Plusieur tirades extraites du film Uranus, inspiré d'un roman de Marcel Ayme, et réalisé par Claude Berri. Un des meilleurs films français qu'il m'ai été donné de voir.
Voici le résumé :
Printemps 1945. Une petite ville de province est détruite par les bombardements. Tout le monde devrait se réjouir que la guerre soit enfin terminée mais entre les communistes et les "collabos", la paix a bien du mal à s'installer. La tension monte lorsque la communauté apprend que Maxime Loin, auteur d'articles pro-hitlériens pendant l'Occupation, est revenu et se cache quelque part dans la ville...
Un excellent tableau de la société, bien pessimiste cela dit... Mais tellement réaliste! Un film à voir. Vraiment.
Quelques morceaux choisis.
Monsieur Vatrin, le professeur de collége, toujours calme, qui aime la vie, la nature, malgré les horreurs qu'il a connu, discute avec Mr Jourdan (Fabrice Luchini), un jeune professeur de collége, communiste et sans coeur, qui n'aime rien. Un minable de la vie finalement...
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Monsieur Vatrin - Leopold n'a rien fait. Rien qui justifie la prison.
Jourdan (d'un air dédaigneux) - Rien fait!
Monsieur Vatrin - Vous ne pouvez tout de même pas admettre que pour ménager le susceptibilité d'un de vos camarades de parti, on laisse un innocent sous les verrous. Jourdan. Mon petit, soyez gentil. Pensez à ce bon gros ours qui se cogne aux murs de sa prison. Imaginez comme il doit être malheureux...
Jourdan - C'est au juge d'instruction. Tout ce que je sais, c'est que Leopold est accusé d'avoir donné asile au traitre au traitre Maxime Loin.
Monsieur Vatrin - Mais c'est archi faux!
Jourdan - La
Justice nous le dira. Pour moi, en conscience, je le présume coupable. Rochard affirme avoir vu Maxime Loin chez Leopold. Rochard est un excellent communiste, un militant qui a fait ses preuves. Je ne me reconnais pas le droit de suspecter son témoignage.
Monsieur Vatrin - Et en admettant qu'il l'ai recueilli? Et qu'il n'ai pas eu le courage de le dénoncer. C'est vraiment un crime ça?
Jourdan - Là je trouve que vous y allez fort. Qu'est ce que ça peut bien me faire? Vous ne pensez tout de même pas que je puisse pardonner à un homme qui s'est fait le complice d'un traitre! D'un fasciste! D'un vendu!
Monsieur Vatrin - Vous le connaissez Maxime Loin?
Jourdan - Je ne l'ai jamais vu. Je n'ai pas besoin de le connaitre pour savoir qu'il a trempé sa plume dans le sang de nos martyrs. Je connais par coeur cette pourriture d'intellectuels fascistes et bourgeois. Et leur haine du prolétariat.
Monsieur Vatrin - Jourdan vous êtes le fils de vos lectures. Méfiez vous de vos transports de haine. Et de fureur. Vous ne me paraissez pas très doué pour la vie. Il n'est pas indispensable de rêver à des pelotons d'execution et à des bagnes pour prendre goût aux réalités.
Jourdan - Le mépris et la haine sont des réalités agissantes. Ce n'est pas en regardant les libellules que les prolétaires changeront le monde."
Leopold, joué par Gerard Depardieu, est dans sa prison. En manque de vin, il commence à peter un cable.
"Pourris! Dégueulasses! Alcooliques! Vous aurez pas la peau d'Leopold! C'est moi qui vous créverai! Vos gueule vous les De Gaulle, les Thorrez, et les autres Monglin! J'vous aurai en descente de lit! J'vous pisserai dans le dos en buvant l'coup avec le maréchal! Et avec Laval! Et avec Andromaque, parce qu'Andromaque, elle vous emmerde! Vous et vos anglais! Et vos amerloques! Et Hermione! Et Pyrrhus et Pyade et Horeste, et Monsieur Vatrin (le prof de collége, joué par Noiret), et Racine, et Corneille et La Fontaine, et Madame de Sévigné, et Moliére, ils vous dégueeuuuulent! Ils vous méprisent, parce qu'ils savent que vous êtes des cons!! Et des ignobles! Des salauds! Pourriture! Ordures!"
(Désolé si j'ai mal orthographié certains noms, pas la foi d'aller vérifier...)
Galabru (j'ai oublié son nom dans le film) et son fils (j'ai également oublié son nom...)
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Galabru - Qu'est ce que tu as? Qu'est ce que t'as à rester planté là?
Son fils - Prends un feuille de papier et écris ce que je te dicte! Depêche toi! Note la date. "Mon cher fils. La vie m'étant insupportable..."
Galabru - Qu'est ce qui te prends, tu deviens fou?
Son fils - "La vie m'étant insupportable, j'ai décidé de mettre fin à mes jours."
Galabru - Tu deviens fou, tu veux que je me suicide?
Son fils - Ecris ce que je te dicte ou je te fais foutre en prison!!!
Galabru - Pardon?
Son fils - Tu m'as associé à tous tes sales trafics dégueulasses! Tu m'as fait rentrer dans l'maquis pour que ça t'serve de couverture! T'as fait d'moi un chien de garde! De ton argent pourri! Mais aujourd'hui, c'est fini! TU VAS PAYER POUR L'ASSASSINAT DE LEOPOLD!!!!
Galabru - Parle moins fort, c'est un accident.
Son fils - Trop facile! Tu vas payer! ASSASSIN!!!
Galabru - Tu vas la fermer imbécile? Ou c'est moi qui te fait arrêter! Tu te prends pour quelqu'un? Mais si je ne m'étais pas enrichi avec les boches, tu serais tout juste bon à faire un chauffeur de taxi! Le milliardaire c'est moi, ne l'oublie pas! Je lève le petit doigt, et c'est toi qui vas en prison! Leopold tu vois ce qui lui en a couté de faire le malin?
Son fils - Tu es une ordure!
Galabru - Oui. Mais une ordure riche. Une ordure qui trempe pour ses millions. Tu es tellement bête, que tu n'as même pas appris à me connaitre! Tu me crois toujours le bon vivant d'avant la guerre, le papa rigolard, qui rencontrait son fils au bordel à deux heures du matin. Tu ne comprends pas que je n'ai plus d'amis? Plus de plaisir? Mais ma seule joie, c'est la souffrance des autres. Mon régal, c'est de lire dans les journeaux la liste des fusillés, les comptes rendu des procès, les dénonciations... ça m'fait jouir. Les juges bien dégueulasses, les journalistes indicateurs, les besogneux d'la résistance, ceux qui vendent leurs copains pour une petite place au soleil, ou un reflet à la boutonniére, ça m'fait jouir. Moi le gros dégueulasse, je suis considéré. J'ai le préfet à mes bottes, les sourires des minitres, et
toi, tu t'amènes en justicier, tu veux m'faire la morale?!? Monsieur veut jouer les jolis coeurs?!? Ce collabo qu'tu veux protéger, donne moi son nom que j'te l'envoie au poteau!
Son fils - Tu f'rais pas ça!
Galabru - J'vais m'gêner! Crois tu que si j'avais eu un fils dont j'ai pu être fier, j'aurais fait toutes ces saloperies, pendant quatre ans? Mais tu me ressembles. Trait pour trait. Quand j'te vois, je m'dégoûte! (il commence à avoir des débuts de sanglots) Allez! Fous l'camp! Ou c'est moi qui t'fais coffrer!
Son fils - Mais! (sanglotant aussi)"
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