Depuis le début de l'année 2007, nous sommes envahis par d'innombrables productions de métal progressif, ce qui n'est pas pour déplaire à votre serviteur. En effet, étant un fana de prog', j'attendais avec une énorme impatience la sortie de 'A World Full of
Grey', qui, je dois le dire, est un véritable événement, du moins pour moi.
En effet, même si
Eyefear ne propose pas un métal progressif super original, il apporte tout de même sa pierre à l'édifice avec ce troisième album qui, d'une manière assez magistrale, est parvenu à rallier symphonie, clarté, ténèbres, tiroirs, technicité et agressivité, ce qui n'est pas donné à tout le monde.
Dès le premier titre ("Searching For Forgiveness"), nous pouvons ressentir toute la volonté du groupe de se démarquer de leurs collègues progueux. Déjà, le fait qu'ils soient originaires de Melbourne, en Australie, peut être un handicap, mais, pas pour eux, car ils sonnent plus européens que jamais, ce qui les mènera loin. De plus, d'avoir choisi le prog' comme style a été une bénediction pour eux, puisque, d'une part, ils ont pu se démarquer de leurs confréres hard-rockeurs d'AC/DC, d'
Airbourne et de
Green Dollar Colour, et que, d'autre part, l'album a été enregistré Endel Rivers, le producteur de
Vanishing Point et de nombreux autres groupes, et mixé et masterisé par le producteur et guitariste Andy LaRocque (
King Diamond,
Death). Enfin, leur plus grande différence, ce qui est leur plus grande force, c'est leur chanteur, Danny Cecati, qui possède une voix puissante et qui se rapproche de timbres à la Tom S. Englund (
Evergrey) ou Russell Allen (
Symphony X), bien que sa voix s'en distingue parfaitement.
Tout au long de l'album, l'ambiance dans laquelle l'auditeur est plongée joue sur un contraste clair-obscur, qui nous balance constamment entre gaieté et tristesse. Cela induit en nous une incapacité à pouvoir nous situer, nous ne savons plus de quel côté nous devons aller pour contre-balancer l'album. Mais, c'était le but de l'album : nous noyer dans un monde plein de gris...Il nous montre que le Monde n'est ni blanc ni noir, qu'il est "transgenre", qu'il rallie les caractéristiques des deux polarités. Et, la structure de tous les morceaux puise dans cette optique : les parties aériennes de claviers injectent une dose de bonheur, tandis que les guitares, agressives, apportent une coloration "dark" à l'ensemble. Nous sommes, ici, en constante présence d'une schizophrénie musicale, appuyée par une rythmique changeante de façon permanente, quasi-frénétique ("A World Full of
Grey", "
Lost Within", "
The Eyes Tell No
Lies", "Whispers Of The Soul", "Breath
Again"). Notre souffle coupé, nous ne savons plus où donner de la tête. Heureusement, le groupe a pensé à nous en nous donnant quelques trêves bienvenues ("
Changes", "Moments", "
Haunted Memories") pour nous laisser respirer, ceci grâce à des lignes de claviers plaisantes et des structures plus carrées et moins perturbantes.
Le groupe a digéré d'une manière hallucinante toutes ses influences : les mélodies et la production de Queensrÿche, les structures rythmiques "tiroirs" d'Iron Maiden, des orchestrations et des claviers à la façon d'
Angra, les grattes et un son à la
Fates Warning, et des accents de
Symphony X et d'
Evergrey, voire des passages vocaux à la Joacim
Cans d'
Hammerfall, tout cela sans jamais copier l'un ou l'autre des groupes que nous venons de citer.
Eyefear est définitivement appelé à devenir l'une des valeurs sûres du Heavy Prog'
Metal dans les années qui suivent. Un quintet à soutenir absolument et obligatoirement!
TEST3
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