7 Weeks + Suicidal Tendencies @Biarritz 2022

the Tuesday 21 June 2022, Biarritz Atabal

Une soirée de la fête de la musique, souvent, ça se résume à remonter comme des saumons un torrent humain entre les stands de boissons et de sandwishes ventrèche frites sauce graillon, où on croise ici un groupe posé à même le trottoir qui fait son seul concert de l'année, un bar qui a bien voulu accueillir un groupe de jazz, une banda qui descend le flux  tous cuivres en avant, pour finir sur un podium où se succèdent des vieux briscards du balloche. Ce 21 juin 2022, hasard du calendrier, se produisaient à l'Atabal de Biarritz rien moins que Suicidal Tendencies, accompagné de 7 Weeks. L'Atabal, excentré à coté de la gare de Biarritz, est un des principaux lieux rock au pays basque, avec une salle de taille moyenne accueillant tous les genres depuis la pop arty jusqu'au grindcore, ainsi qu'un véritable bar apte à étancher toutes les soifs. Ce soir, l'affiche était Sold Out, avec un gros contingent de metalleux arrivé de l'Espagne voisine. En plein milieu de la semaine du Hellfest 2022, cela pourrait faire office de rattrapage pour les punis qui n'ont pas réussi à obtenir le précieux sésame. Le choix cornélien entre subir une répétition des Fêtes de Bayonne et se faire un bon vieux concert de metal a été vite fait, et bien m'en a pris… Je vous prie de m'excuser pour la qualité absolument calamiteuse des photos, prises au portable (je n'avais pas prévu de faire ce report…) et encore j'ai sélectionné les moins floues.      

7 Weeks

Je les avais déjà vu en 2016 dans un petite salle du Magneto à Bayonne, et après son excellente doublette de album "Sisiphus" en 2020 et l'EP "What's Next" quelques mois plus tard, il me tardait de les revoir sur scène.

C'est avec des morceaux récents que les limougeaux ont ouvert leur set, "Idols" et sa ligne de basse ondoyante ont posé une ambiance de tension feutrée, puis "Solar Ride", où l'envie de hocher résolument de la tête se fait déjà sentir. La pression monte d'un cran avec le stoner lourd et brut de "Insomnia". La présence imposante du bassiste chanteur Julien Bernard donne de l'assise à leur prestation, et derrière lui, Jeremy Quentin Gaucher livre un jeu de batterie intense et sans faille. Coté gauche, PH Martin passe des claviers à la guitare, qu'il garde en bandoulière, parfois dans un même morceau, et participe grandement aux changement d'ambiances de la musique. Coté droit, Gérald Gimenez manie la guitare avec précision, un peu comme un The Edge qui aurait été possédé par le démon, et passe de la réverb angélique au fuzz le plus sale et échevelé.

Le crescendo se fait de manière vicieuse avec un panaché très noir et angoissant extrait de leur album "7Weeks Plays Dead At Night". Cela se confirme avec des versions musclées des titres parmi les plus rapides de leur répertoire, "667-Off", et "Acid Rain" extrait de "Carnivora", qui termine en trombe ce set puissant de 7 Weeks. En comparant les deux concerts que j'ai vus du quatuor, l'un crépusculaire et intimiste, et l'autre qui monte en puissance en étant de plus en plus rentre-dedans, cela confirme qu'en fonction des morceaux qu'ils piochent dans un répertoire déjà conséquent, ils peuvent produire une prestation totalement différente. Le public ne s'y est pas trompé et a réservé un accueil chaleureux au groupe. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la salle a bien été chauffée…

Suicidal Tendencies

Suicidal Tendencies vient de jouer à la Warzone du Hellfest, et a enchaîné sur deux dates accompagné des français de 7 Weeks au Bikini à Toulouse et Biarritz, avant de s'envoler pour l'Italie. Mike Muir et ses potes n'ont pas pas été chanceux, avec des galères de bagages qui n'ont pas pu les suivre… en particulier leurs instruments. Heureusement, ils ont pu se faire prêter par d'autres groupes guitares, basse, cymbales, pour assurer en attendant de récupérer leur matériel.

ST, comme on les surnomme aussi, est un groupe mythique, qui réunit les publics du thrash du punk et du hardcore depuis plus de quarante ans, avec à sa tête l'infatiguable harangueur Mike Muir. Ne les ayant jamais vus en concert, avec pour seule référence des vidéos live, j'avais en tête une voix plutôt claire et parfois, euh… faiblarde qui contraste avec l'énergie débordante du bonhomme et son impressionnante carrure, et donc il faut bien l'avouer un à priori un peu négatif.

Mais avec un brulot comme "You Can't Bring Me Down", en version rallongée pour bien faire durer le plaisir, où l'homme au bandana éructe comme si c'était son dernier jour sur terre, zigzaguant sur scène comme un taureau, il est difficile de rester de marbre. On assiste déjà aux premières éruptions de bière dans le public qui s'asperge joyeusement. Malheureusement, il y a eu aussi quelques jets de gobelet vers les musiciens, dont un et tombé sur Mike, qui n'a pas bronché et continué comme si rien n'était.

On a droit au Suicidal le plus festif, rigolard, avec "Send Me Your Money", ou "I Saw Your Mummy". Les classiques comme "War Inside My Head" ou "Freedumb" balancent du gros hardcore velu et on voit les décollages de stage diving se multiplier. Les très heavys "Subliminal" ou Pledge your Allegeance" posent un peu les choses, avant que ça s'emballe encore sur "Possessed to Skate", et quelques morceaux rapides. Suicidal a privilégié les morceaux les plus connus et efficaces de son répertoire, et ce n'est pas plus mal.

Sur la fin du concert, la scène est envahie à quelques reprises, dans la bonne humeur, tout le monde redescendant sagement par les cotés ou la voie des airs. Donc, le concert donne l'impression d'un joyeux bordel, avec au milieu l'intenable Mike qui fait tout ce qui lui passe par la tête, parle entre les morceaux et fait participer le public à la moindre occasion.

Pourtant musicalement, les mecs bétonnent, avec à gauche le guitariste Ben Weiman (Ex Dillinger Escape Plan), et coté droit Dean Pleasants (guitare depuis 1996 après le départ de Rocky Geaorge). Pour la section rythmique, la jeunesse est à l'honneur, avec Ty Trujillo fils de Robert Trujillo, et à la batterie Brandon Petzborn (Black Flag, Marilyn Manson) qui succède à Dave Lombardo, envoie du bois, avec des roulements explosifs et des bombardements de double impitoyables.

 

Au final, cette soirée aura été pleine, avec une salle comble, un public réceptif, et deux groupes qui ont envoyé deux sets compacts et énergiques. Une vraie fête de la musique !

 


2 Comments

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LostPhoenix - 30 June 2022:

Tombé sous le charme de 7 Weeks récemment et de Suicidal dans ma jeunesse, voilà une soirée parfaite.
Merci pour ce live-report.

JeanEdernDesecrator - 01 July 2022:

De rien ! Je confirme, soirée parfaite, je suis reparti avec un grand sourire aux lèvres !

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