Encore une énième formation metal symphonique à chant féminin à venir tenter sa chance dans un registre déjà surinvesti, et sûrement vouée, comme tant d'autres avant elle, à une disparition prématurée, me direz-vous ? Et vous auriez raison. Cependant, ce jeune quintet néerlandais originaire de Arnhem, créé en 2013, s'est laissé le temps d'affiner ses gammes et ses arpèges, ne nous octroyant cette première et prudente ébauche que trois années plus tard. On effeuille alors une laconique auto-production de trois titres égrainés sur un ruban auditif d'un petit quart d'heure. Sera-ce suffisant pour espérer voir le combo batave tenir tête aux
Elvellon,
Beyond The Black ou encore
Walk In Darkness ? Un tour du propriétaire s'impose...
A ce projet ont été conjugués les talents de :
Nicole de Ruiter (chant) ; Max Vijgen (claviers) ; Maurice Schepers (guitares) ; Erik Willems (basse) ; Valentijn Veldhoen (batterie). En ce qui a trait à l'enregistrement, au mixage et au mastering, ils sont l'oeuvre de l'expérimenté guitariste néerlandais Jory Hogeveen (Shinigami, ex-Tribal Spirits), connu pour avoir produit plusieurs groupes tels que
Basilisk, Cavitation, Panoptikon, Plough, Rhovanion... Sous l'égide de Pitch Note Productions (Harderwijk (Pays-Bas)), il nous octroie ici une galette où rares sont les sonorités parasites, même si l'on déplore un léger sous-mixage des lignes de chant. Ce faisant, on parcourt une offrande rock'n'metal mélodico-symphonique gothique et progressive non dénuée d'une certaine énergie et plutôt avenante, non sans renvoyer à
Nightwish (première mouture),
Delain,
After Forever, ou encore à
Amberian Dawn.
Le collectif témoigne d'une certaine faculté à concocter les séries d'accords qui font mouche. Ce dont témoigne l'opératique progressif « In the Shadows » ; titre magnétique doté d'un léger tapping, de fins arpèges au piano contrastant avec des riffs massifs, et calé sur une ligne mélodique galvanisante et typiquement ''delainienne''. Si les gimmicks guitaristiques comme les enchaînements sont difficiles à prendre en défaut, les claires inflexions de la sirène, en revanche, peinent à atteindre les notes les plus haut perchées. Par ailleurs, des portées savamment accouchées tout comme le solo de guitare nous rappelleront, non sans une certaine émotion, les premières heures d'
After Forever. Agréable moment à défaut de s'avérer inoubliable.
Lorsqu'il accélère la cadence, le groupe nous convie à quelques instants propices à un headbang échevelant. Ce qu'atteste «
Requiem Draconis », nightwishien méfait doté d'une basse vrombissante et distillant un cheminement harmonique infiltrant. Si l'on ne passera pas outre les grisantes variations rythmiques, ni une opportune chorale aux abois, la dynamique percussive saura à son tour nous rallier à la cause de cette piste. Cependant, une fois encore, les claires mais fluettes impulsions de la belle restent en-deçà de ce que l'on serait en droit d'attendre dans ce registre. Empreinte vocale toutefois plus seyante sur le frondeur et néanmoins envoûtant « The
Forbidden Forest » ; manifeste dans la lignée d'un
Amberian Dawn des premiers émois, toutes proportions gardées.
On l'aura compris, cette menue démo se parcourt d'un seul tenant mais ne poussera pas nécessairement le chaland à une écoute en boucle. Si elle renseigne déjà sur un potentiel émergeant de talents techniques et mélodiques, elle n'autorisera pas encore à nos cinq gladiateurs l'accès aux valeurs montantes de leur registre metal d'affiliation. En effet, un cruel manque de diversité atmosphérique se fait jour et les prestations vocales ne sauront bluffer bien longtemps les aficionados du genre, souvent sensibilisés aux travaux de leurs illustres maîtres inspirateurs. D'autre part, il leur faudra encore varier les exercices de style, notamment par l'octroi d'une ballade, d'une fresque et/ou d'instrumentaux, de duos, entre autres, pour espérer tenir la dragée haute à ses redoutables challengers sus-mentionnés. A bon entendeur...
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