Dernier film vu au cinoche :
The Reader (en VO), avec Kate Winslet, adapté du roman de Bernhard Schlink. Je ne voulais pas le voir parce que a priori ça ne m'intéressait pas et que l'avis "Contre" de Télérama me confortait dans cette première impression, tandis que l'avis "Pour" n'a pas eu d'effet. Et on m'a traînée pour que j'y aille, j'ai pas eu le choix

. Heureusement que je n'ai payé qu'un euro...
Ou comment un garçon de 15 ans rencontre par hasard, dans le Berlin de la fin des années 50, une femme de 20 ans son aînée qui devient son amante, le suppliant entre autres de lui lire des romans.
Bien des années plus tard, alors que Michael est étudiant en droit, son professeur l'emmène, lui et ses camarades, assister au procès de 6 gardiennes d'un camp de concentration, toutes des femmes. Il y reconnaît Hanna, son amante de jadis...
Franchement, ce film se laisse regarder mais c'est loin d'être un bon film. Déjà, sur la forme : s'il est normal que les personnages parlent l'anglais au lieu de l'allemand (ça n'a jamais gêné personne que la langue du pays de tournage ne corresponde pas à la langue du pays de l'intrigue...), ce qui l'est moins, c'est que les romans montrés dans le film soient en anglais, tout comme les lettres que Hanna écrit à Michael. Là c'est du n'importe quoi, ils auraient pu utiliser des versions allemandes, faire écrire K. Winslet en allemand et sous-titrer en anglais. Mais c'est l'hégémonie de Hollywood, ça.
Enfin, pour le reste : le début commence vite, et la fin est lente, lente (mais pas forcément dénuée d'intérêt). Donc le film est divisé en séquences inégales.
C'est un film cousu de fil blanc. Les séances de lecture sont peu nombreuses, j'ai même l'impression que le réalisateur leur a préféré les scènes de cul (qui occupent une majeure partie du début du film, et un peu à la fin), et du coup le titre et le propos du film sont mal desservis. Bon, alors si le secret de Hannah est bien pensé et habilement révélé au fur et à mesure (bah oui, parce qu'elle a un secret, lié à ce qu'elle aime qu'on lui fasse la lecture...), en revanche la seconde partie du film, même si belle et durement tragique, peut parfois se révéler indécente. Franchement, la survivante du camp que bien des années après le procès Michael retrouve habitant dans un luxueux appartement aux States, semblant être devenue une femme d'affaires elle-même insensible, c'est moyen (même si c'est apparemment fidèle au livre).
J'ai trouvé pour une fois le jeu de Kate Winslet fade et stéréotypé, tandis que Ralph Fiennes incarne un Michael adulte tout en sobriété et plein d'une intensité pudique.
Et puis je crois que c'est l'ensemble qui m'a foutu une sensation de malaise, non pas trop par rapport au sujet traité en fond (le nazisme et ses fantômes), mais à la manière dont ce sujet est traité par le réalisateur. C'est quand même vachement édulcoré, parfois caricatural. Je n'y ai pas cru une seule seconde, sauf au secret de Hanna qui justifie psychologiquement son enrôlement dans la SS.
Et de là une réflexion intéressante mais, hélas, insolvable, sur la banalité du "mal" : Hanna s'est laissée aveuglée par son besoin de reconnaissance et de masquer ses carences intellectuelles, qu'elle a voulu dissimuler en se revêtant des apparats omnipotents et terribles de la barbarie nazie. Peut-on lui pardonner ? Au fond, n'est-ce pas chacun d'entre nous qui agit de la sorte, à des degrés certes différents mais pourtant toujours efficients ? N'est-ce pas chacun d'entre nous qui recherche à asseoir son pouvoir sur l'autre par la domination agressive afin de gagner une crédibilité illusoire et de cacher ses faiblesses ?
Et peut-on aimer une personne éperdument même si elle s'est rendue coupable des pires atrocités ?...
Mon avis est négatif, bien que je juge certains passages judicieusement pensés.