Bonsoir les mecs .
Un petit texte sans aucune prétention , écrit jeudi dernier lors de ma pause déjeuner , sur une feuille de papier A4 froissé au crayon gris mal taillé , au restaurant pour pouvoir y rester plus longtemps et profité de la climatisation de la salle .
Il devrait dans un futur proche s’emboîter dans un projet beaucoup plus vaste baptisé "Jusant" .
Je vous le livre ici , après une purge orthographique
Noyade en haute sauce .
L’air de la cuisine était particulièrement lourd, moite et presque suffocant. La fenêtre fermée et l’anormale chaleur pour un mois de mars qui régnait à l’extérieur n’arrangeait rien.
La belle Tunisienne mit en marche la gazinière et posa une grande casserole contenant un tajine cuisiné le matin même, dans le but de le réchauffer. Karima alluma une cigarette et en aspira une grande bouffée. La saveur acre et forte fut pour elle un véritable plaisir.
À l’aide d’une cuillère en bois, elle se mit à remuer lentement le contenu de la casserole, la cigarette à la bouche. L’odeur des épices se répandit instantanément dans la pièce.
Au centre de la pièce l’imposant colosse en costume noir, chemise blanche et cravate rouge, le crâne entièrement chauve et l’expression dure et froide sur le visage, semblait perdre patience.
« Je veux voir votre mari, madame ! Il a travaillé pour mon maître sur le projet Jusant ! Vous savez où il se trouve ? » dit-il alors de sa voix forte et puissante.
La jeune femme ne répondit rien, continua à remuer le contenu du récipient à un rythme régulier, tout en tirant une nouvelle bouffée sur sa clope. L’homme fronça alors les sourcils.
« Vous ne voulez pas me dire où il est ? » Le ton de sa voix était devenu encore plus dur qu’auparavant.
Elle posa la cuillère puis éteignit la gazinière.
Karima jeta sa cigarette directement dans la casserole contenant le tajine. Au contact de l’épaisse sauce de ce plat oriental, elle s’éteignit instantanément. L’eau, le gras et les nombreux sucs eurent vite raison du feu qui la consommait. Après l’impact avec la surface, la cigarette se divisa en deux parties bien distinctes, indépendantes l’une de l’autre, se disloquant en deux entités.
La partie haute, au départ blanche contenant le tabac se mit à flotter dans un coin de la casserole, à la surface.
La partie basse, composée du filtre, et du papier jaune alla se poser sur un morceau de viande de poulet, sur la peau alors recouverte d’épices et de curry.
L’impact entre la clope et la surface du contenu avait créé de légères vagues à la surface du liquide, puis après d’autres petits remous plus rien ne bougea.
La cendre s’était diluée partout. Karima venait de lancer son mégot dans la nourriture.
Détruite, décomposée, disloquée, à jamais éteinte la cigarette ne put remarquer que Karima et le voyou chauve qui avait débarqué 5 minutes plus tôt pour voir son mari étaient désormais en train de s’embrasser de la manière la plus goulue et vulgaire qui soit. Le bras de l’homme se trouvait dans le dos de la Tunisienne, et cette dernière serrait très fort, à pleines mains les épaules du caïd venu la menacer. Leurs salives désormais unies coulaient sur leurs vêtements.
Le tajine pourtant goûteux et réussi partirait à la poubelle quelques heures plus tard.