Flayed + Crazy Dolls And The Bollocks @ Poitiers

the Friday 13 November 2015, Le Zinc

Ce vendredi 13 Novembre était une journée quelque peu ordinaire. Je revenais d’Angoulême pour rejoindre Poitiers. Il y avait un concert au Zinc justement. Plus rock, changeant de mes habitudes, comme des habitudes du caveau. On ne prévoyait à priori pas de monde, il y avait d’autres concerts le même soir à proximité. En se rendant sur place aux alentours de 20h on se rend très vite compte que le bar est fréquenté à bloc et que l’on est venu pour assister aux concerts prévus. Au programme, du rockabilly, du vieux fait par des jeunes, puis du hard rock, à l’ancienne aussi, mais paraissant moins lointain. C’était encore bondé à l’intérieur, la chaleur de l’endroit poussait les visiteurs à l’extérieur pour boire leur bière et discuter. Je rencontre Pat’ que je n’avais pas vu depuis quelque temps et qui me donne la permission de descendre l’escalier qui mène aux catacombes. Dans la fraicheur, on voit le premier groupe s’activer, un peu dans la précipitation. Ils semblaient avoir tout juste mangé et leurs affaires jonchaient partout le sol. Ils sont parvenus à remettre tout en ordre mais des membres manquaient encore à l’appel quand les spectateurs étaient parés prêts à les écouter. Ce qui m’a permis de discuter un peu avec des gens de la période des blousons noirs, nostalgiques à leur tenue et parfois à leur coupe de cheveux à la période des années 60 qu’ils ont autrefois connu. On cherchait enfin la batteuse. Enfin, elle arrive une bière à la main. C’est parti !

 

. CRAZY DOLLS AND THE BOLLOCKS

 

Je compris très vite la venue des trois anciens que j’ai vu, et avec qui j’ai discuté de la ville de Poitiers. Le groupe « Crazy Dolls And The Bollocks » originaire de Bordeaux adopte fidèlement les codes, le look et la musique des trente glorieuses. On est interloqué de voir un guitariste à chemise à carreaux en mode Johnny Cash, une chanteuse au micro rétro faire sa Amy Winehouse des tatouages pleins les bras. Avec l’énergie de la batteuse et de la bassiste, ça le fait. D’un blues rock bien mâtiné, on passe à quelque chose de plus rockabilly. On songe à ces drive-in d’autrefois au bord d’une route. Pourquoi pas la route 66, puisqu’on est dans le désert quelque part aux Etats-Unis. Ce rêve doit beaucoup à la technique des membres de la formation, qui maîtrisent parfaitement leur sujet, avec une préférence pour le guitariste, ses solos et sa reprise de “Folsom Prison Blues” de Johnny Cash en particulier, laissant alors la chanteuse de côté, moment qui lui permet aussi de chanter à son tour. Puis à cela s’ajoute un peu de Hendrix. Même les quelques metalleux présents, reconnaissables à leur tee shirts de groupes, appréciaient divinement et paraissaient soudain estimer quelque chose à la chose préhistorique et nouveau pour eux.



Flayed

Dire que je connaissais ce groupe serait mentir. En fait, je n’avais même pas pris la peine d’écouter le moindre titre avant leur prestation. Je voulais être surpris. Je m’étais rapidement informé histoire de posé quelques questions pour enrichir nos données et promouvoir un peu le rock français. Le nom de « Flayed » était souvent apparu au fil des actualités que je parcoure sur le net, aussi parce que j’avais en ami facebook un chanteur du groupe « God Damn », Rnato Di Folco, que j’avais vu auparavant lors d’une édition passée du Hell’Oween Festival de Saintes. Le groupe et le type en question ne sont pas de la Vienne (le département) mais de Vienne (la ville en Isère), il aura fallu qu’ils le précisent d’ailleurs. Je m’apperçois que Renato n’est pas le seul membre de « God Damn » a figuré chez « Flayed », je reconnais le géant bassiste qui m’avait impressionné par sa taille et ses vrombissements de basse sur scène. Ce sera du hard bien blindé, bien bourrin, je n’en doute pas. La présence de l’orgue hammond aurait dû nous prévenir que « Flayed » ne fait pas un hard rock des plus communs et des plus prévisibles. Quand il est question d’orgue hammond, on cite souvent « Deep Purple ». Pas manqué, la légende britannique figure dans les influences principales de la formation, bien loin du stoner lourd et décapant de « God Damn ».Le chant de Renato est étrangement très fluide, digne des meilleurs standards du rock US. Le personnage ne tenait pas en place et me rappelait le meneur charismatique qui avait sauté à pied joint au-dessus de la foule de Saintes il y a de cela quelques années. Il aurait fallu plus de place pour qu’il exerce entièrement son talent scénique. Et puis, à six on est très à l’étroit dans ce caveau. Musicalement on est servi par des avalanches de notes, des solos marquants, survoltés de la part des guitaristes. Une atmosphère électrique adoucie par l’orgue hammond et un chant très enthousiaste. Tel Bon Scott avec …., Renato place sur ses épaules le guitariste …. En plein solo, marquant la fin de ce bon et joli délire. Clôture spectaculaire d’une soirée de vendredi 13. Un vendredi 13 pas ordinaire contrairement à ce qui était escompté.

 

On sous-estime des personnes, des formations du fait de la modestie du projet et parce que leur style ne fait pas suffisamment parler. J’avais sous-estimé les deux groupes de ce soir. On sous-estime aussi le destin et la façon innée qu’il a de pourrir entièrement une journée et une soirée sereines quelques minutes seulement avant de passer à l’autre journée. En attendant Renato pour son interview, pris d’une discussion avec le gars qui tenait leur stand, on apprend par l’intermédiaire d’un sms qu’une fusillade a eu lieu au Bataclan. Je salue le fait en question par le mépris, je le mêle à la banalité. La réalité a frappé le rêve, il revient en force et avec fracas. Je me dis que tout en étant spectaculaire, il avait une part de prévisible. L’événement a eu lieu, la colère sera pour plus tard. C’était bien hélas un vendredi 13. Les Vendredi 13 ne sont décidément pas ordinaires.

 

Merci aux groupes, aux salles, aux bars, aux visiteurs, spectateurs et journalistes, d’un jour, d’un soir ou de tous les soirs, sobres, bourrés, en train de danser, les pieds au plancher, à la musique, aux gens, connus, sombres inconnus, à ces sons, à ces couleurs, à ces odeurs, sans qui la vie ne mérite d’exister.

 


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eclectic - 22 November 2015: Merci pour ce reportage, et aussi pour ce dernier paragraphe qui mériterait d'être en première page...MERCI.
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