Situé à mi-chemin entre le virulent Thrash
Metal d'
Exodus et l'extrême Techno-Thrash de
Watchtower, Intruder fait partie (avec
Realm,
Toxik, et
Vio-lence) de ces formations américaines qui, à la fin des années 80, proposaient un Speed/Thrash
Metal rapide et technique.
Formé à Nashville (Tennessee) en 1984, le groupe composé de Jimmy Hamilton (chant), Arthur Vinnett (guitare), Todd
Nelson (basse), et John Pieroni (batterie) enregistre puis sort en 1987 son premier disque "
Live to Die" sur le minuscule label Iron Works.
Remarqué et signé par Roadracer Records (filière américaine de Roadrunner Records) Intruder, qui vient de recruter Greg Messick à la seconde guitare, enregistre chez lui à Nashville (rebaptisé Thrashville au verso de la pochette) l'album "
A Higher Form of Killing", qui est commercialisé en août 1989.
Doté d'une très belle pochette (ce qui n'était pas le cas pour "
Live to Die"), celle-ci anticipe en image les propos tenus par le professeur allemand Fritz Haber (1868-1934) lors de la remise de son prix Nobel de chimie en 1919 : "...In no future war will the military be able to ignore the use of poison gas. It is
A Higher Form of Killing."
La guerre chimique sera le thème central du second disque de Intruder qui débute avec l'intro "Time Of
Trouble", une bande son sur laquelle on entend les journaux télévisés informer la population d'une attaque terroriste.
Le groupe enchaîne avec "The
Martyr", un excellent titre de Speed/Thrash
Metal (dans un registre similaire à
Vio-lence) où les guitaristes alternent les changements de rythmes et breaks soutenus par une puissante section rythmique, le tout accompagné par la voix aiguë de Jimmy Hamilton proche de celle de Sean Killian.
Si sur les rapides "Genetic
Genocide" et "Killing
Winds" l'influence de
Vio-lence avec son formidable "
Eternal Nightmare" (1988) reste omniprésente, sur "Second Chance" et surtout "The
Sentence Is Death" (doté de quelques riffs glanés chez
Metallica) Intruder se rapproche (que ce soit dans la tonalité plus claire adoptée par le chanteur que dans la structure plus complexe des morceaux) davantage de
Realm et de son tout aussi exceptionnel "
Endless War" (1988).
Cette homogénéité est quelque peu gâchée par l'inutile reprise "(I'm Not Your) Stepping stone" de The Monkees (les Beatles américains), un titre des années 60 que le groupe exécute à la sauce Punk avec au chant le batteur John Pieroni dont la voix grave (même si elle s'adapte parfaitement au morceau) est à mille lieues de celle de Jimmy Hamilton.
Fort heureusement Intruder se ressaisit avec le brutal "Agents Of The
Dark (M.I.B.)" (ou on retrouve quelques plans empruntés à
Metallica, mais aussi à
Slayer !) ainsi que sur le cynique "Mr. Death" (précédé de l'interlude "Antipathy"), deux titres sur lesquels le groupe retourne à son Speed/Thrash
Metal originel.
En 1991 Intruder sortira le très bon (bien que moins intense) album "
Psycho Savant" sur
Metal Blade Records (
Nasty Savage,
Sacred Reich) avant de splitter peu après comme ses compagnons d'infortune
Realm,
Toxik, et
Vio-lence.
Au vu de tes écrits, et des posts qui citent de temps en temps positivement ce disque, il fait partie des albums à acquérir à l'occasion, au détour d'un bac. L'affiliation avec Vio-lence, qui ne saute pas aux oreilles sur Psycho Savant, incite à l'achat.
Ah, et quel plaisir de voir citer Realm dans une chronique en 2017 !
C'était la mode de faire une reprise, tous les groupes de thrash s'y filaient pour des résultats mitigés, la plupart du temps, notamment en terme d'homogénéité d'un album.
Merci pour ce papier qui manquait au site.
Merci Jérôme.
Je dois dire que ce disque n'est pas très facile d'accès, par conséquent il est resté longtemps sur l'étagère à prendre la poussière (j'en ai pas mal d'autres dans le même cas).
Rajouté à cela une peu flatteuse chronique de Phil Pestilence dans un vieux Metal Hammer qui, comme je l'avais expliqué dans mon commentaire du "Biermächt" (1988) de Wehrmacht, détestait les chanteurs à voix aiguës.
Or on a beau dire ce qu'on veut, certains papiers influent sur votre jugement.
Résultat : plus de vingt ans après son acquisition, et après un certain nombre d'écoutes sans à priori, j'ai enfin réussi à apprécier cet album à sa juste valeur.
Il était plus que temps.
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