Il peut être parfois dangereusement trompeur de découvrir un groupe par son album le plus atypique.
Ignorant tout de son histoire, on s’imagine alors, se berçant d’illusions, avoir mis la main sur un trésor. S’enfonçant dans d’inexacts impressions d’un savoir « véritablement vrai », il ne peut nous mener à rien d’autre qu’à une douce ignorance naïve, ou pire, à une intransigeante culture tronqué, qui pour ceux qui la conjugue avec une incontestable mauvaise foi et une véhémence de tous les instants, a la fâcheuse tendance à malmener violement les convictions des autres, à coups de vérités évidentes aussi fausse que ridicule.
Depuis le début de sa carrière
Stryper pratique un Heavy à forte tendance mélodique, jouant tour à tour sur les deux nuances, faisant pencher son propos tantôt plus vers l’un, tantôt plus vers l’autre. Son imagerie haute en couleurs lui donne également un caractère Glam-Rock qu’on ne ressent pas forcement dans sa musique. De plus ses croyances dévouées au protestantisme évangélique, fort de prêches manifestes parsemés au seins de ses œuvres, l’ont instantanément catalogué dans cette communauté au contour flou qu’est le White
Metal, ou
Metal Chrétien. Cette appellation, peu définie en dehors de son accointance obligatoirement christique, rassemble des groupes aussi différents que
Demon Hunter et son Hardcore,
Seventh Avenue et son
Power Metal…
Il parait évident que, pour le puriste acariâtre, cette appartenance est une source intarissable de rejets, et de moqueries sans fin. Ils ridiculisent, le plus souvent sans même s’être, un tant soit peu, appuyé sur des arguments autres que ceux des préjugés, sans même avoir écouté la moindre note du groupe, se laissant aveuglés par des préconçues aussi ineptes que des costumes outranciers aux rayures jaunes et noires, ou par ceux aussi imbéciles que la distribution de Bibles lors des concerts.
Sans doute fatigué par ce manque de crédits évident,
Stryper décide en 1990 de ranger ses costumes bariolés aux placards pour en revêtir de plus sombres et surtout de plus sobres. Son Heavy, gardant tout de même une certaine agressivité de base (toute relative en son genre) se transforme, le temps d’un
Against the Law, en un
Hard-Rock racé, passionné et surtout passionnant. Construis sur des riffs plutôt basique, les morceaux n’en demeurent pas moins, diablement (un comble pour des fidèles !!!) efficaces et mélodiques. Ainsi
Two Time Woman, l’excellent Rock The People et
Two Bodies (One Mind, One Soul) sont la parfaite démonstration de l’excellente inspiration due à ce nouvel enthousiasme débridé du groupe. D’autres un peu plus énergiques, tel que Caught In The Midlle sont plus directement influencé par le passé pas si lointains du groupe, mais ils n’en demeurent pas moins bons. Une autre preuve de cette liberté dont
Stryper profite allégrement, est cette reprise de
Shining Star, d’
Earth Wind And Fire. Si les refrains restent très Funky, le riff puissant confère à ce titre un son
Hard qui l’éloigne, assurément, de l’original.
Pas de réel défaut, donc, pour cet opus, et même
Lady, ballade romantique, est une grande réussite, un réel contentement.
Et alors que l’on pense que tout est dit, pour notre plus grand bonheur, arrive, ce qui est incontestablement le morceau le plus incroyable de ce disque Rock
The Hell Out Of You, une sorte de missile véloce et rapide, au refrain puissant et dévastateur, auquel on ne s’attendait pas vraiment, bercé dans l’ambiance crée jusqu’alors. Il finit de nous emporter dans un tourbillon de plaisir intense.
Il faut aussi parler de la voix de
Michael Sweet sur cet album. Une voix au timbre plutôt médium assez particulière, que l’on pourrait croire limitée dans les aigus, et qui, de par la maîtrise de Michael, est une merveille. Elle nous offre de véritables instants de pures émotions appréhendant sans problème les notes les plus hautes, les hurlements les plus agréablement sauvage, les rugissements les plus farouches (Caught In The Middle, Rock
The Hell Out Of You…). Elle a certes perdu de la tenue, et de la puissance au court des années, mais elle reste captivante. Il est nécessaire aussi de préciser que la production est exemplaire. Claire et précise, elle met en valeur chacun des instruments à sa juste place; au service de chacun des morceaux.
Un disque exceptionnel, incroyable, surprenant, qui sera pendant longtemps l’épitaphe ignoré de
Stryper. Mais quelle épitaphe !!!!
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