Deuxième jour. Un bon petit dej pour se remettre d’une première journée courte mais intense en émotions avec notamment les concerts magistraux de Shining et Enter Shikari. Le plus gros arrive, avec des mastodontes sur les Mainstage mais une journée majoritairement sous la Altar pour votre serviteur. Un Sanctuaire qui ne désemplit pas de la journée, des files d’attente à n’en plus finir pour certains services et un site qui se rempli très vite (et le pire sera à venir) pour devenir de moins en moins praticable à l’orée d’un Shaka Ponk qui ne ravira pas que les metalleux … Tour d’horizon de la journée. [Par Eternalis]
Orden Ogan
Toujours aussi peu de power metal au Hellfest et ce n’est pas forcément la prestation bien tiède du Hellfest qui changera les choses.
Bien que le public ne s’y trompe pas en étant présent assez massivement malgré l’heure (13h30), la bande à Seeb Levermann (qui arrive d’ailleurs en retard sur Dead Among the Blind, laissant les guitaristes un peu perplexes sur scène) ne m’a pas franchement convaincu. Un son trop froid et clinique (cette batterie qui ressemble à un robot), des arrangements inexistants et tout pour les riffs. Même le chant était en retrait sur la Mainstage.
La scénographie était sympa, des intervenants jouent les personnages du concept (notamment Alister Vale qui est sur toutes les pochettes) mais Seeb parait emprunté dans son costume, son chant apparaît parfois approximatif même si les refrains de F.E.V.E.R, Gunmen ou du nouveau venu The Order of Fear font mouche et le public réagit. L’excellent The Things We Believe In clôture un set court d’une demi heure sympathique mais manquant d’envergure quand on voit la grandeur des opus studios. Dommage.
Setlist : Dead Among the Blind / F.E.V.E.R / The Order of Fear / Come with Me in the Other Side / Gunmen / The Things we Believe In

Textures
Les néerlandais revenaient sur les terres clissonnaises après leur passage en 2017 et le split qui avait suivi. Autant dire que les fans de death progressif étaient plutôt nombreux massés sous la Altar pour les 40 min qui leurs étaient octroyés.
Le son est excellent, les six musiciens sont souriants avec Silhouettes mis en avant (l’album qui les a fait exploser) et surtout un vocaliste au top de sa forme ! Toujours aussi fan personnellement de “Phenotype”, l’impact d’un morceau comme “New Horizons” aura mis le feu sur scène, tout comme le magnifique “Timeless” avant un “Singularity” au riff d’une précision et d’une épaisseur monumentale.
Merci pour ce retour les gars et à bientôt pour le nouvel album !
Setlist : Laments of an Icarus / Storm Warning / Reaching Home / New Horizons / Regenesis / Awake / Timeless / Singularity

Klone
C’est sous une Altar pleine à craquer que les poitevins sont entrés en scène face à une tente surpeuplée et acquis à leur cause. Un son impeccable, Yann Ligner toujours aussi impressionnant dans l’amplitude de sa voix et un duo de guitariste extrêmement mobile sur scène. Rocket Smoke va réveiller rapidement la scène, malgré un souci de cable de Guillaume sur le break qui ne les empêchera pas d’emporter les suffrages avec eux. Le groupe se permet même de faire en avant première un extrait du futur album The Unseen, visiblement dans la droite lignée des précédents opus, à savoir un metal atmosphérique raffiné, riche et plein de poésie. Immersion permet, une fois de plus, de profiter de la voix sublime de son frontman alors que Younder termine le show par un long périple progressif, hypnotique dans lequel Morgan Berthet à la batterie démontre tout son talent.
Toujours plus haut, toujours présent depuis 20 ans, Klone prouve une fois de plus que son statut n’a rien d'usurpé. La longue acclamation des milliers de fans était là pour en témoigner.

Einar Solberg
Déjà vu quatre fois Leprous et c’est avec le même plaisir que je me foule en barrière pour regarder en solo l’un des chanteurs les plus doués de sa génération.
En jetant une oeil sur quelques setlists, il semblerait que le norvégien reprenne également du Leprous mais aussi certains titres de Ihsahn … il n’en sera rien durant les 45 minutes de son show puisque c’est exclusivement des morceaux tirés de son opus 16 qui seront joués en cette fin d’après midi !
Autant dire que le cap du live passe plutôt bien, que ce soit les titres les plus électroniques (Remember Me, Where all the Twigs Broke), le très émotionnel titre éponyme et les nombreux passages au violon ou encore le plus urbain Home avec Ben Levin, guitariste sur scène et chantant son propre passage de l’album ! Si l’on pourrait reprocher que ses musiciens sont loin du charisme des membres de Leprous, surtout des codes metal mais on sent que Einar cherche aussi à s’en éloigner (reste un batteur impressionnant qui, s’il n’a pas le talent et la folie de Baard Kolstad, envoie sacrément du bois). Le concert se termine sur l’aérien A Beautiful Life avant le morceau fleuve The Glass is Empty de plus de onze minutes !
“Remerciez surtout mes musiciens qui ont fait ce concert avec une seule répétition” clame Einar en quittant la scène. Unique, à son image.
Setlist : Grotto / Remember Me / 16 / All the Twigs Broke / Home / A Beautiful Life / The Glass is Empty

SHAKA PONK
Encore un choix controversé car initialement, l’univers musical n’a pas grand chose à faire au Hellfest. Du rock plutôt basique, un peu moderne et urbain, qui a surtout fait parler de lui pour ses engagements politiques et environnementaux et les longs discours de Frah, son chanteur.
Je n’ai pas vu tout le concert, je suis arrivé à 40 min de la fin pour Machine Head et je ne me commenterais donc que ce que j’ai vu. C’est à dire en 45 min beaucoup de blabla incompréhensible (suivre le vocaliste sur ses délires n’est pas évident), des groupies folles de le toucher, seulement 3 compos et une reprise (pourtant plutôt explosive de Nirvana) et surtout des temps infiniment longs de “rien” malgré une grosse scénographie et un son solide. Mais ça ne fait pas tout pour me combler même si on les sentait attendus par un gros public (comme quoi, le public change indéniablement). Un beau pétard mouillé à mon sens, mais qui en aura ravi plus d’un. Tant mieux pour eux. Papa Machine Head allait arriver pour tout détruire.
Machine Head (USA)
Peut-être la branlée du week-end sur Mainstage. Intensité scénique, lights, pyrotechnie, explosions, rage de tous les instants, un Rob Flynn qui harangue la foule comme un malade, visiblement apaisé et souriant (il a même dédicacé “Darkness Within” à sa mère qui fêtait ses 84 ans), un nouveau line up très en place et surtout, après le désastre (personnel) musical de Shaka Ponk, des points remis sur les “i” que avec une scénographie, c’est bien, mais foutre le feu et surtout avec des “hits”, c’était autre chose. Car les riffs qui ont résonné ont littéralement embrasé le public dès l’intro toujours aussi résonnante de “Imperium”. Flammes pendant que Rob chauffe la foule et explosions d’artifices dès le début du morceau.
Juste en face, de derrière la fosse, le spectacle était grandiose. “Ten Ton Hammer” directement derrière puis le radical “Choke the Ashes of your Hate” qui passe parfaitement l’épreuve du live. La scénographie magnifique derrière “Locust” m’aura personnellement ravi, tout comme le déversement de flammes et de ballons géants (visiblement à la mode) sur un “Davidian” complètement transcendé. J’ai toujours trouvé “Is There Anybody out There ?” ridicule en studio mais entre le texte derrière et l’intensité de Rob au micro, le titre passe plutôt mieux. “No Gods No Masters” sera un beau moment de communion tout comme le très hip hop “From this Day” qui défonce juste tout en cette nuit de Hellfest. Rob est à fond, entre ses multiples remerciements, ses appels au circle pit ou ce concours de lancer de bière où il lance à droite, à gauche et au centre des gobelets et attend qu’ils soient rattrapés le mieux possible !
Quoi de mieux que de finir par le monumental “Halo” et ses dix minutes fabuleuses, son riff monstrueux avec en prime un feu d’artifices pour l’accompagner ?
90 min. Une branlée. Pas forcément la meilleure setlist du monde mais on se dit que Machine Head aurait pu enlever ou modifier la moitié des titres que ça aurait été aussi monumental. C’est ça aussi, la marque des (très) grands.
Setlist : Imperium / Ten Ton Hammer / Choke the Ashes of Your Hate / Now We Die / Is There Anybody out There ? / Locust / No Gods No Masters / Darkness Within / Bulldozer / From this Day / Davidian / Halo

Ne Obliviscaris
Une après midi des plus progressives sous la Altar, elle qui réserve parfois des groupes bien plus brutaux et noirs. Ne Obliviscaris, australiens, foulent pour la seconde fois après un show immense en 2015 qui avait probablement rallier de nombreux fans.
45 minutes mais avec des “conneries de 12 minutes” comme s’amuse à le dire Tim Charles, la setlist est assez courte. Venu défendre “Exul” et ses nombreuses difficultés de création, c’est sans Xen, son vocaliste extrême, que le groupe foule la scène et si c’est avec un immense plaisir que nous pourrons profiter du talent unique des musiciens (entre Tim et son violon, le duo impressionnant de guitariste ou Kevin Paradis qui a rejoint le groupe derrière les fûts, le niveau technique est stratosphérique), difficile d’être en revanche convaincu par James Dorton (The Faceless) qui remplace Xen pour les growls. Armoire à glace sans charisme, hurlant de façon monolithique et quittant la scène dès qu’il ne chante plus, il ne semblait ni à son aise ni vraiment heureux d’être là en comparaison du groupe où un vrai décalage se forme. Dommage de ce côté là mais cela ne nous aura pas empêché de vivre un grand moment de musique.
Setlist : Equus / Suspyre / Intra Venus / Devour Me, Colossus (Part I) / And Plague Flowers the Kaleidoscope

Anaal Nathrakh
Le duo infernal britannique était de retour pour un concert, toujours rare, sur les terres arides clissonnaises. Si j’ai toujours trouvé que le projet n’avait aucune pareille pour délivrer un chaos assourdissant, nihiliste et totalement misanthrope par sa violence et sa noirceur sur album, une telle brutalité n’est pas simple à retranscrire en live.
Le groupe a ici choisi de jouer en grande partie des titres avec de véritables refrain, usant du chant clair (si l’on peut dire) de V.I.T.R.I.O.L pour offrir une éclaircie et un repère dans cette destruction sous la Temple. Que ce soit avec Unleash, le génial Idol, le culte In the Constellation of the Black Widow ou encore les monumentaux Forward!, Obsene as Cancer ou The Age of Starlight Ends, la déflagration a soufflé les quelques courageux encore présents mais ne permettant pas de remplir un chapiteau tout de même clairsemé.
Je reste sur ma faim, ne ressentant paradoxalement pas la même noirceur que sur disque, me disant même qu’avoir un véritable batteur sur scène déssert le groupe qui doit de ce fait réduire sensiblement la vitesse (la BAR sur album étant parfois impossible à reproduire). Ne cherchant pas une communication excessive avec le public, malgré un second degré évident du vocaliste et quelques commentaires narquois, le groupe aura détruit la scène durant la dernière heure de la journée. Néanmoins, en réécoutant les albums, je me dis que toute son aura est bien plus conséquente sur disque.
Setlist : Acheronta Movebimus / Unleash / Bellum Omnium Contra Omnes / Forward! / The Age of Starlight Ends / The Road to … / Obscene as Cancer / Feeding the Death Machine / Idol / In the Constellation of the Black Widow / Gorging towards the Sunset / Endarkenment / Submission for the Weak









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