Interstellar Quand 2001 rencontre Contact... La Terre en déperdition, ce qui reste de la NASA tente de trouver une nouvelle planète habitable grâce à un
Vortex spatio temporel apparu aux abords de Saturne.
[quelques spoil inside]
Une fois de plus Nolan et son frangin signent un film majeur au scénario remarquablement bien écrit. Les références tout au long du métrage ne manqueront pas d'échapper au fan absolu de SF. Pour commencer, toute l'oeuvre de Arthur C.Clarke semble avoir inspirer nos créateurs, de 2001 à Rama. Le
Trou Noir situé près de Saturne est directement emprunté au roman 2001 où le
Monolithe géant, véritable porte des étoiles, était également aux abords de cette planète (contre
Jupiter pour le film), les robots sont quand à eux un hommage appuyé aux mêmes monolithes, étonnant rectangles noirs articulés, et superbe trouvaille visuelle du film, l'idée également d'une porte possiblement laissée par une intelligence extraterrestre dans notre système pour permettre aux humains de devenir une espèce spatio-pérégrine et ainsi d'échapper à une Terre devenue inhospitalière, tout comme le final très cérébral où une révélation est faite au protagoniste principal, bref, tout pu 2001, mais aussi deux de ses suites, 2061 (concernant l'exploration des planètes potentiellement habitables) et 3001. Rama n'est pas loin également quand on voit le design cylindrique de la station orbitale autour de Saturne et la rencontre inattendue qui y est faite, tout comme le Spin de Robert Charles Wilson.
Mais la référence la plus évidente reste bien évidemment le Contact de l'auteur Carl Sagan dont le co-scénariste Jonathan Nolan avoue avoir beaucoup lu les écrits. Comme Interstellar des frères Nolan, tout le livre (et le film avec Jodie) tourne autour des trous de ver et d'un signal envoyé aux humains pour leur donner la possibilité de s'affranchir de l'espace temps et des limites d'un voyage interstellaire classique gourmand en carburant, en temps et en vie. Le même point de RDV est d'ailleurs aussi fixé dans la saga Rama de Clarke lorsqu'un cylindre géant approche la Terre prêt à emporter quelques curieux vers le point nodal de la galaxie. La présence de Matthew McConaughey dans le métrage de Zemeckis renforce également la parenté entre les deux films, tout comme la relation particulière père-fille. Les implications temporels liées à la théorie de la relativité sont également développées avec brio dans les deux films. Mais là où Contact développait son intrigue sur le décodage d'un signal extraterrestre et la construction d'une machine permettant aux humains de se rendre à un point de RDV fixé à des dizaines d'années lumière (2001 again !), Interstellar s'articule lui autour de l'exploration spatiale pure, rappelant dès lors la rigueur technologique et scientifique du récent
Gravity, autre film de SF majeur de ces dernières années (fais pas chier Svatars, me fout de savoir que les stations ne sont pas au bon endroit ou que les cheveux de la Bullock ne flottent pas en apesanteur ^^).
Après une première partie d'exposition très agraire centrée autour de la famille et des restrictions brutales de nourriture et de météo subites par la Terre, le film jusque là assez lent pose son intrigue et s'accélère pour maintenir un rythme croissant tout le reste du film. Dès l'exploration spatiale entamée, c'est tension, fascination et mystère. Alors certes, c'est un peu long, et on évite pas quelques temps morts, mais le casting est suffisamment fort pour ne jamais perdre le spectateur. Formidables Michael Caine, John Ligthgow et Ellen Burstyn pour les vieux lorsque les jeunes et magnifiques Anne Hathaway (en garçonne rappelant Bullock dans Gravity) et Jessica Chastain apportent de la fraicheur au film. Matthew est quand à lui impérial et confirme qu'il est l'un des meilleurs acteurs de sa génération après les superbes MUD, Dallas Buyers Club, Killer Joe et True Detective. Quelques rôles secondaires marquants également avec Casey Affleck (presque autant tête à claque que son frangin), Matt Damon et David Gyasi (étonnant). Bref, y'a du monde, et Nolan dirige parfaitement son cast.
Niveau technique, le film a été tourné en pellicule, fait notable à l'heure d'aujourd'hui où le numérique a quasi définitivement enterré le support argentique, et qui plus est en 70 mm. La photo est sobre, naturaliste et efficace sans jamais porter la forme au delà du fond, et le score de Hans Zimmer est immersif comme toujours.
Pour finir, j'ai trouvé Interstellar poignant dans le sens où malgré un aspect hard SF indéniable (on évite cependant pas la physique expliquée pour les nuls), Nolan parvient à procurer beaucoup d'émotion, notamment dans la relation poignante à travers le temps entre Matthew et sa fille, le véritable sujet du film restant à l'instar de Contact, "l'autre", le partenaire, le conjoint, l'enfant, bref, l'amour qui existe entre les protagonistes et qui transcendent leurs décisions, leurs choix.