Le génie scandinave, unanimement reconnu, et tout aussi unanimement décrié, aura pourtant été d’une influence décisive dans l’expression artistique musical de ces dernières décennies. Alors que l’école saxonne asseyait son propos dans le confort d’un Heavy
Metal/
Power à l’exécution, certes, redoutablement maitrisée et efficace, mais relativement conformiste, il aura, en effet, su donner une nouvelle dimension à cette art. Développant un concept essentiellement basé sur une musicalité accrue, il offrira alors à son imagination de nouvelles terres inconnues.
Et dans cet
Abstract Symphony, premier album des suédois de
Majestic, il y a indéniablement nombres des stigmates clairement marqués de cet héritage culturel nordique inhérent à cette époque. Ainsi dans les dédales étouffant de ces titres, où les guitares et les synthés s’affrontent parfois, dans un témoignage vain d’une technicité où les doubles croches s’étiolent en des envolées pénibles que nombres auront définis comme les caractéristique de ce qu’ils baptisèrent, pompeusement, ‘‘Neoclassique’’,
Majestic, groupe fondé par
Richard Andersson claviériste et ami de
Yngwie Malmsteen, s’acharne, parfois, à égarer son âme en des ritournelles d’un traditionalisme assommant. De telle sorte que des morceaux tels que l’épuisant et véloce Golden Sea, que le non moins exténuant et non moins démonstratifs Nitro Pitbull et que, par exemple, l’accablant et exubérant instrumental,
Abstract Symphony venant clore cette œuvre, offrent les hommages les plus caricaturalement inutile au genre. Ces titres, essentiellement rapides, viennent troubler l’esprit serein, et aguerris, enclin à un minimum de plaisir, qui, dès lors, s’alourdit d’une désagréable sensation d’ennui profond.
C’est d’autant plus regrettables qu’outre ces morceaux, spectacles expansifs techniques sans intérêt,
Majestic donnent aussi à entendre certaines qualités indéniables. Ainsi lorsqu’il ralentit ses rythmes effrénés pour en adopter d’autres plus propices à l’épanouissement de son inspiration et de sa personnalité, lorsqu’il s’applique en de jolis refrains communicatifs et efficaces et lorsqu’il daigne délaisser, un tant soit peu, ces démonstrations vaines, le groupe semble capable de nous proposer une musique indiscutablement plus intéressante (Losers Shades of
Hell, mais aussi
Silence, une fois passé son préambule démonstratif, ou encore, par exemple,
Blood of the Tail). Ces titres, s’éloignant subrepticement de cet étalage insipide expansif, en gardent, tout de même quelques traces agaçantes.
A ces vertus il faut aussi ajouter celles d’un chanteur irréprochable qui, s’il ne parvient pas totalement à sauver l’œuvre de ce sinistre annoncé, de son timbre délicieusement éraillé, lui offre quelques atouts supplémentaires évidents.
Toutefois, le manifeste retombe bien trop souvent dans les défauts caricaturaux de cette démonstration fade et abrutissante, pour réellement convaincre. Construite pour mettre en exergue les qualités de musiciens de
Richard Andersson et de Peter Espinoza, elle manque, en effet, singulièrement d’âme. Et dans ce désastre embarrassant, seul
Jonas Blum, et quelques refrains composés avec discernement, viennent nous apporter un peu de réconfort. De ce marasme, bien trop peu capable de susciter une quelconque émotion attachante, (comme souvent, d’ailleurs, dans ce genre de témoignage expansif), on perçoit, cependant, une musique plus séduisante dans les titres moins rapides et moins excessifs. C’est au cœur de cette différence que
Majestic devra cultiver son individualité s’il veut survivre. Quoi qu’il en soit cet
Abstract Symphony reste intriguant, mais aussi très décevant.
je redecouvre cet album , et je le trouve vachement bon.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire