Impulsé par son premier et enivrant opus, «
Void in Black », le duo ibérique cofondé en 2013 par
Lilith von Krone, frontwoman au chatoyant grain de voix et bassiste, et
Fenrir Wolfgang Kramer, vocaliste, claviériste, programmeur et fin guitariste, n'aura nullement cherché à brûler les étapes pour tenter de l'emporter, loin s'en faut. Le temps pour lui de peaufiner sa production d'ensemble, à commencer par un mixage dorénavant bien plus équilibré et davantage de relief sonore, mais aussi de fluidifier ses lignes mélodiques et d'affûter sa technicité instrumentale. De louables progrès, s'il en est...
Le voici donc remis en selle, deux ans plus tard, à l'aune d'un EP six titres dénommé «
A Restless Journey », auto-production n'affichant guère plus de 30 minutes au compteur. A la différence de son opulent aîné, le modeste cadet évolue, lui, dans un rock'n'metal mélodico-symphonique à la touche atmosphérique gothique et cinématique plus affirmée, soit, dans le sillage de
Darkwell,
Atargatis,
Autumn,
The Gathering et
Elis. Si un bis repetita serait donc à exclure du cahier des charges, le duo en viendrait même à emprunter des voies alternatives qui fonderaient précisément l'originalité de son propos...
A nouveau, c'est cheveux au vent que se fera en partie notre voyage, nos deux acolytes trouvant là encore matière à nous retenir plus que de raison, Ce qu'atteste «
A Restless Journey », une entraînante offrande rock'n'metal symphonique aux riffs crochetés, aux accents atmosphérique gothique, à la croisée des chemins entre
Darkwell,
Elis et
Autumn. Mis en exergue par les suaves inflexions de la sirène, couplets finement ciselés et refrains immersifs à souhait glissent avec célérité dans nos tympans alanguis. Jouissant d'enchaînements intra piste des plus sécurisants et agrémenté d'un fringant solo de guitare, le tubesque effort n'aura pas tari d'armes effilées pour asseoir sa défense.
Quand il en vient à tamiser son ambiance, le duo parvient là encore à nous happer, malgré nous. Ce qu'illustre « Don't Go
Beyond », ballade atmosphérique d'une sensibilité à fleur de peau, à la confluence entre
Flowing Tears et
The Gathering. Dotée d'une une mélodicité toute de fines nuances vêtues et mise en habits de soie par les troublantes oscillations de la maîtresse de cérémonie, cette mélancolique sérénade ne saurait être esquivée par l'aficionado de moments intimistes. La version ''
Void in Black'' de ce titre le pare de riffs plus épais et d'un habillage symphonique plus enveloppant. Une heureuse alternative, faisant renouer avec les fondamentaux stylistiques du groupe.
Nos compères ont, par ailleurs, misé davantage d'espoirs de l'emporter sur des passages instrumentaux ; une stratégie osée, synonyme de prise de risque consentie par le téméraire duo. Ainsi, voguant sur d'ondoyantes nappes synthétiques, « They
Lurk Behind the Fog » et « The Darkest Struggle » se posent tels deux pièces symphonico-cinématiques aux arrangements de bonne facture, à l'image de génériques de grandes productions hollywoodiennes. Calés sur un cheminement d'harmoniques des plus répétitifs, se dotant d'une mélodicité en proie à de tenaces linéarités et ne parvenant guère à dynamiser leur jeu percussif, c'est dire que ces deux morceaux demeurent dans l'ombre de leurs voisins de bobine. Dans cette mouvance, le mid tempo « Nameless
End » sauve la mise, eu égard à ses riffs crayeux, ses fringants gimmicks guitaristiques et son énergie aisément communicative.
En définitive, on parcourt un opus à la fois enivrant, troublant, un brin énigmatique, jouissant d'une ingénierie du son plus affutée qu'autrefois. Moins diversifié sur les plans atmosphérique, rythmique et vocal, cet effort témoigne toutefois de quelques prises de risques susceptibles de démarquer le duo de ses homologues. Un potentiel technique judicieusement exploité, des sentes mélodiques au demeurant agréables et des portées tout aussi personnelles qu'antérieurement sont à rajouter au programme des réjouissances. Ce faisant, le pari fut osé de miser sur les parties instrumentales pour tenter de se singulariser, au risque d'une désaffection des lieux du fan de la première heure. Un retour aux sources fut-il partiel ne plaiderait-il pas davantage en la faveur du duo espagnol ?
Plus audacieuse que sa luxuriante devancière, cette modeste offensive se fait tantôt enivrante, tantôt déconcertante...
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