Lunar Tombfields
Dernier groupe à représenter l’écurie des Acteurs de l’Ombre, c’est Lunar Tombfields qui a l’honneur de démarrer les hostilités ce dimanche. Le black mélodique des Nantais est d’excellente facture et est servi par un son idéal faisant parfaitement ressortir les guitares, au son clair et tranchant, qui nous emportent sur leurs nombreux tremolo picking exaltés. Tantôt lent et mélancolique, tantôt plus impétueux et rapide, toujours puissant et juste, ce black mélodique à la Mgla fait mouche et impressionne, malgré un soleil de plomb qui ne cadre pas trop avec la noirceur dégagée par le groupe. Une très bonne mise en bouche pour cette dernière journée de festival, simple et sans fioriture.
5/6
Party Cannon
Franchement, si on m’avait dit que Party Cannon serait l’un des groupes à ne pas manquer de ce festival, j’aurais peut-être été un brin sceptique. Et pourtant ! Quel concert, et quel merveilleux et joyeux bordel ! Bon, la musique est ce qu’elle est, à savoir un gore grind death brutal assez convenu mais ultra efficace, puissant, et groovy en diable, avec des accélérations meurtrières, mais le principal, c’est le show ! Les Ecossais ont tout compris à l’esprit de cette scène, balançant ballons en plastique et matelas gonflables en forme de dauphin, fraise ou glace pour le plus grand plaisir des slammers et exploitant sans vergogne un ange de la mort déchu avec son masque tête de mort et ses petites ailes noires, ce dernier brandissant des pancartes faites main pour indiquer au public ce qu’il attend de lui (Faster, Wall of Death, Circle Pits, Let’s Party, et même un improbable Push Up qui transformera le pit/dancefloor en salle de sport où les festivaliers feront un concours de pompes !). Le son est impeccable, le set à la fois efficace, destructeur et bon enfant, et l’ambiance est incroyablement fun. Que dire de plus ? Party Cannon just kills !
5,5/6
Ensiferum
C’est dans la bonne humeur que l’on continue puisque c’est Ensiferum qui foule ensuite la Supositor, avec son power mélo death folk metal. Les Finlandais, dont le matériel musical a été bloqué à l’aéroport, feront leur possible pour assurer un show digne de ce nom, rivalisant d’énergie et d’enthousiasme, malheureusement, leur set sera entaché par un son médiocre, avec notamment un Petri Lindroos quasiment inaudible au chant. Dommage quand on sait que c’est la caution extrême du groupe ! Reste que cette version presque instrumentale parvient tout de même à convaincre, surtout lors des quelques interventions de Pekka Montin, au chant heavy impressionnant de justesse et de maîtrise ! Run From the Crushing Tide met tout le monde d’accord, avant que les 5 ne reprennent Breaking the Law et achèvent leur concert sur un Two of Spades qui va clore ces 45 petites minutes sur une rafraîchissante note disco ! Un concert fun et sans prise de tête qui reste très sympathique malgré des conditions live difficiles, bravo messieurs !
4,5/6
Fear Factory
J’avoue que j’étais curieux de voir Fear Factory sans Burton C. Bell. Bon, c’est un fait, le charismatique leader manque, mais honnêtement, son jeune remplaçant s’en sort avec les honneurs : Milo Silvestro est un frontman dynamique et communicatif au chant polyvalent, même s’il manque un peu de puissance vocale, et qui ajoute une bonne dose de vigueur à une prestation par ailleurs plutôt statique, le père Dino n’étant pas connu pour son jeu expressif. Comme on peut s’y attendre, l’ensemble est très propre et carré, techniquement irréprochable, avec une section rythmique impériale, j’aurais en revanche aimé un son un peu plus massif pour vraiment me faire exploser par des titres comme Demanufacture qui ouvre le bal, ou Shock. Une bonne prestation, mais pas inoubliable, les musiciens paraissant un peu en pilotage automatique en dehors d’un Milo qui fait le show.
4,5/6
Primordial
Sacré changement d’ambiance avec les Irlandais de Primordial dont la musique ne respire pas la joie de vivre, et c’est un euphémisme ! Ce n'est pas Nemtheanga qui me fera mentir, le triste sire faisant son apparition avec une corde de chanvre au cou, macabre illustration de The Hell or the Hangman. Porté par la prestation métronomique et très sobre des autres musiciens, plongés dans une sorte de transe lancinante, Alan Averill ne se contente pas de chanter, il transmet de tout son corps, ses gestes et ses expressions faciales la lente et inexorable décrépitude de l’humanité. Sans exubérance aucune, guidés par la théâtralité morbide et le cynisme glaçant de leur leader, les quatre déroulent leur musique de fin du monde dans une ambiance solennelle mais un peu trop monocorde, manquant de variations et de pics d’intensité pour pleinement m’emporter. Un show honnête mais pas franchement mémorable, auquel il manquera probablement une étincelle de magie pour réellement embraser le public.
4/6
Monolord
Et biiiiiiiim ! Ce qui claque d’entrée de jeu la gueule quand Monolord commence à jouer, c’est cet énorme son de basse qui nous cloue au sol et dont chaque vibration déclenche une descente d’organe. C’est d’ailleurs Mika Häkki qui est à l’honneur au centre de la scène, faisant corps et ondulant avec son instrument comme un félin, reléguant Thomas V Jäger au jeu moins expressif et aux interventions vocales justes mais anecdotiques du côté droit. En même temps, les mecs ont tout compris, propulsant leur gros stoner doom principalement instrumental par un son délicieusement gras et un sens du riff velu à s’en décrocher les cervicales, avec quelques parties plus psychédéliques aux doux relents de weed et d’Hammond. Le genre de groupe à ne pas rater sur scène car c’est là que leur musique prend tout son sens.
Rock n Roll !
5,5/6
Candlemass
On reste dans le doom, mais dans une approche plus traditionnelle et plus sombre avec les incontournables vétérans de Candlemass. Malgré leurs 40 ans de carrière (!), les papys du doom sont encore capables de botter des culs ! Mis à part un Mappe Bjorkman qui reste scotché à son ampli et paraît presque momifié tellement il est immobile et inexpressif, les Suédois ont encore une sacrée énergie et livrent une excellente prestation, impeccable tant d’un point de vue technique que sonore. Les plus grands classiques y passent, Mirorr Mirror, Crystal Ball et bien évidemment, l’incontournable Solitude de clôture que les musiciens prolongeront avec un plaisir évident. Johan Längquist impressionne par son chant, toujours très juste, plein d’émotion, et techniquement irréprochable, même dans les rares montées aigues ou dans un court et surprenant growl sur Dark Reflections. Respect et hommages éternels aux rois du doom !
5/6
Kanonenfieber
Au risque de vous étonner, voir Kanonenfieber sur scène n'est pas vraiment un concert. Pas uniquement en tous cas : c’est un spectacle à part entière dont la musique n’est finalement que la bande-son. Car effectivement, c’est un véritable show que nous ont livré les Allemands, une représentation magnifique servie par de superbes décors, une pyrotechnie, un jeu de son et de lumières époustouflants, et une mise en scène savamment étudiée. Avec leurs uniformes de guerre, les soldats allemands investissent une scène transformée en un camp militaire troué de tranchées et livrent un spectacle visuel et sonore époustouflant dont chaque titre est un chapitre distinct, racontant sa propre histoire avec une narration unique. Ainsi, on passe de l’enfer de la bataille sur Menschenmühle avec ses flammes infernales et ses détonations claquantes qui nous font sursauter à l’errance et la dépression glaciale qui assaillent les infortunés survivants sur der Maulwurf, l’inattendu changement de décor et d’ambiance sur Ubootsperre et le final de Ausblutungsschlacht avec cette terrifiante personnification de la Mort avec son masque grimaçant… Terrible, saisissant, et profondément marquant ! Si vous avez raté ça, vous avez raté le meilleur concert du festival, tout simplement.
Un seul regret, qu’ils n’aient pas joué en tête d’affiche, car comment faire mieux après ça ?
6/6
Machine Head (USA)
Machine Head était néanmoins LA tête d’affiche de ce festival en matière de notoriété, et vue la foule compacte qui les attendait de pied ferme devant la Mustage pour clôturer cette édition 2025, le doute n’était pas permis. On dira ce qu’on voudra, mais Rob Flynn et sa bande auront été à la hauteur de leur réputation, livrant pendant 1h15 un sacré show à l’américaine, à la fois généreux et intense, au son impeccable aussi net que puissant et à l’énergie communicative, avec un frontman très en verve qui s’amuse à jeter des verres de bière dans le public. Les musiciens font leur entrée sur Bohemian Rhapsody, puis enchaînent les symphonies sombres d’Here Comes the Flood et la puissance dévastatrice d’Imperium avec une efficacité et une maîtrise technique inattaquables. La set lit est variée et forcément un peu hétérogène (l’enchainement des très teenage Is There Anybody Out There et ØUTSIDER aura sûrement conquis la frange la plus jeune du public, tandis que les vieux de la vieille auront pris leur pied sur Ten Ton Hammer, avec ses masses en plastiques livrées à la fosse, et Davidian). Sur From This Day, le groupe balance des dés géants à son effigie tandis que des canons crachent une pluie de confettis rouge vifs sur une foule électrisée sautant en rythme sous les injonctions d’un Rob Flynn très en forme. C’est Halo qui achèvera le concert, avec de superbes effets pyrotechniques, et une nouvelle explosion de confettis blancs qui tombent comme des cendres purificatrices après le carnage. Un très bon concert, et un beau spectacle de cloture de festival. Bravo et merci à Machine Head !
5/6










Complètement d'accord!!! Party Canon, c'était un des concerts du festival avec Kanonenfieber
Merci pour le report !
Vu Kanonenfieber à Paris en octobre 2023 et c'est vrai que c'est un super spectacle, presque théâtral. Il y avait Houle et Batushka aussi ce soir là, c'était vraiment une date sympa.
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