A Gradual Decline in Morale

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16/20
Nom du groupe Kim Dracula
Nom de l'album A Gradual Decline in Morale
Type Album
Date de parution 14 Juillet 2023
Style MusicalMetal Expérimental
Membres possèdant cet album3

Tracklist

1.
 A Gradual Decline In Morale
 02:02
2.
 My Confession
 03:00
3.
 The Pledge:
 00:14
4.
 Luck Is A Fine Thing (Give It A Chance)
 03:24
5.
 Drown
 02:46
6.
 Superhero
 02:43
7.
 Are You? (Ft. Kirin J Callinan)
 03:03
8.
 Land Of The Sun
 03:52
9.
 The Turn:
 00:21
10.
 Divine Retribution
 02:19
11.
 Undercover
 02:16
12.
 Industry Secrets
 02:52
13.
 Rosé
 04:34
14.
 Seventy Thorns (Ft. Jonathan Davis)
 02:58
15.
 The Prestige:
 00:24
16.
 Reunion And Reintegration
 02:51
17.
 Kitty Kitty
 02:32
18.
 Make Me Famous
 03:03
19.
 Iris
 02:46
20.
 The End, For Now
 00:26

Durée totale : 48:26

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Kim Dracula


Chronique @ Groaw

10 Août 2023

Énigmatique, déboussolant et exaltant, A Gradual Decline In Morale ne ressemble à aucun autre album

Si je vous parle aujourd’hui de Kim Dracula, la plupart d’entre vous me diront qu’ils n’en ont jamais entendu parler et les plus rares me diront que ce nom leur dit vaguement quelque chose. Alors non, il ne s’agit pas du célèbre comte, puisque le nom de scène de l’artiste est directement emprunté à la chanson de Deftones présente dans l’album Saturday Night Wrist mais bien d’un compositeur qui n’est initialement pas du tout issu de la scène metal.
En effet pour le jeune homme, l’histoire commence fin 2020 sur les réseaux sociaux. Alors inconnu au bataillon, le chanteur publie sur TikTok une reprise du fameux titre de Lady Gaga Paparazzi. Sa revisite du morceau en version trap acquiert un succès viral en très peu de temps puisqu’elle sera réutilisée dans pas moins de 60000 clips TikTok et propulse l’auteur à la quatrième place des artistes musicaux australiens les plus suivis en 2020 sur l’application de partage de vidéos.

- Lecteur (d’un air circonspect) : Elle est bien jolie ta fable Laurent mais qu’est-ce qu’elle fiche sur un site de chroniques d’albums de metal ?
- Laurent (enthousiaste) : Soyez patients, on y vient ! Il s’avère qu’avant cette aventure qui paraît presque fantastique, le compositeur était le frontman d’un petit groupe de metalcore nommé Jesterpose. Là encore, si la formation ne vous parle pas du tout, ce n’est pas vraiment étonnant puisque le collectif a écrit deux pauvres morceaux sortis l’année de la pandémie et qui sont complètement passés sous le radar.
- Lecteur (qui commence à s’énerver) : C’est bien gentil ton baratin mais ce n’est pas de Jesterpose dont on parle ici mais bien de Kim Dracula
- Laurent (qui soupire) : Patience j’ai dit ! Qu’est-ce que vous êtes pressé ma parole … Je reprends : à la suite donc de cette épreuve qui fût finalement un échec, le chanteur australien a finalement décidé de s’investir davantage dans sa carrière solo à la quête d’un nouveau triomphe.
- Lecteur (très irrespectueux) : Blablabla, viens-en au fait !!!
- Laurent (visage calme) : Un peu moins de deux ans après son premier tour de force, notre jeune interprète est revenu avec un titre Make Me Famous, une chanson que l’on pourrait classer dans le metal expérimental … mais nous y reviendrons plus tard.
- Lecteur (content d’avoir enfin eu sa réponse) : Je comprends mieux désormais. Je te laisse désormais poursuivre ton récit.

Merci ! Si la réussite de l’Australien se montre bien plus modérée que pour Paparazzi, les critiques sont pourtant très dithyrambiques envers un morceau ultra-audacieux. Par la suite, Kim sortira trois autres titres avant d'annoncer son tout premier album studio intitulé A Gradual Decline in Morale. Pour cette imposante galette de vingt parts, le musicien a fait appel à de nombreux instrumentistes dont on ne connaît malheureusement pas l’identité puisqu’ils sont tous cagoulés. Volonté de garder leur anonymat, simple effet de mode ou choix de l’artiste d’avoir une image percutante à l’instar d’un Slipknot ou d’un Sleep Token, la question reste pour le moment en suspens.

Au-delà de cette personnalité mystérieusement intrigante, Kim Dracula est en premier lieu un artiste aux multiples facettes capable au sein d’une seule et même mélodie d’intégrer un nombre invraisemblable de styles musicaux. Sur Make Me Famous, titre qui ne dépasse pourtant pas les trois minutes, le bonhomme s’essaye à pas moins de douze genres. Certains de ces mouvements sont dans des registres relativement ordinaires comme pour les refrains qui soumettent un rock qui nous remémore les années 2000 et plusieurs collectifs tels que Fall Out Boy ou My Chemical Romance.
Pour d’autres impulsions en revanche, ce sont des aspirations bien plus imprévisibles et parfois même inédites. On pourrait bien entendu parler de ces quelques notes de saxophone en plein milieu du premier breakdown dans une empreinte deathcore mais nous sommes surtout stupéfaits par les sections de bossa nova et de chant mongol, des souffles musicaux encore peu en vue. Ce qui est d’autant plus invraisemblable devant ce méli-mélo de styles, c’est que les transitions sont transparentes, parfaitement fluides et ne donnent aucune impression de cacophonie ou de déstructuration. On retrouve cette diversité jusque dans la prestation vocale où notre artiste allie d’une voix de maître growling, rap, chant clair et scat.

On pourrait facilement penser que notre saisissement s’arrêterait là mais presque chaque morceau ajoute une corde à l’arc de notre formation. A l’écoute de My Confession, l’introduction nous emmène dans une fusion de genres avec une ligne de basse que l’on pourrait tout à fait retrouver dans un titre des Red Hot et un chant impétueux, déroutant dont le timbre s’apparente à celui de Mike Patton. Le collectif se permet même une petite référence avec la ligne « Can You Feel That ? Oh shit ! » directement inspiré de l’ouverture de Down With The Sickness de Disturbed. L’instrumental bascule par la suite dans un dance-pop moderne avant d’autres transitions et influences (Die Antwoord, Limp Bizkit, Eminem, etc.) toutes aussi loufoques les unes que les autres.

Parmi les autres compositions qui se risquent à de nouvelles approches, il est difficile de passer à côté de Seventy Thorns en collaboration avec Jonathan Davis. Intro scat, rythmique thrash, registre vocal imitant les prestations aiguës du power metal, sonorités trap, le morceau est une nouvelle preuve du génie musicale de l’artiste australien. Au final, seuls les refrains de M. Davis sont assez décevants, peu percutants et totalement oubliables par rapport au reste de la mélodie.
Dans la recherche de sensations uniques, Land Of The Sun est aussi un excellent élève avec une ambiance bossa nova aux odeurs de vacances et de quiétude, un refrain à l’atmosphère latina avant de nous lâcher un breakdown ravageur de plus en plus languissant accompagné de quelques sonorités hindoues. L’outro ne manque pas non plus de fantaisie avec ces bruitages de cartoon et ce monologue qui nous remémore le speech de Wes Borland (Limp Bizkit) que l’on pouvait entendre sur l’intro de Gold Cobra. C’est d’ailleurs sur un discours de même nature que le disque se conclut avec The End, For Now, un clap de fin gâché et assez frustrant.

Forcément, avec vingt compositions à son compteur, A Gradual Decline in Morale ne pouvait pas exempt de tout reproches. Outre les entractes qui ont la fâcheuse tendance d’entacher notre découverte à l’instar de The Pledge:, quinze secondes de dissonance et de grincement, certaines chansons n’affichent tout simplement aucune originalité et une sensation d’inachevé. Iris, qui est une reprise des Goo Goo Dolls, est une balade insignifiante, ennuyante ponctuée d’une distorsion des plus désagréables qui en fait sans conteste le plus mauvais titre de cet opus. Are You? avec l’association de Kirin J Callinan (Mercy Arms) ne remonte pas plus le niveau avec un instrumental plutôt redondant, un riffing agaçant et un final grinçant.

Alors certes, tout n’est pas parfait sur cette première tentative de notre artiste australien mais A Gradual Decline in Morale n’en demeure pas moins une intéressante boîte à surprises musicale. Dans son concept, Kim Dracula est un peu comme un System Of A Down ou un Mr. Bungle des temps modernes, une véritable soif d’innovation avec une fusion des genres ainsi qu’une envie d’être comique et atypique. Si nous devions catégoriser cet album, je le classerais personnellement comme du neo expérimental car les divers éléments électroniques et techniques vocales qui le composent se rapprochent des sonorités que l’on pouvait entendre dans l’âge d’or du nu metal. Dans tous les cas, peu importe dans quelle case entre ce premier essai puisqu’il s’agit là d'une très bonne galette qui prend assurément du temps à dompter avec ces vingt titres mais qui expose par la suite un impressionnant et captivant tableau dont on devient vite addict.

2 Commentaires

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JeanEdernDesecrator - 11 Août 2023:

Ça part vraiment dans tous les sens, effectivement, Mr Bungle est pas loin. Je vais écouter ça, merci pour la chronique !

Eternalis - 17 Août 2023:

Simplement parce que la structure de ta chronique m'a fait rire (j'en avais écrite des comme ça, ça donne envie de lire et du coup, c'est ce que j'ai fais laugh) et intriguée, je vais aller écouter. Du bizarre, des dissonnaces de 15 sec et des trucs de partout ... ça peut être pour moi !

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Chronique @ AdepteDesArcanesLaiteuses

15 Novembre 2023

L'ordre dans le chaos

Kim Dracula, c'est ce type complètement barjo et un peu androgyne qu'on a vu circuler de plus en plus sur les réseaux sociaux visant un public jeune (TikTok et compagnie, j'vais pas vous faire de dessin). Un peu à la manière d'un Ghostemane, on le voit bien souvent rapper avec une voix criarde et démoniaque tout en se donnant un air pour le moins chaotique et déjanté. Mais que l'on ne s'y trompe pas, notre ami Kim ne fait pas que ça.

Ben oui, parce que le bougre a quand même réussi à taper dans l’œil d'un certain Mr. Davis Jonathan au point que ce dernier s'est occupé de chantonner le refrain du très sympathique Seventy Thorns et même de faire une apparition remarquée dans le clip musical. How cool is that? comme diraient nos voisins anglophones.

Mais alors, qu'est-ce qui a attiré l'attention de Jonathan au point de donner de sa personne pour promouvoir un type qui rappe sur TikTok? Et bien, parce que Kim ne fait pas que ça (fort heureusement!). Il possède un flow plutôt rapide, une voix criée aux tons aigus et agressifs qui n'a rien à envier au metalcore ou au black metal et une personnalité bien à lui avec une image chaotique (vous allez l'entendre souvent ce mot, dans cette chronique!), déjantée et touche-à-tout. Et c'est bien ce dernier détail ("touche-à-tout") qui fait toute la particularité du bonhomme.

Parce que Kim, au-delà de son image de TikTokeur un peu dark, il passe du coq à l'âne plus vite que Sonic sous crac lâché dans Green Hill Zone. De metalcore à du nu-metal en passant par le jazz, le rap, la pop ou le punk-rock et parfois tout ça dans la même piste, fallait oser. Dit comme ça, ça peut paraître un peu le bordel, c'est sûr. Mais A Gradual Decline in Morale (sauf exceptions comme "Seventy Thorns" ou "Make Me Famous") est un album qui s'écoute en entier. Une sorte d'expérience musicale qui ne dénaturera pas trop les adeptes de métal moderne (que je considère être tout ce qu'il s'est passé après le nu-metal, grosso merdo). Ceux-là se sentiront chez eux. Cela dit, il n'est pas surprenant qu'à la première écoute, même le plus taré d'entre vous se sente un peu perdu devant la multiplication des changements de tons, de rythme et d'interludes qui rythment l'album de part en part. Difficile après celle-ci de se dire "cette piste-là, c'est un banger!" ou "bordel, celle-ci c'est un truc à écouter en boucle toute la nuit en sacrifiant des chèvres à la pleine lune!". Non, non, point de tout ça (bande de sauvages). C'est au bout de quelques écoutes que l'on commence à apprécier réellement les qualités et les défauts de la galette.

Du côté des qualités :
- Les pistes s'enchainent à une vitesse folle et de manière ultra-fluide. C'est plutôt impressionnant vu le bordel ambiant, on va pas se mentir. On passe de l'une à l'autre sans s'en rendre compte et le temps passe vraiment vite (si vous aimez le genre, bien sûr). Heureusement que Kim vient de temps en temps nous rappeler, lors d'interludes narrées, où on en est dans l'album.
- Les parties rappées en voix globelineuse (oui, c'est un adjectif qui n'existe pas mais tu m'as compris). Honnêtement, ça envoie pas mal et je suis assez client. Kim prend un ton très maléfique, démoniaque et insidieux et ça fait son petit effet sur moi.
- Les moments metal pur (blast beats et riffs puissants et rapides) sont honnêtement de bonne facture. Dans "Reunion and Reintegration", il y a des passages qui n'ont rien à envier à une bonne piste de black metal (qui passe la seconde d'après à un breakdown deathcore mais ça c'est un détail et vous devrez vous habituer, laissez-moi vous le dire).
- Le côté un peu progressif de l'album : ben ouais, comme dit précédemment, y a finalement assez peu de pistes qui ont un cheminement classique (intro-paroles-pont-refrain-bis repetita). Ça change de rythme à tout-va, c'est parfois rapide parfois lent, les pistes ne se ressemblent pas, bref, ça progresse.

Du côté des défauts :
- Le manque de passages techniques : bon, c'est généralement pas ce qu'on lui demande pour ce type de musique, me faites pas dire ce que j'ai pas dit. Cela dit, quitte à pousser le bouchon ultra loin comme il l'a fait, on aurait peut-être aimé quelques solos fous furieux qui partent dans tous les sens (un peu comme ce qu'il se passe dans sa tête). Un truc qui viendrait boucler la boucle du chaos et démontrer tout l'étendu des talents de l'artiste. Prenons par exemple la seconde piste "My Confession" : le petit solo de basse au début n'est pas dégueu du tout et a un bon groove. C'est ouf, j'me sentirais presque revenu au temps des premiers albums de KoRn avec Fieldy.
- La structure de l'album : partir dans tous les sens, il le fait plutôt bien. On a juste parfois un peu de mal à suivre où il veut aller et on a un peu l'impression de grosses parties improvisées de temps à autres. Bon, c'est pas méchant et ça fait partie du charme de l'album mais disons que j'aurais juste aimé pouvoir différencier les pistes un peu plus facilement plutôt que d'écouter un tout. D'autant plus que certaines pistes le font très bien (je vais répéter Seventy Thorns mais je trouve vraiment que cette piste est un bon exemple de son côté touche à tout et chaotique, tout en restant dans quelque chose de très identifiable et qui peut être joué à part de l'ensemble).

Honnêtement, pour une première livraison, chapeau l'artiste. Je ne qualifierais pas encore Kim Dracula d'exceptionnel mais il a clairement amorcé quelque chose d'intéressant et créatif. Alors soyons clairs : ça va pas plaire aux élitistes et aux fans de heavy metal pur et dur. Faut avoir l'esprit carrément ouvert aux expérimentations (voir parfois, l'esprit un peu recouvert de poudre blanche) et aux différents genres abordés ça-et-là.
Mais je le placerais dans la case des artistes très modernes et très créatifs à suivre pour les prochains albums.

Excellents débuts, validés pour moi.

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