Enslaved + Lost in Kiev + Wolve @ Le Trabendo

the Sábado 25 Noviembre 2017, Le Trabendo

Audace : "acte qui brave les goûts dominants".  

Ces dernières années, et c’était encore plus marquant cette année 2017, on a eu l’occasion de voir régulièrement des groupes de post-rock se retrouver à l’affiche de gros festival de metal. On pense notamment à God is an Astronaut au Motocultor au côté de groupes comme Obituary ou 1349. Plus récemment, on peut se rappeler de PG.LOST  et Nordic Giants dans le line-up du Damnation Festival au côté de Sodom, Bloodbath ou encore Nails.   Si en festival la prise de risque de ce genre de programmation éclectique est assez minime (étant donné que beaucoup dans le public sont aussi là pour découvrir des artistes et savent largement apprécier un groupe, peu importe d’où il vient tant qu’il se donne à fond sur scène), tant sur une date de tournée en salle avec un public en partie venu essentiellement pour la tête d’affiche, le risque que ce public « boude » est bien plus important.  C’est donc avec beaucoup d’audace que Garmonbozia nous a proposé une tournée française d’Enslaved en compagnie des français de Lost in Kiev et Wolve.  Et si le virage plus « post » & progressif d’Enslaved justifie largement la proposition d’une telle affiche, c’est une simple phrase prononcée par une metalhead à patch lorsqu’on faisait la queue qui va me ramener à la réalité : « tu connais Lost in Kiev ?» -« non, j’ai vu que c’était du post-rock, alors j’ai pas écouté »…  

Et c’est dans un Trabendo étonnamment peu rempli pour un samedi soir que se présentent à nous les parisiens de Wolve, devant un pit photo honteusement peu investi.



Wolve

 

  Wolve c’est un peu l’inconnu du soir. Si j’avais été plus que séduit par « Lazare », EP sorti en 2016, j’étais très curieux de découvrir comment la musique du multi-instrumentiste Julien Sournac allait prendre forme sur scène, cette fois accompagné par 3 musiciens.  Si je devais résumer mon impression quant à Wolve, je dirais que si Alice in Chains et Soundgarden avaient commencé à jouer dans les années 2000, ils sonneraient probablement un peu comme Wolve, un mélange de grunge, de post rock avec une touche de prog presque parfois toolien. Et si l’ensemble aura ce soir peut-être manqué d’un poil de patate émotionnelle à mes yeux, j’aurais pris beaucoup de plaisir, jusqu’à être assez frustré qu’ils aient bénéficié de si peu de temps de jeu,  puis c’est toujours extrêmement classe de voir de la guitare jouée à  l’archer…

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Après une excellente mise en bouche, place à nos chouchous du post-rock français et mondial.

Lost In Kiev

  Hasard du calendrier, c’est il y  6 mois jour pour jour, le 25 Mai dernier que Lost in Kiev foulaient la mainstage du Dunk ! Festival. Sauf que là où ils jouaient dans un public totalement acquis à leur cause, ce soir les 4 parisiens vont faire face à un des plus gros défis de leur carrière : jouer devant un public de gros metalheads qui n’est pas du tout venu pour eux, et montrer ce dont est capable un groupe de post-rock.

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  Et pendant une (trop courte) demi-heure, on ne sera pas déçu ! Bénéficiant d’un son parfait, Lost in Kiev va présenter au public du trabendo des titres de Nuit Noire, leur dernier opus, aux atmosphères qui oscillent entre post-rock cinématographique et post-metal sombre à l’intensité émotionnelle forte.

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  On les avait trouvé un peu à l’étroit sur la scène de l’Espace B il y a quelques semaines en compagnie des suédois de PG.LOST, quel plaisir de pouvoir voir à nouveau Maxime et Dimitri (guitares), totalement déchaînés de chaque côté de la scène. Et contrairement à bons nombres de groupes de post-rock qui semblent chacun jouer dans leur coin, tous les Lost in Kiev interagissent  et échangent entre eux, avec une complicité et une bonne humeur communicative.

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En guise de conclusion forte, on aura même droit à nouveau de l’apparition de Yannick, du groupe Solitone, venu poser ses hurlements sur The Day I Ruined My Life, toujours aussi poignant et efficace, et j'ai beau adorer Enslaved, à ce moment-là, je me suis dit que vu la claque qu’on s’est pris, la soirée aurait très bien pu se terminer là-dessus.

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Enslaved (NOR)

  Comme beaucoup je pense, j’ai véritablement commencé à aimer Enslaved avec les albums ISA et RUUN, et ce en grande partie grâce à l’arrivée d’Herbrand Larsen et de sa voix suave, marquant au passage un tournant vers une première orientation plus progressive du groupe. Alors quand son départ a été annoncé il y a près d’un an, c’est tout une page qui se tournait  et les interrogations qui commençaient quant au futur du groupe. Fort heureusement, son successeur n’a pas trop tardé à se faire connaitre, et l’annonce de l’arrivée d’ Håkon Vinje, des excellents Seven Impale aura été un soulagement, confirmant au passage que le groupe allait continuer dans son orientation progressive.  Et connaissant la courte œuvre de Seven Impale, on pouvait même imaginer une direction plus avant-gardiste, et même « post-metal », creusant encore un peu plus le fossé entre leurs premiers et leurs derniers travaux.

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  D’ailleurs, au vu de ce fossé, et de ce changement majeur dans la carrière du groupe, on pouvait logiquement s’interroger d’une part quant à la teneur de la setlist proposée ce soir, et comment va se débrouiller Håkon sur des lignes de chant non écrites pour lui et sur lesquelles raisonnent encore la voix d’Herbrand. Il est de plus fascinant de voir qu’ils font partie de ces rares groupes capables de partager l’affiche de groupes de gros black comme de groupes plus progressifs. Et si à mes yeux, il était finalement assez logique que le combo norvégien partage l’affiche de groupes de post-rock, (on aurait pu aisément imaginer une grosse représentation de fans de prog dans le public), l’abondance de blousons & vestes à patchs en rangers infirmera mon hypothèse, prouvant qu’Enslaved possède encore avant tout un gros public de fans de black metal.

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Et c’est devant un pit-photo enfin rempli  et une fosse aux ¾ pleine que le groupe va nous proposer une setlist assez curieuse à mes yeux : Si dans les 10 titres proposés, «E » sera logiquement bien représentée, 3 albums majeurs seront totalement occultés, donc exit Ruun, Vertebrae et Axioma Ethica Odini. Dommage. Petite consolation, on aura quand même droit à un morceau d’In Times et Riitiir, permettant au passage de montrer les talents Håkon à la maturité étonnante (la moustache joue peut-être).  Le reste de la setlist piochera dans les débuts, et même jusqu’aux tous premiers travaux du groupe avec même Allfǫðr Oðinn, sorti sur leur démo de 1992, qui ravira au passage les fans de la première, pour bien sur un Isa une nouvelle fois mémorable, après un solo de batterie assez dispensable. Je tiens aussi à déplorer la qualité du son dont ont bénéficié les norvégiens, que l’on se trouve tout devant ou proche des consoles,  alors que l’ingé son de Lost in Kiev a fait un travail formidable (merci Tien Nguyen, toujours impeccable), vraiment dommage.

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  Alors oui, cette soirée m’a rendu un peu amer, mais les réjouissances auront été nombreuses, tout d’abord, le jeu de scène d’Enslaved et toujours irrésistible : Icedale, dont les bras sont de plus en plus recouverts, enchante toujours le public avec ses poses de guitar-hero, quitte à en faire des tonnes, et Grutle (basse-chants)  n’arrête pas de déconner avec Ivar (guitare). Ensuite, Håkon aura largement  su nous rassurer et on a vraiment hâte de l’entendre sur d’autres chansons. Enfin, j’avoue avoir un peu manqué d’objectivité concernant la setlist : quand on a une discographique de 25 ans aussi riche et éclectique, avec qui plus est des morceaux qui semblent s’allonger de plus en plus, il est difficile de contenter tout le monde (pour des groupes comme Amon Amarth, c’est bien plus facile – pardon, j’avais promis de ne plus taper sur Amon Amarth). En tout cas, un grand merci à Garmonbozia d’avoir osé nous proposé une telle affiche : Wolve aura été une excellente découverte et voir Lost in Kiev  jouer au Trabendo ça a vraiment plus de gueule que sur les petites scènes parisiennes, et pour celles et ceux qui souhaitent les voir à nouveau, si d’autres dates ne sont pas annoncées avant, rendez-vous le 26 mai 2018 pour la seconde édition du Post In Paris !

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1 Comentario

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LostPhoenix - 07 Diciembre 2017:

Merci pour ce sympatique live-report avec de magnifiques photos ! Curieux de voir Lost In Kiev en live du coup...

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