Les derniers livres que j'ai lu :
Les Enfants d'Icare
L'un des tout premiers romans du grand Arthur C.Clarke, brillant scientifique, inventeur, visionnaire en son temps, et auteur des célèbres saga 2001 et Rama. Dans cette oeuvre de jeunesse, l'auteur narre l'arrivée de grands vaisseaux extraterrestres sur la Terre, chacun se positionnant au dessus d'une capitale, et les bouleversements que cela entraine. Evidemment, ce postulat de départ rappelle d'emblée la remarquable série V des années 80, aussi bien que le plus récent Independance Day, les deux oeuvres axant leurs propos sur l'hostilité des visiteurs.
Amis ? Ennemis ? C'est là l'une des nombreuses problématiques des Enfants d'Icare, qui a également certainement influencé le récent Premier Contact (Arrival) du père Villeneuve, dont les similarités avec l'oeuvre de Clarke sont nombreuses. En effet, les grandes nefs venues dicter leur conduite à des humains destructeurs et complètement pubères technologiquement parlant, gardent pour l'instant mystérieuse l'identité de leurs occupants. Mais quelles sont donc leurs intentions ?
Ce qui est intéressant dans ce livre, c'est de voir à quel point Clarke était visionnaire et su appréhender en son temps un bon nombre de découvertes scientifiques, car, rappelons le, Les Enfants d'Icare a été écrit plusieurs années avant le lancement de Spoutnik par les russes, mais aussi de constater son humanisme inébranlable ainsi que sa façon de revisiter notre cosmogonie commune sous un prisme science-fictionnel.
Comme toujours, avec Clarke, ça commence doucement, par une lecture limpide, avant de prendre des proportions gigantesques dépassant l'entendement. A ce titre, le final est particulièrement grandiose et ne cesse de nous faire nous interroger sur nos origines et notre place dans l'univers.
Pas si vieillot que ça 63 ans plus tard, et étonnamment mâture. L'un des premiers livres de SF avec ceux de Asimov à aborder les voyages interstellaires et temporels. Avec respect de la théorie de la relativité, siouplait !
La Cité du Gouffre
2ème volet de la saga des inhibiteurs par Alastair Reynolds, après le génial L'Espace de la Révélation, toujours dans un style assez hard SF. Pavé de presque 1000 pages, Reynolds continue de nous balader dans une société humaine située à plusieurs centaines d'années dans le futur, en se concentrant sur deux lignes narratives et temporelles bien distinctes.
Au départ, c'est un peu long, et certains évènements donnent l'impression d'avoir été étirés sans que cela n'apparaisse particulièrement passionnant, mais le derniers tiers du bouquin, excellent, légitime parfaitement ce qui semblait au départ être des digressions d'un auteur en manque d'inspiration, pour rattraper d'une manière fort intelligente la trame de fond du premier volet, celle liée aux inhibiteurs, ces êtres mystérieux ayant moissonnés la totalité des races du cosmos il y a un milliard d'années. Gros twist et final passionnant lorsque tout s'emboite, tout se rejoint et tout s'éclaire enfin. Une excellente préquelle à L'Espace de la Révélation.
Hâte de commencer le troisième volet.
La Horde du Contrevent
Fantasy française narrant la quête absurde autant qu'incroyable d'une horde humaine, formée depuis l'enfance, partie depuis des dizaines d'années pour remonter à la source d'un vent surnaturel.
La force de Damasio est d'avoir démultiplié les points de vue en corrélation avec le nombre de protagonistes constituant cette 34ème horde. Soit 23 ! Chaque narrateur étant signalé par un symbole, et ayant bien sur son propre point de vue sur les évènements relatés, mais aussi sa propre façon de s'exprimer, ce qui permet à l'auteur de s'éclater, et nous avec, en sublimant la langue française. C'est bien simple, je n'avais jamais lu un roman, de fantasy/SF qui plus est, aussi bien écrit. C'est tellement imaginatif, tellement précis, et tellement touchant, qu'arrivé à la dernière page, un pincement se fait sentir à l'idée de quitter ces formidables personnages, tous plus attachant les uns que les autres, avec qui on a traversé un flot inouï d'aventures et de péripéties, complètement accroché à son siège/son canapé/son plumard, la poigne au ventre, et la tête emplie de formidables proses littéraires.
Véritable aventure humaine, aussi spirituelle que physique, et un style hors du commun pour Damasio qui a écrit là, sans l'ombre d'un doute, l'oeuvre de sa vie. Dynamique, riche, touchant, unique.