Pour aborder l'examen de ce
A Time of Crisis commençons tout d'abord par un peu d'histoire. Revenons, en effet, brièvement sur cette année 1985 où le guitariste californien Brian Korban décida de s'adjoindre les talent du batteur Rick Merrick, du bassiste Scott Patton, du guitariste Rick Halpin, et du chanteur Mike
Towers pour concrétiser ses envies créatives et fonder
Heretic. Un an plus tard, après quelques changements de musiciens qui virent, notamment, l'intégration en son sein de Dennis O'Hara, Bobby Marquez et de Julian Mendez, sort un premier EP intitulé
Torture Knows No Boundary. Le premier véritable opus de ces américains,
Breaking Point, sur lequel Mike Howe officiait en tant que vocaliste remplaçant Julian, sort en 1988. Malheureusement cet album sera l'épitaphe de ce quintette. Il ne survivra pas au départ de cette nouvelle recrue qui, bientôt, partira rejoindre
Metal Church.
Aujourd'hui l'histoire n'aura retenu que peu de chose de ce passé oublié. Quelques bribes qui sont, somme toute, assez secondaires, ou du moins pas suffisamment descriptives pour nous éclairer sur la teneur des quelques travaux musicaux de ces Californiens. Des récits fragmentés et obscurs où reviennent sempiternellement des fantômes répondant au nom de "Mike Howe" et "
Metal Church". Comme si
Heretic n'avait jamais été que les prémisses de cet autre destin. D'autres rapports, plus factuels, nous raconte comment Brian Korban et Dennis O'Hara, après la fin du périple
Heretic créèrent
Reverend avec, notamment, le vocaliste David
Wayne, transfuge de
Metal Church. Comme si
Heretic n'avait jamais été qu'annonciateur d'un autre sort. En réalité peu savent qui est vraiment
Heretic. C'est pourquoi nul ne pouvaient éprouver autre chose que de la prudence face à la résurrection providentiel d'un groupe méconnu qui, outres une compilation regroupant leur deux premiers efforts sortie en 1991, sera resté muet prêt d'un quart de siècle avant de nous proposer ce
A Time of Crisis.
Bien entendu, cette renaissance n'aurait aucun sens sans la participation, à minima, de quelques uns des membres originels de cette formation. On notera donc le retour ici de Julian Mendez et la présence de Brian Korban.
Cependant, au delà de toutes ces digressions plus ou moins futiles, la question reste entière: qui est
Heretic?
Un groupe de Heavy Thrash, ou
Power Metal US, se réclamant d'influences aussi diverses que celle de
Metal Church,
Reverend,
Wayne,
Meliah Rage,
Armored Saint mais aussi de celle de
Black Sabbath,
Judas Priest ou Motorhead. Le mystère est donc résolu. Et même si, l'hypothétique apostolat est aguicheur, à dire vrai, la vérité concernant l'art de ces californiens se trouve sans doute enfouie quelque part dans cette définition condensée et imparfaite.
Quoiqu'il en soit ne soyons pas excessivement suspicieux et acceptons les plaisirs simples et immédiats que nous offre ce nouvel effort. Savourons, en effet, pleinement les délices de titres tels que les bons et vifs Tomorrow's Plague,
Heretic (repris de l'album
Breaking Point et donc initialement chanté par Mike Howe),
A Time of Crisis ou encore, par exemple, Child of
War. Dégustons aussi ceux que nous offrent des titres plus nuancé aux passages parfois plus lourds et posés tels que l'excellent For your
Faith. Le titre Let me Begin
Again venant clore ce disque, ainsi que ce prélude The Divine
Inquisition qui l'introduit, sont, quant à eux, deux instrumentaux d'une redoutable efficacité qui mettent formidablement en exergue le propos de cette œuvre. Tant et si bien d'ailleurs qu'on en regretterait presque que d'autres ne soient pas présents ici.
N'oublions pas, aussi, de parler de cette pochette superbe qui ne manquerait pas de susciter la controverse si, par le plus grand des hasards, quelques intégristes catholiques, rigides et bien pensants, venaient à découvrir le dessin de cet ecclésiastique, dont les traits nous rappellent immanquablement le plus pieux des Bavarois, à la main droite dégoulinante de sang, au yeux livides et aux sourire carnassier figé en un rictus à mi chemin entre dégout et haine. Le jeu des couleurs étant, bien évidemment, échafaudé sciemment pour qu'au milieu de cette esquisse grise et terne, seul le rouge écarlate s'écoulant de cette blessure vienne visuellement nous frapper.
Heretic nous propose donc, avec ce
A Time of Crisis, un album intéressant et inspiré qui s'il ne redéfinira aucunement les frontières d'un territoire établis, aura le mérite de nous proposer un Heavy Thrash/
Power Metal US sympathique, efficace et, en définitive, très agréable à écouter.
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