Pour sa 1ère fois en Europe, Shadow Of Intent avait prévu deux dates en France : une à Paris et une à Lyon. Cela a été le Glazart pour les Parisiens : sans doute pas le mieux niveau son, mais bonne configuration des lieux et bonne ambiance. Un public au rendez-vous et des premières parties qui ont amplement contribué au succès de la soirée.
To The Grave
Ce sont les Australiens de Sydney qui ont eu le plaisir d’ouvrir : un groupe créé en 2010 (avec une pause entre 2017 & 2019) dont le dernier album « Epilogue » (chroniqué sur ce Spirit Of Metal par Groaw) est sorti en 2021 chez Unique Leader Records.
Vu le label, on peut s’attendre à ce qu’ils ne fassent pas dans la dentelle ! A commencer par le look et l’attitude. En effet, ce sont planqués dans leur parka noire intimidante que le chanteur et un des guitaristes font leur entrée sur scène. Quant à l’autre gratteux, il arrive en tenant son instrument comme un fusil et vise le public à deux reprises avant de se mettre à jouer. Le chanteur masque également son visage derrière un t-shirt. Il finira par bientôt le retirer et se montrer très actif pendant toute la durée du set (il reviendra même un peu plus tard, suspense…). Effectivement, il ne tient pas en place, il lève facilement le majeur et il est très hargneux !
L’énergie se retrouve tout autant dans la musique : une grosse caisse qui mitraille sévère, une basse à 6 cordes bien grave, des breakdowns lourds à souhait avant de repartir à fond, avec un guitariste et le bassiste en renfort au chant. En parlant du chant, dommage qu’il sonnait un peu trop en retrait dans le mix, ça perdait en impact. Sans parler de la panne (normal pour du Deathcore vous me direz ;-)) de plusieurs micros, ce qui n’a pas aidé.
Problèmes techniques mis à part, ça a fait plaisir à voir et à écouter : 7 titres (dont 3 issus d’« Epilogue ») livrés avec enthousiasme et détermination. Après, cela aura été le combo de Deathcore le plus « classique » (avec des influences Hardcore) de l’affiche et il n’a rien d’exceptionnel (pas sûr de réécouter chez moi) mais la mission de chauffer la salle est accomplie haut la main.
Angelmaker
Formé un an après To The Grave (mais de l’autre côté du globe), les Canadiens d’AngelMaker ont bénéficié de meilleurs réglages (même si ça a pris beaucouuuuup de temps ; apparemment c’est régulier au Glazart) et j’ai été bluffé quand ils ont commencé à jouer : un son énorme à en sentir mon corps vibrer dès les premières notes !
Une production puissante avec des breakdowns lourds & lents (tout ce que j’aime) qui clouent sur place et une dynamique de 2 chanteurs (soutenus par un guitariste qui pousse la chansonnette à l’occasion) qui fait son effet, que ce soit quand ils grognent en même temps ou bien quand ils alternent leurs aboiements. Ils m’ont par ailleurs embarqué avec des accélérations frénétiques soutenues par des pig squeals et autres voix horrifiques, ainsi que pas mal de variations et de tempos différents, dont la présence de solos techniques gratifiés par un guitariste particulièrement appliqué.
Le fait d’avoir la troupe (ils sont 6) juste en face de soi doit jouer niveau prestance et ambiance, ils prennent bien leur place et ça impressionne.
Les Torontois ne me semblent pas si connus (en outre, c’était leur 1ère fois en France) mais ils ont déjà leurs fans que je ne m’attendais pas à voir réagir aussi promptement à l’annonce de certains titres ni à les entendre accompagner les chanteurs avec visiblement une bonne connaissance des paroles !
Un très bon moment passé en leur compagnie et à l’écoute de leurs compositions puissantes, dont quelques morceaux de « Sanctum », leur full-length de mars 2022 (autoproduit, comme tout ce qu’ils enregistrent). Et une très bonne découverte pour moi, ce sera le meilleur souvenir de la soirée !
PS : la petite surprise aura été de voir Dane Evans, le crieur de To The Grave, revenir comme invité pour participer à la dernière pièce, avant qu’AngelMaker ne tire sa révérence pour laisser place à Enterprise Earth.
Enterprise Earth
Il s’agit d’une formation américaine montée en 2014 notamment par Dan Watson (chanteur sur le premier opus du groupe anglais Infant Annihilator) qui a connu énormément de changements de line-up (même Dan Watson n’est plus là).
Mon appréciation de leur live aura été mitigée. Je m’explique : pour le plus, certaines compos comme « You couldn’t save me » et sa 2nde partie aux rythmes ulta heavy sont grandioses ; et c’était bien vu de terminer le set avec. Tout comme pour AngelMaker, on a encore un guitariste lead talentueux (fier d’arborer son t-shirt Judas Priest), passionné et mobile (sympa l’effet quand il tourne sur lui-même).
Pour le moins : des passages excellents côtoient d’autres trop mélodiques pour moi, des influences d’autres styles (Black Metal) bizarrement intégrées, des nappes qui ne sonnent pas très bien, et mon pire moment de la soirée (voire de la semaine ;-)) a été quand Travis Worland s’est mis de profil, a pris son petit air miévreux et est parti en chant clair (je ne supporte pas). Ce qui a également desservi leur prestation a été encore une fois un son vraiment dégueulasse…
Mais ça s’est très bien passé pour autant dans la salle : wall of death, slams sur scène et depuis le public, pogos, etc. Une bonne réaction des fans aux différents extraits de « The Chosen » (toujours chroniqué par Groaw sur Spirit Of Metal), sorti en 2022 chez E1 Entertainment/MNRK Heavy. Mais aussi à leur single, le parfois trashy « Death Magick » mis en ligne juste avant le début de la tournée.
Shadow Of Intent
Cette tournée se nomme « Elegy European Tour 2023 » et ce n’est pas dû au hasard, puisque « Elegy » est le nom de la dernière galette autoproduite (âgé de tout juste une année) des hommes en noir, d’ailleurs chroniquée par vous savez qui et sur quel site. Sur les 12 chansons sélectionnées pour la date parisienne, la moitié était issue de cet album.
Le quartet américain a été véritablement acclamé à son arrivée ! Ça n’a pas encore commencé mais quel succès déjà ! Il faut dire qu’ils ne manquent pas d’atouts pour susciter cet enthousiasme : une bonne production, un style accessible, un growl impressionnant, une rapidité d’exécution et un côté symphonique bien arrangé. A ce propos, quand Ben Duerr pose sa voix aigüe au moment des orchestrations, je pense immédiatement à Cradle Of Filth (donc de bons vieux souvenirs de Black sympho des 90’s).
Par conséquent ça a bien bougé, avec pas mal de slams, et ceux qui étaient devant (dont je faisais partie) ont bien été « compressés » ; les fans étaient ravis.
Reste que je me suis lassé un peu plus vite que prévu. Peut-être un ennui causé par un côté répétitif d’un titre à l’autre ? Aussi sûrement par le manque de prestance scénique : le guitariste - aussi bon soit-il - est beaucoup trop statique je trouve pour une prestation live. Quant au bassiste, il est complètement inexpressif.
Après ça reste de la musique (je ne sais pas si on peut encore la qualifier de Deathcore) de qualité et les différentes influences sont bien digérées, comme sur leur single « Saurian King ». En à peine 10 ans d’existence et maintenant 4 albums reconnus, les Connecticuters ont démontré leur maîtrise de l’art de la combinaison puissance et symphonie (qui pour moi marche néanmoins mieux sur une durée d’écoute plus limitée, et à la maison).
Merci aux artistes et à Suden Promotion pour l’orga.
Grosse ambiance en ce mardi, à tel point qu’on se serait cru un samedi soir. Pour résumer, on a eu le droit à un florilège de larges palettes vocales, de bons breakdowns, de solos inattendus et de groupes, qui - contrairement à ce qu’on peut parfois lire au sujet du Deathcore (et d’autres sous-genres, on est d’accord) - , ne sont pas que des clones les uns des autres. Je m’y suis intéressé assez récemment et je reconnais que c’est en effet une scène riche et variée.
Et merci à Medusa6 pour ses conseils d’écoutes et commentaires, c’était sympa de faire sa connaissance in real life lors de ce concert.
Merci pour ce live report que j'attendais avec impatience !
Pour ma part j'ai assisté à ce concert à Lyon, j'y ai retrouvé pas mal des qualités dont tu parles, c'était un très bon concert globalement.
En revanche je serai moins positif pour to the grave dont le chanteur n'arrêtait pas de balancer des injonctions pendant les morceaux, et de parler entre ces derniers, ce qui casse le rythme, d'autant que leur prestation était déjà de base hyper classique.
Idem pour enterprise earth (que j'aime pourtant beaucoup) qui a misé sur des morceaux trop longs, quasi tous issus de leurs derniers travaux, avec des intros interminables qui cassaient l'ambiance, et faisait retomber l'excitation durement gagnée comme une crêpe, mais aussi des rythmes efficaces sur albums mais peu entraînants sur scène (vraiment, une torpeur s'est installé pendant leur prestation, la salle s'est même un peu vidé) alors que luciferous est un vrai Banger du début à la fin, et n'a fait l'objet que d'un seul morceau sur scène... et pas le meilleur en plus. Et je ne parle pas du wall of death raté, demandé par le chanteur alors que tout le monde était endormi, résultat 2 personnes qui courent l'une contre l'autre... un fail super gênant mais tellement prévisible, j'ai été très déçu de ce groupe dont j'attendais beaucoup.
A l'inverse angelmaker ont clairement été les meilleurs à Lyon, une énergie incroyable, un set de folie, et une foule complètement dingue qui se bousculait dans tous les sens, ils ont chauffé la salle à mort pour enterprise earth (et on a vu ce qu'ils en ont fait). Et surtout ils avaient un très bon son, car contrairement aux autres groupes ils ont bien pris le temps de faire leur balance avec la régie ! Je ne connaissais aucun de leur morceau pourtant ça a été une vraie révélation, un pur moment du début à la fin !
Et de leur côté shadow of intent qui étaient les plus attendus ont été excellents (ben duerr est vraiment incroyable sur scène) mais leur prestation a été gachée par un son épouvantable et strident, qui souillait complètement les superbes mélodies de leur guitariste ! Pas surprenant cela dit car ils n'ont fait aucun préparatifs et sont arrivés complètement à l'arrache sur scène haha. Cela dit c'était un plaisir immense d'entendre des morceaux comme the prélude to bereavement sur scène, une prestation somme toute très bien menée !
Mais bon en dehors de tout ce négatif, ça restait une super soirée, et vu le prix des places, il n'y a clairement pas de quoi se plaindre !
Cool de pouvoir comparer les 2 shows, merci.
Et heureux qu'on ait eu tous les deux la révélation AngelMaker !
Mon prochain concert Deathcore devrait être le 2 mai à Paris : Vulvodynia / The Last Ten Seconds of Life / Bound In Fear / Bonecarver / Xenotheory. Ca devrait aussi envoyer du lourd !
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