La vie est une lutte permanente. C’est une passion qui demande de produire les plus grands efforts. Parfois on néglige les ressources de ceux qui se raccrochent obstinément à la vie, alors qu’on les donnait morts. Vous vous souvenez sans doute de la formation danoise «
Vanir », qui nous avait tant déçu avec son malheureux forfait «
The Glorious Dead ». Et bien, elle s’est pressée d’en remettre une couche en bouleversant beaucoup de choses. Premièrement, le line up a subi une sérieuse refonte. Lasse et
Sara sont débarqués. On accueille le claviériste Stefan Dujardin et le guitariste
Kirk Backarach. Ces deux éléments vont être déterminants dans la suite à venir. Tout d’abord, le retour des claviers donnera plus ample perspective à la formation, qui avait manqué de contenu et d’enrobage dans sa musique. Puis, concernant
Kirk, ce n’est pas un inconnu, puisqu’il s’agit d’un des piliers du groupe de power metal «
Iron Fire », véritable institution danoise. Avec pareil renfort, on peut s’attendre à un «
Vanir » plus mélodique que d’ordinaire. Ça n’a apparemment pas manqué avec le quatrième full length du combo, intitulé «
Aldar Rök », qui ne rompt pas totalement avec la nouvelle tournure black death prise sur «
The Glorious Dead », mais balaye loin toutes les impuretés laissées par ce dernier. Nous assistons là à un retour en grâce.
La validation de l’abandon du folk death des débuts se vérifie au premier instant avec « Black
Legion ». L’entame se constitue en une brume épaisse et inquiétante, où retentissent des coups sourds. Un passage lourd et frissonnant qui installe bien la matière à la fois rugueuse et mélodique à suivre, qui rappelle étrangement «
Moonspell », même si on y pressent à la différence une présence très discrète du death metal. Si on peut globalement le situer dans les tiroirs du black death mélodique, celui-là est bien plus léger qu’un «
Dissection » ou un «
Sacramentum », à titre de comparaison. Il faut en fait plus se tourner vers la récente scène pagan allemande à tendance atmo-mélodique, pour trouver un potentiel équivalent à la nouvelle monture de «
Vanir ». Ça ne fait aucun doute à l’écoute du massif «
Unrepentant », sous couvert d’une bonne couche atmosphérique, nous resituant dix ans en arrière. Cela se vérifie d’autant mieux sur « Wrath of Sitr » dont la forte emprise épique et atmosphérique le ramène à l’ouvrage «
Oath a
Warrior » de «
Black Messiah ». Ce groupe caractéristique se devine en compagnie d’une influence plus locale, celle de «
Svartsot », dans le festif et vigoureux « Drukvisen » (version radicalement différente de «
Drikkevisen » de
2012). Morceau complètement à part dans cette galette qui est loin de faire totalement preuve de joie et d’insouciance.
«
Vanir » prend au contraire une démarche plus solennelle et guerrière dans la grande majorité de l'opus. C’est ce qui en ressort notamment du très martial « Pretorian », tendant à se rapprocher d’«
Adorned Brood » par son jeu massif et sa part épique. C’est un titre qui interpelle, qui fait bon usage des mélodies et qui s’illustre également par un solo bien fourni. « Broken Throne » s’en distingue par une tonalité plus grave et une fibre plus death mélodique, malgré la tiédeur rythmique adoptée. Il figure autant saisissant que « Pretorian », mais reste tout à fait sage en comparaison du tortueux et noir « The
Serpent ». On en retient des parties vocales abrasives qui, néanmoins, se retrouvent en conflit avec une partie non négligeable de son environnement. Car, si on s’en tient à la seule musique, hormis certains passages épousant parfaitement la pression et la cruauté simulées par la voix, le reste navigue en relative quiétude grâce à la tiédeur des riffs, et surtout grâce à l’apport atmosphérique qui a pour effet d’adoucir la piste. Le titre est consistant, mais ne laissera pas pour autant un souvenir impérissable.
Après le désastre laissé par «
The Glorious Dead », il était temps pour «
Vanir » de réagir. Heureusement, il l’a fait sans tarder, démontrant une fois de plus sa vigueur et sa prise de conscience. Il a eu droit à un remaniement quasi complet sans pour autant s’être détourné des objectifs du précédent ouvrage, en s’efforçant même d’aller plus loin. Le black death indigeste et fermenté a laissé place à un metal à tendance pagan et mélodique assez représentatif de la scène germanique, de «
Black Messiah », en passant par les actuels «
Suidakra » et «
Adorned Brood ». Voilà «
Vanir » pour ainsi dire transformé, ayant abandonné toute trace de folk metal dans sa musique. Adieu flute et cornemuse. «
Aldar Rök », mixé par Jacob Olesen au studio
JBO Sound, est considéré par le groupe comme un album à part entière, malgré sa courte durée qui ferait pencher à l’idée d’un EP.
Plus qu’une œuvre de renaissance, ce quatrième né relève de l’œuvre de combat. Ainsi, la vie continue.
14/20
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