Devenus l'espace de deux albums le pendant européen de
Municipal Waste, les Autrichiens d'
Insanity Alert se sont faits remarquer d'abord avec ces deux disques efficaces sortis en 2014 et 2016. Et aussi et surtout par des concerts fichtrement bien menés, alliant la pêche d'un crossover débridé et aussi pêchu qu'un détenu fraîchement libéré devant une Scarlett
Johansson dénudée, avec une présence scénique hors norme, à base de visuels originaux amenant clairement le petit plus qui marque le spectateur. Tout auréolés d'une signature avec le label Français Season of
Mist,
Insanity Alert sort son troisième album de 21 titres pour une petite demi-heure de musique et déboule dans les bacs accompagné d'une tournée européenne dense censée renforcer la notoriété des jeunes thrashers à baskets.
666-packs (coucou
Tankard) commence d'ailleurs fort bien, avec des hymnes facilement ancrés dès les premières écoutes, à base de refrains percutants ("All Mosh,
No Brain", "Saturday Grind Fever" qui emprunte au célèbre thème bien connu des années Travolta, le varié "
Echoes of Death" avec ses passages bien lourds, un "Mosh, Mosh, Mosh" effréné, un "One-Eye Is
King" au refrain ensorceleur ou le terrible "
Two Joints" sautillant à souhait). Y'a pas à dire, les petits gars savent y faire, avec une efficacité que la Poubelle Municipale n'a pas recouvrée depuis trop longtemps. La panoplie est là, rutilante et entraînante, avec refrains hurlés en chœur, riffs tapageurs, et le plus important, une absence de répétitivité bien appréciable dans ce style, parfois redondant et au final peu marquant une fois l'album écouté 3/4 fois. Ce n'est clairement pas le cas ici, et cela constitue le gros point fort d'
Insanity Alert sur ce disque.
Un bémol, quand même, des titres comme "Stop,
Slammer Time", très (trop) courts, dans la tradition instaurée par les
DRI,
Nuclear Assault,
Wehrmacht ou autres S.O.D. cassent un peu la voilure d'un album par ailleurs aussi teigneux qu'un roquet devant Jacques Chirac, L'aspect parodie fait un peu remplissage ("8 Bit
Brutality", "The
Ballad of
Slayer" qui emprunte un célèbre thème aux Californiens), n'amène en effet pas grand chose et ne contribue pas à l'effet coup de poing qu'aurait pu avoir l'album sans ses traditionnelles incartades ici inutiles. Point mineur, mais légèrement préjudiciable à l'efficacité d'un album par ailleurs irréprochable, et rempli de morceaux frais comme la rosée du matin ("I Come, I Fuck
Shit Up, I Leave"). Et, si la première partie du disque semble supérieure à la seconde (le commun "Death By Wrecking Ball", le fade-out sur le dernier "
Dark Energon"), le plaisir de voir un groupe proposer d'aussi bons titres dans un style certes balisé (D.R.I. n'est jamais loin, mais en mode plus varié, témoins les vocalises hargneuses sur "
Demon Get
Out") et trop souvent caricaturé ou pastiché est ici ce qui prévaut.
Très bonne sortie et prise pour Season of
Mist, avec ces Autrichiens qui, nonobstant une efficacité à toute épreuve, savent composer des titres remarquables et qui sortent de la moyenne de l'album de crossover de base. Surtout ne pas se fier à la pochette qui aurait pu être utilisée pour un groupe de deathmetal car ici il n'est nullement question de croque-morts, mais plutôt de boit-sans soif avides de prendre le leadership européen du genre. Au vu de leurs concerts, de leurs vidéos hilarantes et de cette sortie, il va de soi que
Insanity Alert possède l'art de remuer l'auditeur aussi sur disque et ne se contente pas de se reposer sur un schéma convenu et uniquement visuel. Peut-être la sortie crossover de l'année.
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