenties dès l’entame du disque, avec le titre éponyme rugissant sur un rythme soutenu ; le tout galope à vive allure dans ce morceau fort, estampé Heavy
Metal, où il nous faudra attendre le refrain pour que le
Power refasse surface, à l’instar de "
Fire" et "Veritas", moins rythmés mais plus lourds. Par ailleurs, le second cité est probablement l’une des meilleures pistes de cet album de par la particularité de son ambiance sonore couplée au chant entrainant d’Ezekiel, le tout enveloppé dans un refrain envoûtant qui ne quittera plus votre tête.
Dès lors, rien qu’à l’écoute de ces différentes pistes, il est aisé de deviner que le quintet a décidé de mettre le paquet pour ce nouveau-né, puisque dans cette catégorie de titres puissants et forts, "Angels of Smyrna" y trouve également sa place grâce à son côté mémorable qui aurait pu se retrouver dans «
Haeretica Ecclesia » par son côté très
Sabaton-ien (que l’on entendait fortement sur le premier méfait), mais celui-ci est nettement plus spectaculaire et plus travaillé.
"Black
Prophet", pour sa part, décroche la palme en étant sans conteste le must du disque du fait de son mid-tempo lancinant et son ambiance particulièrement soignée qui est parfaitement en accord avec la thématique générale de l’album.
Avec tous ces points positifs, nul doute que si l’entièreté de ce deuxième acte de la bible diabolique de nos cinq cavaliers avait été du même acabit, ce disque aurait pu figurer au panthéon des sorties les plus mémorables de l’année 2023. Malheureusement, comme sur le premier opus, quelques faiblesses persistent et elles ont la dent dure.
Afin d’étayer ces écrits, il convient de se demander de prime abord ce qui passe parfois par la tête des maisons de disque lors du choix des différents singles!
Si je ne me trompe, le rôle d’un single est surtout de promouvoir de la meilleure façon une nouvelle sortie, impliquant de facto un choix des plus judicieux en prenant un titre fort, voire plus commercial pour certains.
Or, ici, le choix s’est porté en premier lieu sur "
Rasputin", un titre qui serait plutôt taillé pour les ados prépubères au langage Aya Nakamura, qui conviendrait davantage à n’importe quel album d’
Alestorm, et où il est certain que le mythique mage Russe aurait certainement préféré une énième reprise du titre éponyme de Boney M. Le deuxième choix nommé "
Skyfall" n’est guère meilleur puisqu’il rappelle les faiblesses répétitives du premier opus à l’image de "Heretics, où la musicalité est une fois de plus trop assimilée, voire carrément calquée sur
Sabaton, malgré le caractère accrocheur.
Fort heureusement, le troisième essai sera au-dessus grâce à "
Gloria" qui relève le niveau de ses deux prédécesseurs en brillant sombrement grâce à ses riffs, certes répétitifs mais efficaces, où l’orgue est étonnamment moins omniprésent.
Du reste, il ne faudrait pas omettre la ballade "Tomorrow Belongs to Me", nous faisant alors découvrir le talent d’Apostolica dans cet exercice, qui manquait cruellement sur la précédente offrande, où la présence de l’orgue est des plus appréciables, même si, pour certains auditeurs, cette surdose risque de leur déclencher une crise d’épilepsie.
Enfin, le dernier chapitre de ce deuxième évangile Satanique se conclue avec "Rest in Bed of Roses" aux riffs de guitares tranchés, rapides et efficaces, et à l’atmosphère très centrée sur l’orgue d’église, permettant à ce titre de conclure ce disque sur une note positive.
Pour conclure, même si le style caractéristique de
Sabaton et de
Powerwolf reste omniprésent musicalement, on sent que nos chevaliers noirs ont travaillés d’arrache-pied afin de se surpasser, et force est de constater que, dans l’ensemble, c’est plutôt réussi. En effet, malgré quelques petits égarements, l’album s’écoute facilement et la présence de l’orgue d’église apporte un véritable plus par rapport au premier ouvrage. Bref, vous l’aurez compris, le groupe a vraiment l’intention de rester fidèle à ses origines en essayant néanmoins de toujours apporter quelque chose de nouveau dans sa musique.
En définitive, la sensation laissée par ce «
Animae Haeretica » est que, bien qu’il puisse toujours y avoir pour certains auditeurs une forte tendance/copie de
Sabaton /
Powerwolf, pour d'autres, il peut représenter une œuvre authentique avec cette nouvelle sensation d'être dans une cathédrale ou une cérémonie religieuse, le tout mené dans une structure musicale simple. Bref, ce sera à chacun de décider dans quel camp il se range, mais nul doute que ces gars-là n’ont pas fini de faire parler d’eux.
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