Que faire lorsque l’on est fan absolu d’un style, que l’on connait ses classiques sur le bout des ongles et que l’on ne trouve plus grand chose d’intéressant à se mettre sous la dent au niveau des sorties actuelles ? On forme son propre combo pour faire et apprécier sa propre musique ! C’est à peu de choses près la réflexion qu’ont eue Herostratos (vocaux),
Grief (guitare rythmique) et JP (batterie) lorsqu’ils ont monté leur groupe
Affliction Gate au cours de l’année 2006. Fans invétérés de death metal old school ayant eu la chance de vivre son âge d’or entre 1989 et 1993 et n’ayant jamais eu d’expérience de groupe auparavant, les trois provençaux se lancent donc corps et âmes dans la grande aventure du rock n’ roll afin de se faire plaisir entre potes et de rendre un hommage solennel à leurs idoles de jeunesse et dès lors influences majeures que sont notamment les légendaires et immuables
Mantas/Death,
Massacre,
Asphyx,
Benediction,
Morgoth,
Dismember et autres Grave.
Après la sortie en 2008 d’un très bon et prometteur premier EP intitulé «
Severance (
Dead to this World) » sur le label underground français
Forgotten Wisdom Productions,
Affliction Gate ne perd pas de temps et réussit l’exploit de dégotter un deal avec le label
Metal Inquisition Records qui n’est autre que la branche death et thrash metal nouvellement créée du mythique label allemand de black metal No Colours Records. Une telle collaboration n’est certainement pas le fruit du hasard et ne fait qu’expliciter le talent et la détermination du combo sudiste qui sort le 7 décembre 2009 et ce pour le plus grand bonheur des fans ayant reçu une bonne claque dans la figure avec l’EP un premier album baptisé «
Aeon of
Nox (From
Darkness Comes Liberation) ».
« They are going to leave and I’m proud of them. We are the adversary, only living for revenge.
And soon, my time will come…” En ces paroles aussi vindicatives qu’autosuffisantes, ni plus ni moins que le mythique Vincent
Crowley du légendaire
Acheron en personne introduit cette première réelle offrande d’un
Affliction Gate dont la crédibilité de la démarche n’est alors plus à nier. Ces quelques mots du leader de l’immuable combo de death/black metal américain en introduction d’ « After the
Red Moon » suffisent à l’auditeur pour comprendre que cet «
Aeon of
Nox (From
Darkness Comes Liberation) » sera à bien des égards un disque spécial se distinguant des innombrables productions de brutal death technique actuelles dénuées du moindre chouilla d’originalité et d’authenticité. « After the
Red Moon » pose donc les bases d’un death metal brut et puissant propre à la vieille école ; celle d’une époque révolue où le death était cette brebis galeuse de la musique metal boudée par la presse mainstream et conspuée par la majorité des hardos de l’époque, et qui ne devait sa viabilité qu’à l’investissement sans limite de milliers de passionnés marginaux aux quatre coins du globe à travers le tape-trading, l’édition artisanale de fanzines et l’organisation de gigs ci et là. Bien produit, le metal de la mort d’
Affliction Gate transpire l’authenticité pour le plus grand bonheur de l’amateur nostalgique des saintes années 1989-1993 qui privilégiaient indubitablement l’intensité des émotions dégagées par la musique à un exhibitionnisme technique doublé d’une pathétique surenchère d’hémoglobines et d’opérations chirurgicales ratées cheres à tous les groupes de neo death metal qui font aujourd’hui la couverture des magazines grand public et jonchent sans honte aucune les têtes de gondole des supermarchés de l’inculture.
Caverneux et emplis d’une haine incommensurable, les excellents vocaux d’Herostratos se marient d’une façon on ne peut plus optimale aux riffs assassins et sans compromis aucun d’un
Grief dont le jeu de guitare serait presque empreint par moments d’un feeling rock option crade et décadent, notamment sur les excellents mid tempo « Mirror
Breakdown » et « Inner
Demise ».
Pas de blast beats sans âmes chez JP dont une participation au concours du World’s Fastest Drummer s’avérerait certainement être la dernière des préoccupations, mais une rythmique plutôt simple mais hyper efficace, collant en cela à merveille avec la musique brut de décoffrage du combo provençal. Introduit par un extrait sonore du film «
Elephant » de Gus Van Sant traitant de la problématique des fusillades dans les high schools américaines et Palme d’Or du Festival de Cannes 2003 s’il vous plait, « Knights of
Scorn » renseigne un peu plus l’auditeur quant aux thèmes lyriques abordés sur ce surprenant «
Aeon of
Nox (From
Darkness Comes Liberation) ». Haine de l’humanité, noirceur de l’âme, autosuffisance, volonté irrémédiable de s’élever au dessus d’une masse putride ; tels sont quelques uns des sujets abordés dans les paroles des sept morceaux composant ce premier effort hallucinant d’efficacité et de solennité. La violence musicale d’
Affliction Gate permet définitivement à l’auditeur d’élever son âme et de décupler sa force et sa colère envers un monde inqualifiablement absurde et répugnant. Mention très spéciale à l’enchainement des jouissifs « Cattle
Burner », « Mirror
Breakdown » et autres « Inner
Demise » offrant au disque une fin des plus inspirées qui fera compter les jours à l’auditeur jusqu’à la sortie de la prochaine diatribe sonore du grand
Affliction Gate.
Avec ce premier album efficace, inspiré et surtout sans compromis,
Affliction Gate rend un très bel hommage à un style qui aujourd’hui vicié par une surenchère technique des plus risibles ne s’avère plus qu’être une vulgaire poule aux œufs d’or à labels sans aucune âme ni originalité. Transpirant passion et labeur, «
Aeon of
Nox (From
Darkness Comes Liberation) » prouve qu’aujourd’hui encore, quelques irréductibles continuent contre vent et marée à porter avec honneur et fierté le flambeau du death metal old school, ce style iconoclaste et subversif au sein duquel il fait bon refugier ses tympans en ces temps perfides de disette culturelle où les sociétés se situent au paroxysme de leur bêtise et de leurs paradoxes. Adeptes du lifestyle « iPhone, Facebook et TF1 », suivez le message arborant le t shirt que porte Herostratos sur la photo de groupe du livret de l’album : «
Save the Planet,
Kill Yourself ».
Et puis par rapport à ce que tu disais sur internet dans un com précédent. Je dirais que je suis content que des groupes aient un myspace ou que je puisse voir leurs actualités sur internet, ça m'a permis de découvrir deux groupes de Black Metal chinois underground de très bonne facture et dont la musique est empreinte d'une dimension spirituelle et émotionnelle très forte. Donc je vais commander leurs albums, les acheter donc cela veut dire que je vais donner de l'argent à ces sales vendus et leur label, c'est révoltant tu trouves pas?
Ben ouais même si un groupe ne doit pas gagner de l'argent par sa musique d'après toi, les récompenser pour leur travail acheter leurs disques pour qu'ils puissent au moins amortir les frais et continuer à produire cette musique qui nous fait vibrer.
Je ne veux pas te juger Tombstone car le faire à travers de simples commentaires que tu laisses serait puéril mais tu sembles tout de même très fermé, comme beaucoup de métalleux finalement. Tu as peur d'être comme les autres mais tu ressembles à beaucoup de gens au final.
Je comprends parfaitement ton point de vue et la dimension personnelle des sentiments provoqués par la musique, je suis comme toi. Mais ta vision est extrêmement restreinte: d'un côté l'underground louable et sincère, de l'autres les groupes qui abusent des mass media, d'un côté il y a toi véritable auditeur, de l'autre tous les autres qui sont des moutons... Et ce qu'il y a entre deux t'en fais quoi?
Concernant MySpace, cet outil s'avère être excellent sur le papier, mais il possède le désavantage de permettre à quiconcque de présenter son "art" et de se considérer dès lors comme "artiste".. Au lieu de répeter inlassablement jour et nuit et de prendre le temps nécéssaire pour faire mûrir sa démarche, de composer et de faire le plus de scènes possibles ; n'importe quelle bande d'adolescents incultes et prétentieux (les 2 vont de paires, je ne juge pas une personne n'ayant pas de connaissances, mais une personne n'ayant pas de connaissances mais qui parle trop)peut enregistrer 3 titres pourraves sur un dictaphone mp3, improviser une photo session risible, aller imprimer 25 t shirts avec le logo de groupe dessus, foutre le tout sur sa page MySpace et dès lors se prendre pour des rock stars avant même d'avoir sorti le moindre support. Les exemples sont légions, il y a vraiment trop de groupes sans intérêt qui polluent MySpace et internet en général.
Un groupe pour faire sa promotion peut envoyer sa démo à des fanzines, même des magazines grand public comme Metallian qui possède cette excellente rubrique 'The Real Underground" qu'on ne peut pas lui enlever. Le fan intéressé et curieux n'hésitera pas à envoyer 5 petits euros (un paquet de cigarette) au groupe pour recevoir le support; frais de ports inclus. Si le groupe est réellement bon, les chôses peuvent aller très vite (le cas d'Affliction Gate) sans avoir eu besoin de MySpace pour se promouvoir : ils peuvent aussi envoyer leurs démo à des labels qui comme Drakkar Productions peuvent pour leurs groupes publier un petit encart publicitaire sobre et pas trop raccoleur dans les magazines grand publics et présentant succintement le concept et les influences du groupe.
Si le groupe envoie un certain nombre de démos à des labels et qu'il essuie autant de refus, il doit se rendre à l'evidence et arrêter de se faire du mal.
Après, il y a 2 undergrounds : l'underground assumé dont je pourrai parler avec amour et passion pendant des heures; et l'underground subi qui s'avère être une espèce de purgatoire pour groupes attendant de signer chez Nuclear Blast ou Earache.
La démarche de ces groupes de black metal chinois est excellente. Noktu de Drakkar productions a dit dans une interview qu'il préférait signer un bon groupe malaysien qu'un mauvais groupe norvégien. Comme le sport, le metal s'affranchit des frontières et ce mondialisme là s'avère être remarquable et doit coûte que coûte être préservé.
Au lieu de dépenser des centaines de milliers de dollars pour venir faire jouer Ozzy Osbourne, Mötley Crüe ou Manowar, les festivals de metal "extrême" tel le Hellfe$t devraient dépenser quelques milliers d'euros pour faire venir jouer des groupes prometteurs originaires de pays exotiques n'ayant pas la possibiblité de s'exprimer optimalement dans leur propre pays. Ces festivals devraient dédier une scène à ces groupes que le public pourrait avoir le plaisir de découvrir et partager autour d'une bière leur passion commune pour le metalm comme ça se fait dans n'importe quel petit festival ou concert. Quand ce jour arrivera, je serai le 1er à prendre mon pass Hellfest pour 90 euros et à poser 3 jours de congé fin juin.
Mais je pense malgré tout qu'on peux faire de la très bonne musique sans rien attendre de particulier,il y a de très bon groupes qui sortent des disques à 100/500/1000 copies uniquement.
Le fait est que dans mon opinion (pour rester buté et intolérent rires!) la democratisation du metal extreme ai engendré des dérives commerciales et que cette musique s'est banalisé pour devenir de la "fast food music" comme le décrit si bien l'ensemble de tout les commentaires ici présent,ca me fait vraiment chier...tu comprend?,c'est tout!...
Ca fait plus de 10 ans que je vois ce phénomène s'accentuer et je n'apprécie pas ca,je n'ai rien contre le fait qu'un groupe ai un peu de reconnaissance pour sa musique (si c'est mérité),mais il y des limites à ne pas depasser,tout n'est qu'une question d'égo de stars factices en quete de reconnaissance et de gros pognon aujourd'hui,alors que les groupes de l'ancienne generation jouaient parce que c'etait vital pour eux de jouer cette musique il n'y avait pratiquement aucune autre motivation,le "succés" de certains groupes à l'epoque n'etait pas spécialement étudié et calculé.
Bonne Soirée à toi ;)
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