Taxi
Driver
Voilà une impasse comblée.
Je comprends le statut de culte qu'il a pu suscité à l'époque, l'impact de certaines scènes, de la mise en scène mais malgré tout je le trouve manquant de tension. On voit Travis s'enfoncer avec une telle fluidité, une telle constance subtilement mesurée que cela annihile les tensions internes. Il y a peu de soubresaut. Il coule délicatement sans véritable à coup ce qui est assez étrange.
Et puis ce qui m'a interrogé c'est sa focalisation sur le sénateur. Il n'y a pas de raison, si comme dans tout le film on nous le laisse supposer, c'est la violence de la rue qui le motive. Si c'était ça il devrait s'en prendre directement à la faune locale comme un Charles Branson dans le Justicier ou l'inspecteur Harris mais là non. Il tourne son dévolue sur un politicien qu'il a rencontré, apprécié et qui fait écho à son désir. Ce n'est pas psychologiquement logique. Ca le devient que si en tuant le sénateur c'est un moyen de se venger de la rebuffade de Betsy. De l'atteindre à travers son "mentor". Si c'est le cas alors c'est toutes ses motivations qui se déplacent.
Ce n'est pas la violence qui le tourneboulent mais tout ce qui tourne autour du désir, de l'amour, de la représentation de l'amour, de sa pureté et de sa dégénérescence ultime à travers le commerce du sexe.
Parce qu'au final, il y a guère de scène de violence dans les rues. On les suppose mais on ne les voit pas. Le
Seul Dealer, vendeur d'arme est représenté en une seule personne durant une poignée de minutes et n'a rien de terrifiant et de malsain. Il fait très représentant de commerce. A contrario, on voit souvent la caméra glissé sur des couples, l'allusion à ses parents (couple stable) et après le refus de Betsy il conclut qu'il est voué à être
Seul et c'est là qu'il commence vraiment à partir en vrille. Les autres situations où il est confronté à l'environnement de la rue sont quasi toutes centrées sur le rapport homme-femme: les rues sont des lieux de prostitution, ciné porno, mac, homme d'affaire levant une pute, homme désespéré que sa femme le trompe, sa rencontre et son rejet par Betsy (un ange parmi la pourriture) sa rencontre avec
Iris (une pute enfant avec un visage d'ange. C'est fou comme sa chambre fait chambre de petite fille et toutes ces bougies comme un autel) qui le taraude. Juste avant son passage à l'acte il casse sa tv, non pas ulcéré par un discours politique creux mais en regardant un soap où une femme déclare à l'homme qu'elle a épousé qu'elle en aime un autre. Et poum derrière il va buter le sénateur. Et comme il n'y arrive pas c'est à ce moment là seulement qu'il se tourne vers Iris. Sa dernière rédemption possible est de sauver l'enfant en tuant les macs qui la retiennent prisonnière. De
Vengeance, il passe au sauvetage de l'innocence ce qui lui permet de tuer ses démons (d'ou le boum boum avec ses doigts le long de sa tempe à la fin), de mettre au clair sa
Conscience donc de renaitre au lieu de basculer en tuant le sénateur.
Tout ça pour dire vivement les Tortues Ninja
